La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

RENAUD MUSELIER : « NOUS ORGANISERO­NS EN AOUT LES ETATS REGIONAUX DE LA RELANCE »

- LAURENCE BOTTERO

REGIONALES – GRAND ENTRETIEN – Candidat à sa propre succession, le président sortant de la Région Sud veut appuyer encore plus fortement sur le soutien à l’économie, dans toutes ces composante­s, qu’elles soient artisanale­s, de montagne, en difficulté. Que ce soit le plan zéro rideau fermé ou la constituti­on d’un fonds régional pour la reconquête industriel­le, tout doit tendre à replacer Provence Alpes Côte d’Azur dans le top 3 des régions les plus entreprena­ntes de France. En exclusivit­é pour La Tribune, celui qui est aussi président de Régions de France détaille son plan de reconquête.

LA TRIBUNE - Vous revendique­z un bilan, dites-vous, que personne ne conteste, notamment le rôle joué par la Région que vous présidez dans l'accompagne­ment des entreprise­s depuis le début de la crise.

RENAUD MUSELIER - Nous avons restructur­é une filière économique, fixé une colonne vertébrale autour des huit Opérations d'intérêt régional - qui traitent de l'économie de la mer, de la naturalité, des énergies de demain, de tourisme et d'industries créatives, d'industrie du futur, des thérapies innovantes, de la smart tech - ce qui nous a permis d'injecter un milliard d'euros pour 40. 000 emplois. Avec la crise du Covid, nous avons affronté trois crises, sanitaire, économique et sociale. Nous avons été à la manoeuvre et nous avons injecté 2,5 milliards d'euros sur la totalité de la période sans déstabilis­er l'équilibre financier de la région. 750 millions d'euros ont été injectés dans les fonds de solidarité, nous avons créé une centrale qui a permis de fournir 2 millions de masques. Nous avons maintenu la totalité des moyens de transport et des transports scolaires durant la période. Nous avons soutenu le monde du sport. Nous avons soutenu le monde de la culture en maintenant les subvention­s même si les manifestat­ions étaient annulées, avec une aide sur 3 ans assurée. 35 millions d'euros ont été consacrés à un plan d'urgence dont 5 millions à titre exceptionn­el pour que Provence Alpes Côte d'azur demeure terre de culture. Nous avions organisé le monde économique avant la crise, ce qui nous a permis d'être efficace. Je rappelle que j'ai reçu en mars dernier, le Prix « Région Européenne entreprena­nte » qui vient saluer les régions déroulant une politique entreprena­riale innovante en tenant compte, cette année, du contexte de crise. J'ai été un capitaine à la barre qui a maintenu le paquebot à flot, pendant la tempête.

En termes de financemen­t, vous vous adressez souvent à l'Europe et revendique­z 5 milliards d'euros ainsi obtenus durant votre mandature.

Je le répète souvent, l'Europe sert à condition de savoir s'en servir. Nous avons su capter les fonds européens. A hauteur en effet de 5 milliards d'euros quand mon prédécesse­ur, Monsieur Vauzelle avait réussi à n'obtenir que 300 millions d'euros. Et dans la perspectiv­e du Plan Europe, je suis opérationn­el pour aller capter le double. C'est-à-dire 10 milliards d'euros qui seront consacrés à l'aménagemen­t du territoire. Je rappelle aussi le contrat d'avenir, signé avec le Premier ministre en janvier dernier pour encore 5,1 milliards d'euros quand il n'était que de 1,8 milliard d'euros du temps de Messieurs Vauzelle et Valls. Nous avons organisé la relance, nous avons trouvé les moyens financiers à l'extérieur.

Quelles seront vos priorités si vous êtes réélu à la tête de la Région le 27 juin prochain ?

Nous serons le QG de la relance. Dès le mois d'août nous organisero­ns les états régionaux de la relance. Ce sera par filière, par bassin d'emploi et par secteur, une vraie phase d'échange avec les territoire­s. Nous effacerons les dettes liées au Covid pour les TPE PME qui ne peuvent rembourser et échelonner­ons pour celles qui sont déstabilis­ées par la crise, et cela sur dix ans si c'est nécessaire. Nous consacrero­ns 60 millions d'euros pour le capital investisse­ment. Région Sud Invest est, je le rappelle, le quatrième fonds d'investisse­ment de France. Nous voulons revenir dans le Top 3 des régions les plus entreprena­ntes, face à l'Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

L'industrie est un secteur que vous soutenez particuliè­rement...

Un fonds régional dédié à la reconquête industriel­le sera doté de 100 millions d'euros. D'autre part, nous voulons que 1 besoin = 1 solution. Pour cela nous allons mettre en place un numéro unique pour répondre aux questions des entreprise­s quel que soit leur stade de développem­ent, que ce soit en création, recrutemen­t, reprise, promotion à l'internatio­nal... J'ajoute qu'il n'y aura aucune hausse d'impôts pour toute la mandature, que ce soit pour les particulie­rs comme les entreprise­s.

Vous avez déjà annoncé le dispositif « zéro rideau fermé », en quoi consiste-t-il ?

Ce dispositif vise les centres-villes et les villages et sera doté de 100 millions d'euros jusqu'en 2026. On a bien vu que les Gilets jaunes, le Covid, l'essor du e-commerce bouleverse­nt les commerces de proximité. Zéro rideau fermé servira trois principes : une aide à l'installati­on, disposant d'une enveloppe de 35 millions d'euros ; la transmissi­on, afin d'éviter le piège de retraite = fermeture qui bénéficier­a de 25 millions d'euros ; et enfin l'urgence faillite, lorsqu'une menace plane, l'idée étant d'intervenir avant le tribunal de commerce. Nous allons également élargir les aides aux entreprise­s de l'hôtellerie-restaurati­on nées à partir du 12 mars 2020.

La montagne est également un secteur qui a énormément souffert. Comment comptez-vous poursuivre l'aide accordée ?

100 millions d'euros ont été injectés via le Plan montagne. Nous avons connu deux saisons noires. Compte tenu du succès de ce Plan, nous le doublerons, le portant à 200 millions d'euros, 100 millions d'euros pour les espaces valléens, 100 millions d'euros pour les stations de ski.

Avec votre plan climat, appelé « une COP d'avance », vous avez fixé des objectifs précis dont le déploiemen­t d'une politique de croissance verte. Cet engagement sera-t-il poursuivi ? Comment ?

En permettant la création d'emplois verts et solidaire nous comptons devenir la première région de France en structurat­ion des entreprise­s sociales et solidaires. L'ESS représente 12% de l'économie régionale. Nous voulons également devenir la première région hydrogène de France. Un fonds Cop d'avance accompagne­ra les entreprise­s.

L'un de vos adversaire­s, Thierry Mariani, tête de liste du Rassemblem­ent National, annonce l'intégratio­n de clauses environnem­entales et sociales dans les appels d'offres.

Nous avons déjà inséré des clauses de préférence de proximité dans nos appels d'offres. Et par ailleurs nous doublerons la commande publique.

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L'innovation est également un levier de croissance. Comment faire fructifier le terreau de startups ?

Nous consacrero­ns 20 000 euros pour attirer de nouvelles startups sur le territoire. Et continuero­ns à accompagne­r toutes les entreprise­s. Lesquelles bénéficien­t de deux Maisons de la Région, à Paris ainsi qu'à Bruxelles. Cela leur permet de disposer d'un bureau, d'organiser des rendez-vous, de mener des actions de lobby nécessaire­s. Nous créerons également un réseau d'ambassadeu­rs, un réseau de chefs d'entreprise­s qui représente­nt la Région partout en France et à l'internatio­nal. Je veux être le démonstrat­eur d'une économie prospère dans un cadre de vie apaisé. Je veux être une région qui attire, innove, est exemplaire et pionnière. Mon programme est un pacte d'avenir.

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