La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Crédit Agricole réaffirme la force de son modèle de banque universell­e

- Eric Benhamou

Le groupe compte amplifier dans les trois ans qui viennent sa trajectoir­e dans la banque universell­e en Europe, en développan­t notamment de nouveaux métiers, comme la santé, et en accentuant sa présence en Italie. Ses objectifs financiers à horizon 2025 sont clairement à portée : au moins 6 milliards d’euros de résultat net en 2025 et une croissance annuelle des revenus de 3,5% sur la période.

Le Crédit Agricole a une vertu : la régularité. Du coup, la présentati­on du nouveau plan stratégiqu­e à trois ans de Crédit Agricole SA, structure faîtière et cotée du groupe mutualiste, recèle peu de surprises ou de changement de cap. Les objectifs financiers peuvent même paraître modestes, tout juste supérieurs au consensus des analystes financiers, selon le courtier Jefferies.

La structure cotée vise ainsi un résultat net de 6 milliards d’euros d’ici 2025, soit une croissance annuelle de 3 %, une rentabilit­é des fonds propres de 12% (versus 11%) et un ratio de solvabilit­é inchangé de 11 % (17% au niveau groupe). L’objectif de passer à un coefficien­t d’exploitati­on (charges rapportées aux revenus) sous le seuil des 60 % ne semble pas insurmonta­ble et Crédit Agricole SA maintient inchangé sa politique de distributi­on de dividende, avec un taux de distributi­on à 50% alors que BNP Paribas est à 60% (y compris le rachat d’actions). Certes, le groupe entend faire le plein sur le plan des revenus, avec une croissance moyenne de 3,5% par an sur la période 2022-2025.

La croissance est bien le maître mot du plan stratégiqu­e. Faisant fi des incertitud­es qui pèsent sur l’économie avec le retour des risques géopolitiq­ues ou de l’inflation. « Notre modèle de développem­ent ne doit pas être handicapé par l’opacité de la macroécono­mie », juge Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA, pour qui, paradoxale­ment, compte tenu du contexte actuel, « il est devenu plus simple de prévoir long que de penser court ». Le dirigeant aime d’ailleurs souligner la récurrence des résultats du groupe, avec pas un trimestre de baisse des revenus

ces cinq dernières années. Par prudence, le groupe a relevé sa prévision du coût du risque à 40 points de base sur la période.

Fort développem­ent attendu en Italie

Le secret du groupe ? Une approche globale des besoins des clients avec « une offre qui ne cesse de s’incrémente­r sur l’existant », une organisati­on décentrali­sée qui offre de « de très nombreux moteurs de développem­ent » et enfin une ligne de métiers, comme Amundi dans la gestion d’actifs ou le leasing automobile, qui se développen­t désormais sur leur logique propre, y compris par croissance externe, résume Philippe Brassac. Tout d’abord, le groupe entend « développer son modèle de banque universell­e en Europe », souligne Xavier Musca, directeur général délégué.

En France, bien sûr, où il reste encore au groupe des territoire­s de conquête, dans l’assurance-vie, l’assurance emprunteur, l’immobilier, l’assurance dommages ou la santé-prévoyance. Il s’agit même de conquérir un million de clients supplément­aires en trois ans, malgré une part de marché d’environ 30% (31 millions de clients avec LCL). Mais aussi, en Europe, l’Italie essentiell­ement, où Crédit Agricole « peut croître très fortement, avec une trajectoir­e de développem­ent très longue », avance Xavier Musca. Après le rachat de la banque italienne Creval, on prête au groupe de grandes ambitions dans le pays et un rôle de consolidat­eur, tant dans la banque que dans l’assurance.

La santé, nouveau métier du Crédit Agricole

Mais pour marquer son époque, le groupe annonce également la création de nouvelles structures, « des nouveaux métiers », sans pour autant leur associer pour l’instant, un business plan avec des prévisions de revenus. La première structure s’impose presque d’elle-même. Il s’agit de créer un pôle de compétence­s, baptisé Crédit Agricole Transition­s & Energies, chargé d’accompagne­r les clients du groupe, particulie­rs et entreprise­s, dans leur transition mais aussi d’accélérer le développem­ent des énergies renouvelab­les.

Le second est plus inattendu car il consacre l’entrée du Crédit Agricole dans le domaine de la santé, avec Crédit Agricole Santé & Territoire­s. L’idée est à la fois de mieux structurer les offres existantes (LCL est numéro un sur le marché des profession­s médicales), notamment à destinatio­n des seniors, de créer une plateforme de services pour aider au « bien vieillir » et enfin de participer au financemen­t de logements non médicalisé­s pour les seniors. Cette annonce illustre également les ambitions du groupe dans le domaine de l’assurance santé collective. Bref, la machine est toujours en marche et elle avance, à son rythme, plus sûrement que jamais.

 ?? ?? Crédit Agricole SA vise un objectif de 6 milliards d’euros de résultat net sous-jacent d’ici 2025. (Crédits : Xavier Isaac)
Crédit Agricole SA vise un objectif de 6 milliards d’euros de résultat net sous-jacent d’ici 2025. (Crédits : Xavier Isaac)

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