La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LE DEFICIT PUBLIC S'ENFONCE A 9,4% SUR L'ANNEE 2021, UN RECORD

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Le "quoi qu'il en coûte" continue de peser sur les comptes publics français. Le déficit a été réévalué à la hausse ce lundi par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et pourrait atteindre un niveau historique, loin des 3,1% d'avant-crise.

Les plans de soutien et de relance pour faire face à l'épidémie de Covid-19 continuent de d'aggraver le record historique du déficit public français. Pour l'année 2021, il devrait atteindre 9,4% du produit intérieur brut (PIB) - en hausse de 0,2% par rapport à 2020 - a détaillé lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une interview sur le plateau de la matinale de France 2. Prévu initialeme­nt à 8,5% du PIB, il avait été réévalué à la hausse en avril, à 9%. Avant la crise, le déficit s'était stabilisé à 3,1% en 2019 (voir graphique).

Bercy justifie ces 0,4% supplément­aires par un report de certaines dépenses de 2020 à 2021, par l'injection des premiers milliards du plan de relance dans l'économie et par le maintien des mesures de soutien à certains secteurs d'activité.

Ainsi, pour le seul dérapage budgétaire de l'Etat (hors déficit de la Sécurité sociale et des collectivi­tés locales), celui-ci s'élève à 220 milliards d'euros en 2021, soit 47 milliards de plus que budgété dans le projet de loi initial.

15,5 MILLIARDS D'EUROS DE RALLONGE

C'est dans ce contexte que le gouverneme­nt présentera le mercredi 2 juin en Conseil des ministres le projet de loi de finances rectificat­ive (PLFR). Il comprendra 15,5 milliards d'euros supplément­aires pour financer les aides d'urgence mises en place l'an dernier dans les premières semaines de la crise.

Dans le détail, 6,5 milliards d'euros permettron­t de financer l'activité partielle, 4 milliards d'euros financeron­t des exonératio­ns de charges et 3,5 milliards d'euros le fonds de solidarité. "Ces nouvelles dépenses seront compensées, dès le PLFR, par de moindres dépenses ailleurs", a toutefois précisé le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.

"OBJECTIF 5% DE CROISSANCE EN 2021"

Ce déficit "est la prolongati­on de l'effort que nous avons fait pour protéger notre économie et en même temps l'accroissem­ent de cette relance économique que nous voulons pour avoir ce 5% de chiffre de croissance qui reste notre objectif", a défendu Bruno Le Maire lundi sur France 2.

Pour autant, les premiers résultats de l'année 2021 ne dessinent pas encore une reprise. Le PIB s'est légèrement contracté de 0,1% au premier trimestre, selon l'Insee, qui tablait initialeme­nt sur une croissance de 0,4 % sur la période. L'activité et les investisse­ments dans la constructi­on ont marqué le pas. Le gouverneme­nt espère un fort rebond à l'été, porté par la consommati­on des ménages. L'accélérati­on de la vaccinatio­n, avec l'accès aux doses pour tous à partir de ce lundi 31 mai, doit appuyer cette stratégie.

UN COÛT DE LA DETTE SOUTENABLE

Le creusement du déficit devrait faire progresser le volume de la dette française, attendu à 117,2% du PIB cette année contre 115,1% l'an dernier. Son coût est aujourd'hui légèrement moins favorable qu'en 2020, lorsque l'Agence France Trésor, le bras armé de Bercy sur les marchés, pouvait emprunter à des taux négatifs. Ces taux oscillent actuelleme­nt entre 0,2 et 0,3 %. Mais pour Anthony Requin, le patron de l'AFT, « la dette est certes beaucoup plus élevée mais elle coûte beaucoup moins cher », rappelant que lors de la crise 2008-2009, la France empruntait à des taux compris entre 3 et 4%.

Reste que la réduction des dépenses de l'Etat défendue par Emmanuel Macron en début de mandat est mise entre parenthèse­s. Bercy avait prévu de réduire le déficit de l'Etat à 173,3 milliards d'euros en 2021, contre 182 milliards en 2020 et 85,7 milliards en 2019.

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