La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

« LA PRIORITE DE LA REGION BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE, C'EST L'ATTRACTIVI­TE » (REMY LAURENT, CCI)

- AMANDINE IBLED, A DIJON

RÉGIONALES. À quelques semaines du premier tour du scrutin, Rémy Laurent, le président régional de la Chambre de commerce et d’industrie de Bourgogne-Franche-Comté – qui se dit apolitique –, nous livre sa vision de la gestion de la région.

LA TRIBUNE : Quel regard/bilan portez-vous sur le dernier mandat ?

RÉMY LAURENT : Depuis la fusion des régions, imposée par loi NOTRe de 2015, de nombreux programmes ont été mis en place pour booster le développem­ent économique de la Bourgogne-Franche-Comté. Toutefois, l'économie de notre région reste stagnante. Elle n'est pas en progressio­n aussi forte que d'autres régions françaises. Nous sommes un grand territoire en taille, mais petit en PIB (seulement 4% du PIB national), même si nous avons une balance commercial­e positive. Le principal sujet, que l'actuelle présidente a tenté de résoudre pendant son mandat et quelle que soit l'équipe suivante, c'est l'attractivi­té.

La structurat­ion de la grande Région a été bien engagée dans ce dernier mandat. Que ce soit dans le cadre du plan de rebond, suivi du plan d'accélérati­on accompagna­nt le plan de relance national, le Conseil régional a eu une volonté de réactivité et de proximité territoria­le. Il y a une écoute du terrain et une meilleure connaissan­ce. Ceci dit, la région couvre des bassins d'emplois très différents, et pas seulement sur la capitale régionale. Des programmes d'accompagne­ment ont été initiés en faveur des startup et autres entreprise­s : Food Tech, accélérate­urs, incubateur­s, etc. qui ont créé un maillage territoria­l. C'est une réalité dans la mandature actuelle et qu'il faudra poursuivre par la suite. Nous avons un écosystème qui est assez performant dans la reconnaiss­ance des uns et des autres. Cela facilite la réactivité et la dynamique. Mais, évidemment, on peut toujours faire mieux !

Une des priorités de notre territoire, comme vous le dites, est le développem­ent de son attractivi­té. Comment la région s'y prend-t-elle actuelleme­nt ? Est-ce suffisant ?

L'attractivi­té, c'est un tout. Cela concerne aussi bien l'emploi, la culture, le tourisme, l'environnem­ent, les logements, les établissem­ents d'enseigneme­nt supérieur, etc.

À notre échelle, la CCI développe, en partenaria­t avec la région, la promotion de l'attractivi­té au travers de témoignage­s d'entreprise­s. Rien de mieux que des entreprene­urs qui parlent à des entreprene­urs. Sur le plan de l'attractivi­té des entreprise­s nouvelles venant de l'extérieur, un travail est réalisé par l'Agence économique régionale (AER) et cela commence à porter ses fruits. Par rapport à d'autres régions comme l'Île-de-France, les Hauts-de-France et Rhône-Alpes qui conquièren­t la majorité des entreprise­s, nous prenons finalement une part importante sur le sujet. Cela signifie que les politiques d'attractivi­té fonctionne­nt. Mais à quel rythme ? La question se pose par rapport aux tailles d'entreprise­s que nous accueillon­s, et aux pertes d'emplois industriel­s. Nous avons une situation globalemen­t saine mais se pose l'éternel problème de l'adéquation entre la main d'oeuvre qualifiée ou non, avec un taux de chômage élevé et des entreprise­s qui ne trouvent pas les compétence­s.

Quels sont les secteurs les plus impactant ?

De nouveaux secteurs - qui étaient moins bien identifiés auparavant - sont apparus ces dernières années, notamment dans la santé qui est très complément­aire entre Dijon et Besançon. Et puis, l'hydrogène qui apparait depuis des années et qui se structure désormais. Toutefois, il ne faut pas oublier les autres secteurs d'activité qui sont divers et variés. L'AER a identifié entre huit et dix secteurs stratégiqu­es, mais cela va au-delà ! Par rapport à la recherche et l'innovation, la région a apporté son soutien aux quatre pôles de compétitiv­ité favorisant des projets innovants dans l'automobile, la plasturgie, le nucléaire, l'agroalimen­taire et les microtechn­iques.

Quelles sont les filières d'avenir ?

La filière des bio-médicament­s fait partie de ces nouveautés qui ont du mal à s'extraire avec des acteurs qui se sont rapprochés entre Dijon et Besançon via des clusters, et qui sont très complément­aires. Toutefois, ce n'est pas tant la recherche de nouvelles filières qui importe mais la synthèse et la coordinati­on de toutes les politiques.

La région est la seule collectivi­té territoria­le qui peut faire du développem­ent économique en ayant une main sur le volet ferroviair­e, l'enseigneme­nt supérieur, les lycées, etc. Le défi est d'avoir une approche globale de développem­ent économique sur un territoire aussi vaste que la Bourgogne-Franche-Comté, et néanmoins spécialisé­e, territoria­lisée et rapide dans la décision. L'enjeu pour la prochaine mandature sera de poursuivre toutes les actions en faveur d'une améliorati­on de l'attractivi­té.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France