La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Entre sécheresse et bouteilles abandonnées à Volvic, Danone confronté au délicat partage de l’eau minérale
Al’heure où le question du partage des ressources en eau est devenue plus prégnante, le groupe Danone, multipropriétaire des eaux minérales Volvic, Evian mais aussi de Badoit et La Salvetat, sait qu’il doit concilier un marché un croissance avec une réduction de ses prélèvements en eau. Le groupe fait face, en Auvergne, à un pisciculteur qui accuse les captages en eau d’assécher ses bassins d’élevage de poissons, mais également à la découverte d’un dépôt de déchets plastiques à proximité d’une ancienne usine découvert par la LPO et rendu public ce jeudi.
Après un été marqué par la sécheresse et la canicule, le marché des eaux minérales affiche sa bonne santé. Du moins en surface. Car à l’échelle régionale, ses acteurs historiques, Evian et Volvic, tous deux dans le giron du groupe Danone (comme Badoit et La Salvetat), endossent à la fois le costume de fournisseur d’eau et celui d’un acteur devenu clé dans la question du partage des ressources en eau.
” Le marché des eaux embouteillées est un marché particulièrement météo-sensible”, constate Danone. “Cette année ne fait pas exception, avec une consommation ces derniers mois portée par des températures élevées et donc le besoin de répondre à un besoin primaire : s’hydrater et se rafraîchir.”
Ce marché est en croissance à la fois en valeur (+8%) et en volume (+6%) sur la période du début d’année à la fin du mois d’août 2022. “Les segments les plus dynamiques sont les aquadrinks (boissons aromatisées à base d’eau minérale naturelle) : les eaux fruitées plates (+18% en valeur) et les eaux fruitées gazeuses (+12% en valeur)”.
Une croissance “portée à la fois par l’effet météo et les fortes chaleurs de ces derniers mois, avec notamment une croissance de près de 20% en volume sur les mois de juillet et août”, précise Danone.
L’an
”Bien qu’exploitant minoritaire de la ressource en eau provenant de l’impluvium (21% de l’ensemble des usages en moyenne), nous agissons au quotidien pour participer à l’effort collectif et définir des solutions concrètes pour répondre aux enjeux du changement climatique, tout en maintenant nos actions de préservation de la qualité de l’eau”, argumente la direction du groupe.
Pas de prélèvements supplémentaires durant la sécheresse
Poussée dans ses retranchements, la marque avait d’ailleurs publié une large série d’engagements concernant une gestion plus vertueuse des ressources, tant au niveau des innovations que des investissements, à travers une réduction de ses prélèvements de façon volontaire.
”Nous accélérons nos actions de réduction des prélèvements d’eau au sein de notre site d’embouteillage. Ainsi depuis 2017, nous avons investi 25 millions d’euros dans nos lignes de production pour optimiser notre utilisation en eau. Cela nous a permis de réduire nos prélèvements de -14% sur cette période (soit 390 millions de litres d’eau économisés depuis 4 ans), pour des ventes stables”, affirme Volvic.
Le Préfet du Puy-de-Dôme a d’ailleurs demandé la mise en place par les industriels d’un plan d’utilisation rationnelle de l’eau (PURE) pour les prélèvements en eau souterraine.
Le groupe sait désormais qu’il sera également attendu sur la prise en compte du phénomène de sécheresse qui a été mis sur le devant de la scène cet été : ”Nous portons une attention particulière aux épisodes de sécheresse qui frappent l’Auvergne Rhône-Alpes depuis plusieurs années. Ainsi, cet été, malgré un niveau de sécheresse historique et l’augmentation de la consommation d’eau en bouteille, nous n’avons pas augmenté nos prélèvements. Nous sommes pleinement engagés à respecter le cycle de renouvellement naturel de chacune des sources et travaillons pour optimiser nos usages de l’eau.”
À Volvic, Danone s’est donc engagé à poursuivre les efforts de réduction des volumes prélevés sur l’année de façon pérenne. Un engagement marqué par une réduction de l’autorisation annuelle de prélèvement en vigueur de 10% sur les trois prochaines années à partir de cette année, puis de 20% à partir de 2025, après déploiement d’un projet de recyclage des eaux usées.
”A Evian, nos prélèvements sont actuellement inférieurs de 20% à l’autorisation de prélèvement qui nous est accordée. Un suivi régulier de la nappe est réalisé par une équipe d’experts hydrogéologues afin de détecter toute évolution de la recharge et adapter le niveau de prélèvement si nécessaire”, expliquent les équipes du groupe.
Et de préciser : “À ce jour, il n’est pas observé d’impact de la sécheresse sur l’aquifère Evian. Le niveau reste constant et s’explique notamment par une quantité de pluie annuelle stable en moyenne ces dernières années, malgré une baisse observée à date sur 2022”. (avec ML)
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