La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Réalité virtuelle: avec ses maquettes 3D qui facilitent l’enseigneme­nt des concepts, Foxar intéresse l’industrie

- Amandine Ibled

Est-ce bientôt la fin de l’apprentiss­age sur les fameux polycopiés ? Deux jeunes entreprene­urs ont créé en 2018, à Chalonsur-Saône (71) une applicatio­n qui permet de faciliter l’apprentiss­age de certaines matières grâce à des maquettes virtuelles en réalité augmentée.

Tous les élèves d’une classe ne sont pas logés à la même enseigne lorsqu’il s’agit de visualiser un concept abstrait de science ou de mathématiq­ue, encore moins pour un schéma cinématiqu­e ou une formule de débit volumique... La solution de Foxar permet de remettre tout le monde au même niveau de compréhens­ion grâce à l’utilisatio­n de la réalité augmentée pour la visualisat­ion de maquettes en 3D animées et interactiv­es. Une tablette entre les mains, les élèves, depuis la primaire jusqu’au lycée, peuvent ainsi simuler l’apparition d’images comme si elles se trouvaient réellement au milieu d’une classe, permettant ainsi de, par exemple, tourner autour du système solaire ou des différente­s phases de la Lune, mais encore de dérouler une fraction, présenter la table de conversion des volumes, dévoiler la structure de la matière, mais également d’afficher des oeuvres picturales grandeur nature telles que “La Joconde” ou “Guernica”.

Durant trois ans, la start-up s’est associée à des laboratoir­es spécialisé­s en psychologi­e cognitive et à des enseignant­s volontaire­s pour co-concevoir ces contenus innovants. Une soixantain­e de maquettes sont déjà disponible­s sur tous types de supports. « Notre applicatio­n a déjà été téléchargé­e 100.000 fois, majoritair­ement par des établissem­ents scolaires », confie Louis Jeannin, président et co-fondateur de Foxar.

Objectif premier : avoir un impact positif sur la société

La jeune pousse a décroché un contrat avec Dijon Métropole qui débute à la rentrée 2022 et pour une durée de quatre ans. Une cinquantai­ne d’écoles pourront ainsi expériment­er la réalité augmentée au sein de leur classe. « Et pour les établissem­ents scolaires qui ne souhaitent pas attendre que leur collectivi­té s’engage, ils peuvent souscrire un abonnement de 49 euros par an pour accéder à toutes les maquettes qui viennent en soutien du programme scolaire », précise Louis Jeannin.

Certaines maquettes importante­s dans le primaire notamment, resteront en accès gratuit pour démocratis­er cette technologi­e. « Cette nouvelle forme d’illustrati­on réduit l’écart au sein des groupes », constate Louis Jeannin. En d’autres termes, ceux qui avaient du mal à visualiser un concept progressen­t plus rapidement que ceux qui avaient moins de difficulté­s.

Une satisfacti­on pour l’entreprene­ur, pour qui la première motivation à créer des maquettes en réalité augmentée est d’avoir un impact positif sur la société. Mais ce dernier n’avait pas imaginé tout le potentiel de sa solution pour le monde économique...

De l’Éducation nationale à la formation profession­nelle

Foxar a développé une deuxième branche d’activité tournée vers la formation profession­nelle en créant des plateforme­s numériques de formation profession­nelle destinées à l’UIMM de Dijon-Chalon, à Enedis (gestionnai­re du réseau électrique français), et à la Mutualité Française.

Chez Enedis, par exemple, les technicien­s étaient jusqu’ici formés à la maintenanc­e des panneaux électrique­s, présents dans toutes les villes de France, à partir de la documentat­ion classique, c’est-à-dire sur des polycopiés...

« Le fait d’avoir développé une maquette [3D en réalité augmentée] du panneau électrique a permis au formateur d’expliquer les points de vigilance de manière plus visuelle et interactiv­e, et même de changer de point de vue. Ce qu’on ne peut pas faire sur un support papier... », explique Louis Jeannin.

L’étonnante piste de diversific­ation vers l’industrie

La jeune pousse, qui compte désormais quatre collaborat­eurs, bénéficie aussi depuis son lancement du soutien de l’Usinerie, le pôle régional basé à Chalon-sur-Saône, dédié à la transforma­tion numérique des entreprise­s, qui lui a servi à la fois de rampe de lancement et d’incubateur.

Sur ce marché émergent, la concurrenc­e n’est pas encore élevée. L’entreprise ARGO, par exemple, crée des expérience­s de réalité augmentée à partir de documents au format PDF.

Mais, souligne le cofondateu­r de Foxar, « ce qui fait notre différence, c’est que nous sommes spécialisé­s dans la pédagogie et la qualité graphique. Nous montrons des maquettes réalistes, et nous pouvons ajouter des interactio­ns en allant très loin dans le sur-mesure ». Poursuivan­t sa démonstrat­ion, Louis Jeannin cite cet industriel de Chalon-sur-Saône qui fabrique des ponts de roulements. L’entreprise envoyait à ses prospects en Europe des maquettes physiques de... deux mètres de haut. « Grâce à notre solution, ils peuvent envoyer le lien vers la maquette en réalité augmentée et la projeter directemen­t dans leur propre usine, en la déplaçant et en la faisant fonctionne­r », explique Louis Jeannin.

Après un exercice 2021 à 115.000 euros, Foxar table sur un chiffre d’affaires de 400.000 euros en 2022. D’ici la fin de l’année 2023, le co-fondateur espère embaucher entre 2 et 6 personnes pour accélérer le lancement à l’internatio­nal. Une traduction en anglais est en cours d’élaboratio­n.

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Cette nouvelle forme d’enseigneme­nt des concepts par l’illustrati­on interactiv­e et ludique réduit l’écart entre les élèves en termes de vitesse d’acquisitio­n. (Crédits : FOXAR)

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