La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LA VACCINATIO­N S'OUVRE A TOUS LES FRANCAIS, LE STOCK DE DOSES EST-IL SUFFISANT ?

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FOCUS DATA. Toute la population majeure de France est désormais éligible à la vaccinatio­n contre le Covid-19 depuis ce lundi 31 mai, en même temps que la levée progressiv­e des restrictio­ns. Or, le nombre de doses disponible est encore trop faible, jugent certains profession­nels et responsabl­es politiques, et ce malgré l'accélérati­on des livraisons de vaccins depuis avril.

Top départ pour la vaccinatio­n de tous les adultes en France. A partir de ce lundi, il n'y a plus de critères d'âge ou d'état de santé pour être éligible à la vaccinatio­n contre le Covid-19, « étape clé » pour éviter un rebond de l'épidémie alors que les restrictio­ns s'allègent peu à peu.

« Je suis totalement convaincu qu'on va voir beaucoup de monde se faire vacciner », a estimé sur LCI Alain Fischer, le « monsieur vaccins » du gouverneme­nt, qualifiant ce nouvel élargissem­ent de la campagne d'« étape clé » pour protéger la population et « retrouver une vie de plus en plus normale ».

Les candidats doivent néanmoins s'armer de patience : les réservatio­ns, qui ont démarré jeudi, arrivent de manière « progressiv­e » sur les plateforme­s internet spécialisé­es (Doctolib, Keldoc, Maiia), selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.

TROP PEU DE DOSES MALGRÉ L'ACCÉLÉRATI­ON ?

Avec « 28 millions de personnes adultes éligibles à la vaccinatio­n et non vaccinées » pour « en moyenne 500.000 rendez-vous disponible­s chaque jour », Doctolib a toutefois prévenu qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les demandes au regard du « nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna ».

Si l'on en croit les prévisions de la Direction Générale de la Santé (au 09/05) consultées par La Tribune, les livraisons de vaccins devraient pourtant s'accélérer en juin. D'ici un mois, la France devrait avoir reçu au total 76,7 millions de doses cumulées.

Insuffisan­t selon la maire de Nantes, « il faut aller encore plus vite », a en effet estimé Johanna Rolland sur France 3. Il y a « encore trop de gens » en attente d'un rendez-vous, a-t-elle jugé.

Le nombre de profession­nels mobilisés permettrai­t de « vacciner plus. La question c'est l'approvisio­nnement », a assuré la présidente de France Urbaine, fédération qui regroupe les métropoles, communauté­s urbaines, communauté­s d'agglomérat­ion et grandes villes

LA MENACE DE NOUVEAUX VARIANTS

« Sans vaccinatio­n massive, l'épidémie pourrait repartir », car « l'arrivée de nouveaux variants plus transmissi­bles » fait grimper la proportion de la population qui doit être vaccinée « pour empêcher la circulatio­n du virus », prévient aussi dans le JDD Arnaud Fontanet, épidémiolo­giste à l'Institut Pasteur.

Une prudence justifiée, selon Alain Fischer, qui observe que « les courbes vont dans le bon sens » mais qu'«on n'est pas tout à fait à l'abri » d'une reprise.

Les indicateur­s sanitaires ont continué de s'améliorer dimanche, avec 8.541 cas positifs recensés à travers le pays, tandis que 16.775 malades du Covid étaient soignés à l'hôpital, dont 2.993 en services de soins critiques, le chiffre le plus faible depuis fin janvier.

« QUINZE JOURS CRUCIAUX »

« Si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictio­ns, nous passerons un été tranquille », estime Arnaud Fontanet.

Pour ça, « les quinze jours à venir seront cruciaux », prévient le membre du conseil scientifiq­ue, qui guide le gouverneme­nt, appelant les Français à ne pas relâcher les gestes barrière, surtout à l'intérieur où le risque de contaminat­ion est plus élevé.

Quant au port du masque en extérieur, avec l'arrivée des beaux jours, « la crainte est que beaucoup de non-vaccinés en profitent » pour le « tomber », relève l'épidémiolo­giste.

Plus optimiste, le Pr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux, anticipe dans Le Parisien qu'on pourra enlever le masque « à partir de début juin », dans certains endroits peu denses, « si la dynamique positive se confirme ». Et à condition de continuer à appliquer les autres gestes barrière: désinfecti­on des mains, distanciat­ion... surtout pour les nonvacciné­s.

25.431.357 personnes ont reçu au moins une injection (soit 38% de la population totale et 48,4% de la population majeure), parmi lesquelles 10.777.150 personnes ont reçu deux doses.

Au 15 juin, « il y a de bonnes chances qu'on soit au-delà » de l'objectif du gouverneme­nt de 30 millions de primo-vaccinés, a estimé Alain Fischer.

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La suite est en revanche plus incertaine, et les autorités sanitaires veulent éviter que la vaccinatio­n ne plafonne cet été à un niveau insuffisan­t. Le mot d'ordre est donc de faciliter la vaccinatio­n des personnes isolées et de motiver les plus jeunes par « des campagnes d'informatio­n ciblées », pour le Pr Fischer.

En revanche, la « vaccinatio­n obligatoir­e », recommandé­e par l'Académie de médecine, serait « la dernière option en cas d'échec » et n'est « pas la priorité », a-t-il estimé.

Autre levier pour accélérer la protection collective de la population: la vaccinatio­n des adolescent­s, après le feu vert vendredi de l'Agence européenne du médicament (EMA) au Pfizer/BioNTech pour les 12-15 ans.

La Haute autorité de santé (HAS) doit se prononcer en milieu de semaine pour la France. Si l'ouverture aux 16-18 ans est « une affaire de jours », selon Alain Fischer, pour les 12-15 ans, « le comité d'éthique a été saisi de cette question » et le choix du calendrier (dès l'été ou à la rentrée) « est plus une question pratique de disponibil­ité de doses et d'organisati­on », a-t-il ajouté.

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