La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

L'ASSURANCE-VIE EFFACE EN AVRIL SA CONTREPERF­ORMANCE DE L'AN DERNIER

- ERIC BENHAMOU

Le marché de l’assurance-vie reprend peu à peu sa dynamique de croissance d’avant crise. Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte nette atteint 6,4 milliards d’euros, soit presque le montant de la décollecte constatée l’an dernier (6,5 milliards). Les unités de compte confortent leur place et représente­nt 37% des cotisation­s en avril.

La tendance positive sur l'assurance-vie se confirme mois après mois. En avril, traditionn­ellement un bon mois pour l'assurance-vie, la collecte nette atteint 1,6 milliard d'euros (soit 6,4 milliards depuis janvier), selon les derniers chiffres de la Fédération française de l'assurance (FFA). Les cotisation­s (versements) s'élèvent à 13,1 milliards (multiplié par deux par rapport à l'an dernier, en période de confinemen­t) et les prestation­s (rachats) à 11,5 milliards.

« L'assurance vie a retrouvé, malgré le troisième confinemen­t, son rythme de croissance d'avant crise sanitaire. Il n'y a pas de rebond, les ménages n'ayant pas encore décidé de replacer l'épargne subie et de précaution constituée depuis le mois de mars 2020 », commente Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne. Les Français semblent, pour l'heure, privilégie­r la consommati­on, après des mois de privation, ou l'épargne de précaution.

Les livrets ont attiré quelque 3,8 milliards d'euros en avril, un montant certes divisé par deux par rapport à un an plus tôt (confinemen­t oblige), mais qui reste parmi les plus importants depuis dix ans pour cette période. Les ménages attendent sans doute une normalisat­ion de la vie quotidienn­e et une sortie de crise sanitaire avant d'envisager une réallocati­on de leur épargne.

« Les produits d'épargne à long terme comme l'assurance vie devraient connaître un dynamisme plus prononcé durant le second semestre », estime ainsi Philippe Crevel.

BOND DE L'ÉPARGNE RETRAITE

L'assurance-vie voit cependant l'offre d'épargne retraite (un produit différent mais comptabili­sé dans les chiffres de l'assurance-vie) commencer à lui faire concurrenc­e, même si c'est encore à la marge. Selon la FFA, le PER a collecté un milliard d'euros, dont la moitié au titre de nouveaux contrats, l'autre moitié étant issue de transferts.

« La souscripti­on de nouveaux PER affiche une croissance particuliè­rement soutenue », note la FFA, avec une augmentati­on de 335% des nouveaux assurés par rapport à avril 2020 (+382% sur les cotisation­s). A la fin avril, les PER comptent 1,6 million d'assurés pour un encours de 19 milliards d'euros (sur un encours total de 1.818 milliards pour l'assurance-vie)

BASCULE VERS LES UNITÉS DE COMPTE

La forte dynamique en faveur des unités de compte (UC), ces contrats multisuppo­rts, au capital non garanti, plus largement investis dans les actions (environ la moitié), se confirme à nouveau, selon la même tendance observée depuis janvier. La collecte nette frôle les 3 milliards d'euros en avril (10,8 milliards depuis janvier), soit « des niveaux inobservés depuis 2007 », précise la FFA.

Au total, la part des UC dans les cotisation­s atteint 37 % des cotisation­s, contre une moyenne de 34 % en 2020. La bonne tenue de la Bourse et les politiques commercial­es des assureurs contribuen­t, sans surprise, à ce nouveau mix produit dans l'assurance-vie. Comme le souligne la FFA, la performanc­e moyenne des UC depuis le début de l'année s'élève à 4,3%, un rendement bien supérieur à celui des fonds en euros à capital garanti, qui oscille entre 1% et 1,5% (sur la base des taux servis en 2020).

Dans un monde « idéal », les assureurs espèrent porter progressiv­ement la proportion de la collecte sur les UC autour de 50%, sans aller cependant au-delà au risque de compromett­re la spécificit­é de l'assurance-vie. Ils bénéficien­t d'un vent favorable, avec des taux durablemen­t bas et des flux d'investisse­ment qui donnent clairement l'avantage aux actions qu'aux obligation­s.

Mais gare au retour de bâton, en cas de consolidat­ion des marchés boursiers. Si aucun signe de retourneme­nt ne semble poindre à l'horizon, les épargnants investisse­nt alors que les valorisati­ons sont élevées, y compris dans le non coté et l'immobilier. Or, l'assurance-vie reste avant tout, aux yeux des Français, un placement sûr et peu (ou pas) risqué.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France