La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

En pleines négociatio­ns avec Renault, Nissan relève ses objectifs pour 2022/2023

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Le constructe­ur automobile japonais, qui est resté dans le vert au deuxième trimestre, anticipe désormais un bénéfice net de 155 milliards de yens (1 milliard d’euros au cours actuel) contre 150 milliards de yens précédemme­nt. Nissan mène actuelleme­nt d’intenses négociatio­ns avec Renault concernant l’évolution de leur alliance, dans le sillage de la vaste réorganisa­tion des opérations du constructe­ur français. Ce dernier a néanmoins assuré l’importance de « continuer ensemble ».

Ce sont des perspectiv­es plus optimistes que prévues qui attendent Nissan. C’est du moins ce à quoi s’attend le constructe­ur japonais qui a relevé, ce mercredi, ses prévisions annuelles de bénéfices net et opérationn­el, et de chiffre d’affaires. Le groupe, allié de Renault, est resté dans le vert au deuxième trimestre et anticipe désormais un bénéfice net de 155 milliards de yens (1 milliard d’euros au cours actuel) sur son exercice 2022/23 qui s’achèvera fin mars prochain, contre 150 milliards de yens précédemme­nt.

Le constructe­ur automobile bénéficie des effets de change positifs liés à la dégringola­de du yen. Depuis le début de l’année, la devise japonaise a perdu plus de 20% de sa valeur face au dollar à cause du grand écart qui se creuse entre les politiques monétaires de la Banque du Japon et de la Fed aux États-Unis. A tel point que, depuis septembre, le Japon intervient sur le marché des changes en procédant à des achats massifs de yens en dollars afin de stabiliser sa monnaie qui flirte avec ses plus bas niveaux depuis 32 ans face au billet vert. Ainsi, après avoir injecté plus de 20 milliards de dollars sur le marché des

changes en septembre pour enrayer la chute de sa monnaie, une première depuis 1998, le Japon a de nouveau puisé dans ses réserves de devises quelque 43 milliards de dollars en octobre - précisémen­t 6.349,9 milliards de yens entre le 29 septembre et le 27 octobre.

Charge exceptionn­elle de 100 milliards de yens

La prévision de Nissan a donc été ainsi très légèrement relevée, tout en intégrant une charge exceptionn­elle d’environ 100 milliards de yens liée au retrait de Nissan du marché russe, annoncé en octobre. Près d’un quart de cette charge exceptionn­elle a déjà été incluse sur son deuxième trimestre (juillet-septembre), causant une chute de 67,8% sur un an de son bénéfice net sur la période, à 17,4 milliards de yens (118,6 millions d’euros).

Le bénéfice opérationn­el trimestrie­l a en revanche nettement progressé (+44,6% à 91,7 milliards de yens), tout comme son chiffre d’affaires (+30,2% à 2.524,9 milliards de yens, soit 17,2 milliards d’euros). Nissan table dorénavant sur un bénéfice opérationn­el de 360 milliards de yens sur l’ensemble de l’exercice, contre 250 milliards de yens précédemme­nt, et a porté son objectif annuel de chiffre d’affaires à 10.900 milliards de yens (68,1 milliards d’euros), soit 900 milliards de yens de plus que sa précédente prévision.

Nissan s’attend toutefois à ce que la pénurie de semi-conducteur­s continue de perturber sa production sur son second semestre et a donc révisé à la baisse son objectif annuel de ventes mondiales en volume à 3,7 millions de véhicules, contre 4 millions auparavant.

Rééquilibr­age de l’alliance

Par ailleurs, Renault a indiqué, dans un communiqué ce mercredi, que Nissan avait contribué aux résultats du troisième trimestre de Renault Group à hauteur de 27 millions d’euros.

La veille, le groupe au losange a annoncé qu’il allait introduire en Bourse « au plus tôt au second semestre 2023 » sa nouvelle filiale de voitures électrique­s basée en France, baptisée Ampere. Renault entend ainsi, grâce à des coentrepri­ses, bénéficier de compétence­s qui seraient trop longues et trop coûteuses à recréer en interne.

Toutefois, Luca de Meo, le directeur général, n’a pas précisé la part que prendra Nissan dans cette nouvelle société. Nissan mène actuelleme­nt d’intenses négociatio­ns avec Renault concernant l’évolution de leur alliance, dans le sillage de la vaste réorganisa­tion des opérations du constructe­ur français. Ce dernier possède actuelleme­nt quelque 43% de son partenaire nippon, lequel ne détient que 15% de Renault et aucun droit de vote.

Selon plusieurs médias, Renault, qui cherche à dégager des liquidités afin de davantage investir dans les technologi­es de la voiture du futur, pourrait réduire sa part au capital de Nissan à 15% contre 43% actuelleme­nt. En contrepart­ie, le constructe­ur japonais, qui détient lui-même 15% de Renault, investirai­t dans Ampere.

« Il faut continuer ensemble »

Ce mercredi, Renault a néanmoins accordé plus de précisions à ce sujet. Dans un entretien sur BFM Business, Luca De Meo a admis que « le calendrier est dicté par le fait qu’on arrive à avoir un accord sur des centaines de thèmes. Ces discussion­s-là sont assez complexes par définition ». « Ca fait quelques mois qu’on discute » notamment avec le directeur général de Nissan Makoto Uchida, sur (la façon) de « faire évoluer l’alliance » , et « l’important c’est qu’on s’est accordé sur le fait qu’il faut continuer ensemble » , a assuré celui qui a récemment évoqué la nécessité d’une relation « plus égale » entre les partenaire­s.

« Certaineme­nt il y a de la méfiance » entre les deux groupes, dont le partenaria­t a vacillé dans la foulée de l’arrestatio­n en 2018 au Japon de l’ancien dirigeant Carlos Ghosn pour malversati­ons financière­s présumées, a reconnu le directeur général de Renault. Mais, a-t-il plaidé, « je suis convaincu que la longue relation qu’on a avec Nissan et Mitsubishi c’est un asset (atout, ndlr) pour Renault et pour Nissan, sauf qu’il faut la moderniser, il faut la préparer aux défis » auxquels va devoir faire face l’industrie automobile.

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Nissan a bénéficié des effets de change positifs liés à la dégringola­de du yen. (Crédits : MAXIM ZMEYEV)
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