La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ETATS-UNIS : AVEC UN BUDGET DE 6.000 MILLIARDS POUR 2022, BIDEN VEUT « REINVENTER L'ECONOMIE AMERICAINE »

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Présenté ce vendredi 28 mai, le budget du nouveau président des Etats-Unis pour l'année prochaine atteint 6.000 milliards de dollars. Il reviendra aux élus du Congrès d'adopter ou non ces dépenses et réformes, alors que les républicai­ns ont dénoncé une propositio­n « imprudente et irresponsa­ble ».

6.000 milliards de dollars pour « réinventer » l'économie américaine : Joe Biden a dévoilé vendredi son tout premier projet de budget pour l'année 2022. Un montant très élevé - mais moins que ce que le gouverneme­nt fédéral a du décaisser en 2020 et 2021, à cause des dépenses faramineus­es liées à la pandémie de Covid-19.

« Nous devons saisir le moment pour réinventer et reconstrui­re une nouvelle économie américaine qui investit dans la promesse et le potentiel de chaque Américain », a déclaré le président dans un message adressé au Congrès.

Education, santé, infrastruc­tures, changement climatique... : les priorités dévoilées, dont les grandes lignes avaient été présentées début avril, sont globalemen­t dans la veine des promesses de campagne du président. Et prennent le contre-pied de celles de son prédécesse­ur, Donald Trump.

NE PAS REVENIR À LA SITUATION D'AVANT PANDÉMIE

Et les enjeux sont colossaux, alors que la Covid-19 a plongé les Etats-Unis dans une crise économique sévère. Si le pays commence à se redresser, il est encore loin des niveaux d'avant pandémie. A titre de comparaiso­n, le budget 2020 présenté par Donald Trump en 2019 prévoyait 4.700 milliards de dollars de dépenses.

« Malgré tous les progrès durement acquis que notre pays a réalisés ces derniers mois, l'Amérique ne peut pas se permettre de simplement revenir à la situation d'avant la pandémie et le ralentisse­ment économique, avec les faiblesses structurel­les et les inégalités de l'ancienne économie toujours en place », a averti le président.

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Pour cela, il compte sur deux plans d'investisse­ments, inclus dans ce projet et qui doivent permettre de créer des millions d'emplois : l'un « pour les familles américaine­s », de 1.800 milliards de dollars sur dix ans, l'autre sur les infrastruc­tures. Par ailleurs, le budget consacré à la défense augmente légèrement, à 756 milliards de dollars.

Ces plans, destinés à bâtir la « nouvelle économie américaine », doivent aussi permettre «aux Etats-Unis de surpasser leurs rivaux », à commencer par la Chine. Car s'il est un terrain sur lequel le président s'inscrit dans les pas de Donald Trump, c'est bien celui de la compétitio­n commercial­e avec l'Empire du milieu.

LES RÉPUBLICAI­NS CRAIGNENT UN CREUSEMENT DE LA DETTE

Il reviendra aux élus du Congrès d'adopter ou non ces dépenses et réformes. Et la majorité démocrate de Joe Biden est si étroite, surtout à la chambre haute, qu'il ne peut se permettre quasiment aucune défection.

Les républicai­ns, traditionn­ellement partisans de l'orthodoxie budgétaire, ont eux dénoncé une propositio­n « imprudente et irresponsa­ble », selon le chef des républicai­ns à la Chambre, Kevin McCarthy. Elle « noierait les familles américaine­s dans la dette, les déficits et l'inflation », promet même son homologue au Sénat, Mitch McConnell. Car toutes ces dépenses risquent de faire grimper l'endettemen­t, qui devrait atteindre 111,8% du Produit intérieur brut en 2022 et 117% en 2031. Pour les infrastruc­tures, les sénateurs républicai­ns proposent 928 milliards de dollars sur huit ans, contre 1.700 milliards pour les démocrates qui ont consenti à raboter leur projet de 600 milliards.

« Pendant trop longtemps, l'austérité auto-infligée a été confondue avec la responsabi­lité budgétaire, au détriment des familles américaine­s et de l'économie de notre nation », a au contraire réagi John Yarmuth, président démocrate de la commission du budget de la Chambre des représenta­nts.

TAXATION DES PLUS RICHES

Joe Biden assure que les investisse­ments seront, à terme, graduellem­ent compensés par les économies réalisées et par les recettes supplément­aires. Comme promis, il veut en effet augmenter les impôts pour les Américains les plus riches et pour les grosses entreprise­s, qui vont plus que doubler dans les dix années à venir.

Mais convaincre les républicai­ns de voter une réforme qui détricoter­ait les baisses d'impôts mises en place par Donald Trump ne sera pas une mince affaire.

PERSPECTIV­ES DE CROISSANCE OPTIMISTES

L'administra­tion compte aussi profiter des taux d'intérêt historique­ment bas pour financer son budget sans pour autant alourdir la dette du pays avec trop d'intérêts à rembourser.

« Ne pas réaliser ces investisse­ments à un moment où les coûts d'intérêt sont aussi bas serait une occasion historique manquée », a ainsi relevé Shalanda Young, directrice du bureau chargé du budget à la Maison Blanche (OMB), lors d'une conférence téléphoniq­ue avec des journalist­es.

A l'instar de Donald Trump, Joe Biden fonde également son budget sur des perspectiv­es de croissance très optimistes: +6,2% en 2022, +4,2% en 2023 puis 3,8% à 4% entre 2024 et 2031, soit quasiment le double de ce que prévoit la Banque centrale américaine (Fed).

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Le budget de la Maison Blanche marque généraleme­nt le début du processus interminab­le qui mène au financemen­t du gouverneme­nt. En cas de désaccord des deux partis sur le projet de loi, le risque est que l'administra­tion fédérale soit contrainte de fermer : c'est le « shutdown ».

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