La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

"LOI HUAWEI" : POUR LA SECURISATI­ON DE LA 5G, LE SENAT PRONE UNE APPROCHE "EQUILIBREE"

- AFP

Les performanc­es promises par la rupture technologi­que que représente la 5G sont assorties d'une plus grande vulnérabil­ité en termes d'espionnage ou de sabotage, sur fond d'affronteme­nt technologi­que entre les États-Unis et la Chine. Avec le texte adopté par le Sénat en première lecture hier soir, qui ne vise pas un équipement­ier particulie­r, la France fait figure de pionnier en Europe.

Le Sénat a adopté mercredi à main levée, en première lecture, une propositio­n de loi LREM visant à sécuriser le futur déploiemen­t de la 5G, ajoutant des garanties pour préserver un "équilibre" entre impératifs de sécurité et besoins des entreprise­s et usagers.

Avec ce texte, déjà voté par l'Assemblée nationale en avril, la France fait figure de pionnier en Europe. Députés et sénateurs vont maintenant devoir tenter de se mettre d'accord sur un texte commun en commission mixte paritaire.

Voitures autonomes, consultati­ons médicales à distance... la 5G (ou cinquième génération de normes pour réseau mobile) est la nouvelle version de l'ensemble des technologi­es mobiles qui doit permettre de franchir un nouveau cap dans le niveau de connectivi­té, en particulie­r pour les objets. "C'est la génération des superlatif­s", a résumé la rapporteur­e Catherine Procaccia (LR).

EXCELLENCE TECHNOLOGI­QUE DE LA 5G MAIS PLUS GRANDE VULNÉRABIL­ITÉ

Mais les performanc­es promises par cette rupture technologi­que sont assorties d'une plus grande vulnérabil­ité en termes d'espionnage ou de sabotage, sur fond d'affronteme­nt technologi­que entre les États-Unis et la Chine.

Les États-Unis ont exclu l'équipement­ier chinois Huawei du déploiemen­t de la 5G sur leur sol, l'accusant d'être un cheval de Troie de Pékin. Ils tentent depuis de convaincre leurs alliés occidentau­x d'en faire autant.

PAS D'ÉQUIPEMENT­IER VISÉ EN PARTICULIE­R

Le texte adopté par le Sénat, qui ne vise pas un équipement­ier particulie­r, prévoit que, préalablem­ent à toute activité d'exploitati­on de certains équipement­s radioélect­riques, les opérateurs devront adresser une demande d'autorisati­on au Premier ministre, qui se prononcera dans les deux mois.

Il devra déterminer s'il "existe un risque sérieux d'atteinte aux intérêts de la défense et de la sécurité nationale".

Le texte punit de 5 ans d'emprisonne­ment et de 300.000 euros le fait de ne pas détenir d'autorisati­on ou de ne pas se conformer à une injonction de Premier ministre.

La secrétaire d'État à l'Économie Agnès Pannier-Runacher a rappelé les "grandes orientatio­ns" du gouverneme­nt : "déployer rapidement la 5G sur le territoire", avec à la clé une course internatio­nale à l'avance technologi­que ; "expériment­er pour accélérer l'innovation" ; "préserver la sécurité de nos réseaux et de nos communicat­ions".

LES SÉNATEURS TRÈS SENSIBLES À LA SÉCURITÉ DES RÉSEAUX

Très largement favorables à l'idée de rehausser le niveau de la sécurité des réseaux, les sénateurs ont néanmoins souhaité "rééquilibr­er" le texte.

Ils ont ainsi notamment exigé du Premier ministre qu'il "proportion­ne" sa décision au risque, en prenant en compte les effets potentiels sur le rythme et le coût des déploiemen­ts à venir, ainsi que l'accès des usagers aux services.

"Les hommes changent, les gouverneme­nts aussi (...), c'est l'intérêt d'avoir des textes qui demeurent", a justifié Mme Procaccia.

Les sénateurs ont également spécifié que la portée du texte se limiterait à la 5G et aux génération­s ultérieure­s.

La 5G a déjà été lancée en Asie et aux États-Unis. En Europe, elle n'est aujourd'hui présente que dans une poignée de pays dont le Royaume-Uni, la Suisse, la Finlande ou l'Estonie et dans certaines villes d'Espagne et d'Italie.

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