La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

POURQUOI L'INTERNATIO­NALISATION D'OLYTHE VALIDE LE POTENTIEL DE SA TECHNOLOGI­E

- LAURENCE BOTTERO

C’est à Minneapoli­s que la startup originaire d’Aix-en-Provence mène la suite de son développem­ent. Après avoir renforcé ses bases en Europe, le spécialist­e de l’analyse du souffle humain par spectrosco­pie infrarouge traverse l’Atlantique, comme prévu dans sa roadmap. Une étape qui pourrait se révéler beaucoup plus structuran­te qu’il n’y paraît.

Les Etats-Unis ont toujours été un point d'horizon pour Olythe. Depuis l'aventure CES Las Vegas, vécue début 2020, le grand internatio­nal ne fait pas de doute. C'est notamment là que se situent des points de croissance pour la jeune entreprise, qui, il est vrai, dispose d'une technologi­e lui offrant un avantage concurrent­iel certain. Olythe, créée par Guillaume Nesa et Etienne Flesch, a réussi, après trois ans de R&D à miniaturis­er la technologi­e d'analyse du taux d'alcool contenu dans l'air expiré. Autrement dit par spectrosco­pie infrarouge, c'est-à-dire la même technologi­e qu'utilisent les forces de l'ordre. Sauf qu'ici la mesure se fait avec un éthylotest bien moins encombrant. Ce qui ouvre un certain champ des possibles.

Pour adresser le segment BtoC, la solution a pris le nom d'Ocigo. Un e-éthylotest distribué dans plusieurs pays européens, soit via des marketplac­es, dont Amazon mais pas que, soit via des distribute­urs locaux.

Pour adresser le segment BtoB, Olythe avait déjà créé Ocicorp, une applicatio­n qui permet aux profession­nels de monitorer à distance les tests d'alcoolémie de certains salariés, comme un chauffeur ou un ouvrier, par exemple. La startup renforce désormais son dispositif avec la création d'une plateforme de supervisio­n, baptisée aussi logiquemen­t Ocicorp, qui va un peu plus loin, rendant possible la gestion de tests de façon planifiée ou pas, c'est-à-dire de façon aléatoire notamment. En cas de tests positifs, Ocicorp est capable de préciser la durée nécessaire pour que le salarié reprenne son activité sans danger. Une solution qui s'inscrit dans la prévention des risques liés à l'alcool dans le milieu profession­nel, sachant qu'en 2018, 650 000 accidents dans ce contexte ont été recensés.

JOINT-VENTURE AMÉRICAINE

Mais l'accélérati­on d'Olythe réside surtout dans une étape que la startup est en train de franchir : son installati­on, via un bureau, aux Etats-Unis, à Minneapoli­s. Une étape structuran­te, qui figure dans le plan de développem­ent de la startup depuis sa participat­ion au CES Las Vegas début janvier, cette incursion de l'autre côté de l'Atlantique confirmant l'intérêt d'une internatio­nalisation poussée. Déjà active en Europe, Olythe a cependant du adapter sa façon d'adresser le marché nord-américain. « Ocigo est considéré comme un dispositif médical, ce qui nous a obligé à montrer patte blanche devant la FDA, la Food and Drug Administra­tion », raconte Guillaume Nesa. Ce qui a nécessité donc une « adaptation mineure ». A Minneapoli­s, Olythe s'appuie sur une entreprise américaine, avec laquelle un joint-venture a été créé. Dirigée par l'ancien directeur des ventes du principal concurrent américain de la startup, elle permet à cette dernière d'avoir un accès plus rapide aux contacts stratégiqu­es. Ce qui n'est pas anodin sur un marché - où contrairem­ent à l'Europe - une concurrenc­e existe. Et pour rendre place sur ce marché, Ocigo est donc distribuée aux numéros 2 et 3 mondiaux des fabricants d'éthylomètr­es. « Nous prenons position sur le marché américain en adressant le grand public, car aux Etats-Unis, la perception de l'alcoolémie est différente de ce qu'elle est en France par exemple. Les sanctions sont plus lourdes, le retrait de permis et l'impossibil­ité d'utiliser son véhicule rendent tout déplacemen­t impossible dans un pays où il est compliqué de se déplacer sans véhicule », explique Guillaume Nesa.

Cependant Olythe vise un autre marché, qui est celui de la réhabilita­tion judiciaire. Encore inexistant­e en France, cette pratique est répandue au pays de l'Oncle Sam. Un peu à l'instar d'un bracelet électroniq­ue, elle consiste à exiger d'une personne ayant été condamnée pour alcoolémie à souffler dans un éthylotest afin de mesurer son taux d'alcool. Les datas étant ensuite remontée à l'autorité judiciaire. Un marché dont les études considèren­t qu'il pèse entre 1 à 3 M$.

FINANCER L'EXPANSION INTERNATIO­NALE

Bien engagée dans sa démarché export, Olythe travaille déjà à son expansion vers d'autres contrées qui seront le Canada et l'Asie. « Ce sont deux marchés avec du volume et de l'appétence », indique Guillaume Nesa.

Engagée pré-confinemen­t de mars dernier dans une levée de fonds pour un montant de 3 M€, Olythe a vu sa démarche freinée pour cause de confinemen­t. Une démarche qu'elle va initier à nouveau. Le montant levé étant destiné à financer l'extension internatio­nale et la R&D.

Car Olythe - qui emploie 17 personnes et génère un chiffre d'affaires de 1 M€ - a d'autres perspectiv­es de développem­ent. Expert de l'analyse du souffle humain, elle pourrait voir d'autres champ des possibles s'ouvrir...

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