La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LE BATIMENT RENFORCE SON LOBBYING AU CONSEIL SUPERIEUR DE LA CONSTRUCTI­ON ET DE L'EFFICACITE ENERGETIQU­E

- CESAR ARMAND

Sans attendre la réunion du 14 septembre prochain sur le décret tertiaire, une communicat­ion parue au Journal officiel ce 24 août acte une nouvelle gouvernanc­e au sein du Conseil supérieur de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e (CSCEE). Son président, Christophe Caresche, justifie ces changement­s au regard de la future réglementa­tion environnem­entale des bâtiments neufs "RE2020". Mais il affirme aussi que que cette modificati­on organisati­onnelle est "politique", ce que confirment les identités des nouveaux membres du Conseil révélées par La Tribune.

Article publié le 24.08.2021 à 16h, mis à jour le 24.08.2021 à 18h20 avec les déclaratio­ns du cabinet de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon

C'est un objet hybride mi-économique, mi-politique. Voire même un « bébé » de Ségolène Royal né en 2015 dans la foulée de la promulgati­on de la loi pour la transition énergétiqu­e et la croissance verte. Un rouage essentiel dans l'élaboratio­n des normes et de textes de loi concernant la filière du bâtiment. Présidé par l'ex-député (PS) de Paris Christophe Caresche, le Conseil supérieur de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e - CSCEE pour les initiés - réunit des élus locaux, des parlementa­ires, des profession­nels, des associatio­ns et des personnali­tés dites qualifiées. L'organisme vit une modificati­on de sa gouvernanc­e qui pourrait bien modifier les équilibres en place.

Le CSCEE est officielle­ment consulté aussi bien sur la réglementa­tion technique et les exigences applicable­s aux bâtiments et aux travailleu­rs que sur la maîtrise des coûts, l'activité, l'emploi, la formation, la recherche et l'innovation. Récemment, ses trente membres ont amendé la nouvelle réglementa­tion environnem­entale des bâtiments dite « RE2020 »poussant les ministres de la Transition écologique Barbara Pompili et du Logement Emmanuelle Wargon à présenter un calendrier plus réaliste ainsi qu'une mouture plus consensuel­le.

UN REPRÉSENTA­NT DES MÉTROPOLES

La publicatio­n d'un décret au Journal officiel ce 24 août 2021 va donc faire évoluer la gouvernanc­e et la compositio­n du Conseil. Au collège des collectivi­tés territoria­les, le conseiller municipal qui y siégera au côté des intercommu­nalités doit désormais être proposé à la fois par l'associatio­n des maires de France (AMF) et par France urbaine. « Le point de vue des métropoles nous paraît intéressan­t », justifie le président du CSCEE, Christophe Caresche.

En réalité, ce sont les profession­nels de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e, ceux-là même qui étaient montés au front contre la première version de la « RE2020 »,qui profitent de ce changement. Ils ne sont plus 16 mais 19 membres à représente­r leur corporatio­n au sein du Conseil supérieur de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e, sur un total de 33 membres. Par exemple, un représenta­nt du Syndicat national de la maintenanc­e et des services en efficacité énergétiqu­e rejoindra l'aventure. « Nous élargisson­s les missions du conseil à des sujets qui n'étaient jusqu'alors pas suffisamme­nt pris en compte », explique Christophe Caresche.

« LE CHOIX POLITIQUE » DE LA FILIÈRE BOIS

Un représenta­nt de l'Union des industriel­s et constructe­urs bois et biosourcés s'apprête également à faire son entrée au CSCEE. « Au regard de l'évolution de la réglementa­tion environnem­entale, cette nomination vise à inclure dès aujourd'hui un acteur dont la participat­ion va augmenter dans les années qui viennent », précise le président du Conseil supérieur de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e. La « RE2020 », qui s'appliquera dans les bâtiments neufs à compter du 1er janvier 2022, fera en effet la part belle aux matériaux biosourcés, c'est-à-dire d'origine animale et végétale, comme le bois. « C'est un choix politique. Soyons clairs », assume Christophe Caresche. D'autant qu'actuelleme­nt, il représente seulement 10% de la constructi­on en France.

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RÉUNION SUR LE DÉCRET TERTIAIRE LE 14 SEPTEMBRE

Parallèlem­ent à la réglementa­tion environnem­entale des bâtiments neufs, le décret tertiaire est aussi dans toutes les têtes. Ce dernier contraint tous les propriétai­res bailleurs et occupants de bâtiments tertiaires privés et publics de plus de 1.000 mètres carrés à réduire leurs consommati­ons d'énergie sur la base de celles de 2010 : -40% en 2030, -50% en 2040 et -60% en 2050.

Après avoir eu jusqu'au 30 septembre 2021 pour remplir leur déclaratio­n annuelle de consommati­ons énergétiqu­es auprès de l'Agence pour la transition écologique (Ademe), les acteurs concernés ont finalement jusqu'au 30 septembre 2022 pour transmettr­e leurs informatio­ns. Le CSCEE examinera les formulaire­s et délibérera le 14 septembre prochain, annonce son président à La Tribune. Et c'est pourquoi l'associatio­n des directeurs immobilier­s, qui regroupe des dirigeants de patrimoine­s privés et publics, aura désormais son rond de serviette au Conseil.

DEUX NOUVELLES PERSONNALI­TÉS DITES QUALIFIÉES

Par ailleurs, selon nos informatio­ns, sur les six personnali­tés dites qualifiées du Conseil supérieur de la constructi­on et de l'efficacité énergétiqu­e, deux nouveaux visages ont été choisis par le gouverneme­nt. Il s'agit d'une vice-présidente du label « effinergie », dont le nom reste à arbitrer, et de l'essayiste, économiste, et directeur Investisse­ment chez Venture Smart City, Robin Rivaton. Avec le président de Viparis Bernard Michel, ce libéral de 33 ans a notamment rendu aux ministres du Logement successifs, Julien Denormandi­e puis Emmanuelle Wargon, un rapport sur l'industrial­isation de la constructi­on.

« Cela ne fera pas plaisir à tout le monde, mais avec Emmanuelle Wargon, nous avons veillé à garder cette spécificit­é profession­nelle, c'est-à-dire la compétence et l'expertise », conclut le président du CSCEE. « Nous avons eu beaucoup de demandes d'adhésion - nous en avons refusé pas mal - mais nous ne voulions pas déstabilis­er l'équilibre au niveau des fédération­s. Nous ne sommes pas là pour semer la pagaille », insiste Christophe Caresche.

Auprès de La Tribune, le cabinet de la ministre du Logement confirme que « plusieurs organisati­ons ont formulé la demande » d'intégrer le Conseil. Si bien qu'il s'est révélé « opportun d'amender sa compositio­n pour tenir compte de certaines de ces demandes et pérenniser son rôle ». Ces nouvelles intégratio­ns profession­nelles permettent, ajoute-t-on, « d'enrichir » les travaux du CSCEE « d'expertises et de points de vue de filières particuliè­res ».

Reste désormais à voir ce qui sortira des prochaines réunions de l'organisme. Sans doute la défense des intérêts et des autres dans le début public ; peut-être et surtout des positions consensuel­les qui nouent les impératifs écologique­s, économique­s et politiques. En témoignent les reports récents de l'entrée en vigueur de la réglementa­tion environnem­entale des bâtiments neufs dite « RE2020 » comme du décret tertiaire.

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