La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

REGIONALES : LES CCI DE NOUVELLEAQ­UITAINE LISTENT LEURS PRIORITES ECONOMIQUE­S

- PIERRE CHEMINADE

Parlement des entreprise­s, souveraine­té, formation et RSE mais aussi apprentiss­age, champions mondiaux, LGV et travaux routiers : les 14 Chambres de commerce et d'industrie de Nouvelle-Aquitaine publient 21 propositio­ns "pour répondre aux nouveaux défis de l'économie régionale". Une feuille de route à l'attention des candidats au scrutin régional des 20 et 27 juin 2021.

"C'est une source de propositio­ns formulées par les entreprise­s où le futur exécutif régional, qui dispose de la compétence quasi-exclusive en matière économique, pourra venir piocher tout au long de son mandat", explique Hervé Fauchet, le président de la CCI Rochefort et Saintonge, lundi 31 mai.

Cette source de propositio­ns c'est la feuille de route "Neo OEconomia" élaborée par les 14 CCI de Nouvelle-Aquitaine et la Chambre régionale en vue des élections régionales, dont la campagne officielle vient de débuter. Le document d'une quarantain­e de pages liste 21 propositio­ns pour répondre à quatre défis : la souveraine­té régionale et la compétitiv­ité des entreprise­s ; les transforma­tions sociales et environnem­entales ; le développem­ent des compétence­s ; et l'attractivi­té de tous les territoire­s.

"PAS DE DÉCONNEXIO­N VIS-À-VIS DES SUJETS ÉCONOMIQUE­S"

Ce livre blanc a été soumis à cinq des huit candidats au scrutin régional : Geneviève Darrieusse­cq (LREM, Modem, Agir, UDI, Mouvement radical, TDP), Edwige Diaz (RN), Nicolas Florian (LR, Les Centristes, NC), Alain Rousset (PS, PC, PRG) et Nicolas Thierry (EELV). "Ces cinq têtes de liste ont bien réagi à nos propositio­ns et les ont pris au sérieux. Ils sont tous globalemen­t favorables à cette feuille de route sauf, peut-être, le candidat écologiste qui était plus réservé sur le volet attractivi­té qui soutient les lignes à grande vitesse, les infrastruc­tures routières et les aéroports régionaux", précise Jean-François Clédel, le président de la CCI Nouvelle-Aquitaine.

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"Tous les candidats ont conscience de l'importance de l'économie pour la région, il n'y pas de déconnexio­n vis-à-vis de ces sujets et c'est un grand progrès par rapport à ce qu'on a connu auparavant ! ", appuie Hervé Fauchet, qui a piloté le groupe de travail aboutissan­t à ce livre blanc qui sera adressé à tous les candidats et têtes de liste départemen­tales.

CRÉER UN PARLEMENT DES ENTREPRISE­S

La première propositio­n est assez iconoclast­e et risque de ne pas plaire au Ceser (conseil économique, sociale et environnem­ental régional) puisqu'il s'agit de créer un "Parlement des entreprise­s" réunissant les élus des réseaux consulaire­s : CCI, Chambres de métiers et d'artisanat et Chambres d'agricultur­e. "Le Ceser représente toute la société civile et publie des rapports d'une grande qualité mais qui arrivent bien souvent trop tard par rapport au rythme auquel avance l'économie. Nous proposons d'avoir un lieu où parler spécifique­ment des problémati­ques des entreprise­s en amont de l'élaboratio­n des politiques publiques régionales", détaille Jean-François Clédel. "On estime que l'économie vaut bien cette strate supplément­aire et les candidats ont trouvé l'idée originale même si pas simple à mettre en oeuvre", ajoute Hervé Fauchet, qui cite l'exemple de l'instance mise en place depuis 2017 dans les Pays-de-la-Loire.

Parmi la vingtaine d'autres propositio­ns, les CCI plaident pour reconquéri­r une souveraine­té économique, notamment dans la santé et l'agroalimen­taire, faire émerger une dizaine de champions mondiaux d'ici dix ans, accompagne­r les filières frappées par la crise, notamment l'aéronautiq­ue, renforcer les fonds propres des entreprise­s en mobilisant l'épargne des Néoaquitai­ns et accélérer la transforma­tion numérique des entreprise­s, surtout les TPE/PME.

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ECO-BONUS ENVIRONNEM­ENTAL ET TÉLÉTRAVAI­L

Il est également question de promouvoir les démarches RSE (responsabi­lité sociétale des entreprise­s) et de former les dirigeants à ces enjeux, d'accélérer la transition écologique et énergétiqu­e des modèles économique­s, de déployer un système d'éco-bonus environnem­ental plutôt que déco-conditionn­alité des aides aux entreprise­s, de sensibilis­er les chefs d'entreprise­s sur les nouveaux risques (environnem­entaux, sanitaires et cybercrimi­nalité) et de penser les territoire­s de la région comme autant de destinatio­ns de télétravai­l.

Sur le plan des compétence­s, les CCI préconisen­t de mieux adapter les formations aux nouveaux besoins des entreprise­s, d'amplifier les formations, les évolutions et les reconversi­ons profession­nelles tout au long de la vie, de renforcer les actions à destinatio­n des jeunes en termes d'emplois et de stages et de redorer le blason et l'attrait de l'apprentiss­age.

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MULTIPLIER LES INFRASTRUC­TURES DE TRANSPORT

Enfin, sur le plan de l'attractivi­té, les chefs d'entreprise de la région mettent le paquet sur la mobilité et les infrastruc­tures lourdes de transport. Le livre blanc demande ainsi la réalisatio­n des autoroutes entre Poitiers et Limoges mais aussi entre Limoges et l'Espagne via Périgueux, Bergerac et Agen ainsi que le contournem­ent de Bordeaux. Les lignes à grande vitesse vers Toulouse et vers l'Espagne sont également au programme tout le comme un soutien affirmé aux aéroports régionaux. Plus largement, les CCI préconisen­t de garantir aux entreprise­s dans chaque territoire "un bouquet de services minimum" en termes d'accès au très-haut-débit, de compétence­s, de foncier ou encore de mobilités dans l'objectif de tendre vers "un développem­ent équilibré et durable de tous les territoire­s".

Vu l'ampleur de ce volet mobilités, les entreprise­s de Nouvelle-Aquitaine seront-elles prêtes à payer pour financer ces infrastruc­tures coûteuses, notamment la LGV vers Toulouse qui vient d'être remise en selle ? "Dès qu'on parle de taxer les entreprise­s, le sujet devient compliqué ! Il n'y a pas à ce stade de position officielle sur le financemen­t de la LGV par une taxe sur les bureaux par exemple. Mais c'est une vraie question qui va évidemment se poser dans les prochains mois", répond Jean-François Clédel. Quant à l'autoroute Poitiers-Limoges, les CCI plaident pour une autoroute concédée au privé et financée par un péage.

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