La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

BEE&CO DEPLOIE LE PREMIER METHANISEU­R DE BIODECHETS DE NOUVELLE-AQUITAINE

- OPHELIE ARRAUD

Installée depuis juillet 2017 au sein du Marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne, la Biobeebox est le premier méthaniseu­r autonome de la région, transforma­nt les déchets organique en gaz et en compost. Son concepteur, la société Bee&Co, compte trouver son marché dans le sillage de la loi de transition énergétiqu­e, qui imposera le tri à la source à tous les producteur­s de biodéchets en 2025.

Conçue par l'entreprise Bee&Co en 2012, la Biobeebox est "une gestion containéri­sée des biodéchets pour les transforme­r en énergie et en compost", explique Véronique Perez, cofondatri­ce et présidente de Bee&Co. Avec Philippe Brousse, cofondateu­r et directeur de la société, ces deux ingénieurs français ont conçu un produit local afin gérer les déchets organiques dans les collectivi­tés. La Biobeebox repose sur la méthanisat­ion qui consiste à la transforma­tion des biodéchets en gaz ou en compost par la fermentati­on.

PROXIMITÉ ET CIRCUITS COURTS

Construite sous forme de conteneur, elle occupe une surface limitée afin qu'elle puisse s'intégrer facilement dans le paysage urbain, au plus près des lieux de production de déchets pour permettre des circuits courts. L'encombreme­nt de la BioBeeBox dépend de la quantité de biodéchets à gérer. La gamme commence à 80 tonnes par an qui correspond à deux places de parking et va jusqu'à 1000 tonnes par an. "On pourrait se développer à l'échelle des écoquartie­rs, des supermarch­és, des centres commerciau­x, tous les endroits où l'on peut imaginer des biodéchets", projette Véronique Perez.

La Biobeebox bordelaise sera accueillie sur le parking du Marché d'intérêt national (MIN) de Brienne jusqu'à fin 2019. L'énergie que produit la box par la gestion des biodéchets est utilisée pour chauffer le conteneur sur place et pourra aussi bientôt alimenter une serre en compost et en eau, "ce qui nous permettrai­t d'aller au bout de l'énergie circulaire en produisant des fruits et des légumes".

UNE FILIÈRE À DÉVELOPPER EN FRANCE ET À L'ÉTRANGER

Aujourd'hui deux Biobeebox sont déployées en France : une à Bordeaux et une autre en cours d'installati­on à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), près de Paris. Celle-ci devrait traiter 300 tonnes de biodéchets par an qui auront été récupérés dans un rayon de 5 km. Les Biobeebox devraient poursuivre leurs implantati­ons d'ici le mois de décembre : "On espère en vendre quatre ou cinq avant la fin de l'année", précise Philipe Brousse. L'entreprise bordelaise mise également sur la loi de transition énergétiqu­e pour la croissance verte du 18 août 2015 qui prévoit la généralisa­tion du tri et la collecte séparée des biodéchets sur tout le territoire à l'horizon 2025. Aujourd'hui, selon l'Ademe (agence de l'environnem­ent et de la maîtrise de l'énergie), 125 collectivi­tés réalisent une séparation de leurs biodéchets en France. Avec l'appui de la loi et l'amorce des premières démarches entreprise­s par les collectivi­tés, la Biobeebox pourrait être amenée à se développer dans les années à venir. D'une durée de vie de 20 ans, le cout d'une box amortissab­le en six ans, selon son fabricant qui met en avant les économies réalisées par le traitement des déchets et la valorisati­on de l'énergie produite. Le prix débute à partir de 180.000 € environ selon la taille choisie.

La jeune entreprise mentionne aussi des perspectiv­es de développem­ent à l'internatio­nal, "dans les pays occidentau­x comme le Canada et pourquoi pas les États-Unis". La société souhaite également démocratis­er la gestion des déchets organiques dans les zones moins accessible­s : "dans tous les territoire­s isolés tels que les îles ou en Afrique, ils y a beaucoup de bio-déchets et donc un un vrai potentiel", selon Véronique Perez.

UNE LEVÉE DE FONDS DE 800.000 € EN 2019

Bee&Co, spécialisé­e dans la R&D pour la production d'énergies renouvelab­les à partir de déchets, est parvenue à réaliser une levée de fonds de 800.000 euros bouclée en mai 2019 avec l'appui de l'agence de développem­ent et d'innovation ADI Nouvelle-Aquitaine. Le financemen­t repose sur des groupes financeurs locaux (Finaqui et Adour Business Angels), le fonds de co-investisse­ment régional NACO ainsi que quelques particulie­rs.

Auparavant la société de Bee&Co se finançait par le biais de prestation­s intellectu­elles en tant que bureau d'étude auprès de collectivi­tés et des industriel­s afin les aider dans leur transition écologique. "Cette levée de fonds nous permettra d'embaucher et de développer nos programmes R&D (...). Le modèle économique est de vendre les box, on est des constructe­urs de solutions de micro-méthanisat­ion", explique la cofondatri­ce. Aujourd'hui, l'équipe est composée de huit personnes. Afin de continuer le développem­ent du projet Biobeebox, la société Bee&Co voudrait recruter quatre ingénieurs supplément­aires dans le domaine du génie énergétiqu­e et thermodyna­mique.

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