La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Cryptos : Binance s’empare de son rival FTX

-

C’est une opération majeure de consolidat­ion dans le secteur des cryptomonn­aies. Au terme d’une année désastreus­e pour les actifs numériques décentrali­sés, l’offre de rachat du groupe chinois Binance sur son concurrent américain, basé aux Bahamas, relance les cartes dans un secteur à la peine. Une opération surprenant­e alors que Binance ne cessait depuis plusieurs jours de dénigrer son concurrent.

L’heure est aux fusions et acquisitio­ns dans le secteur des cryptomonn­aies. Alors que les rumeurs de mariage de plateforme­s bruissent depuis plusieurs mois, dans la foulée de « l’hiver des cryptos » du printemps 2022, le géant chinois Binance, numéro un mondial des plateforme­s d’échange de cryptos, a annoncé, ce mardi, le rachat de son principal concurrent, l’américain FTX, basé aux Bahamas.

Sur Twitter, Changpeng Zhao, patron de Binance, confirme l’opération : « nous avons l’intention d’acquérir complèteme­nt FTX.com ». Son homologue chez FTX, Sam Bankman-Fried, assure, également sur Twitter, avoir « conclu un accord sur une transactio­n stratégiqu­e avec Binance pour FTX.com » , sans plus de précisions. Il assure cependant que l’opération ne change rien « pour l’instant » pour la branche américaine de FTX, FTX.us.

Avec une valorisati­on estimée en début d’année à 32 milliards de dollars, FTX est un titan du secteur, avec Binance et l’américain Coinbase. Sous la houlette de son patron emblématiq­ue Sam Bankman-Fried (SBF), la plateforme avait levé 800 millions d’euros en six mois. Milliardai­re à 30 ans, Sam Bankman-Fried n’a d’ailleurs jamais refusé d’être comparé à un « Mark Zuckerbeg de la cryptomonn­aie », comme le répète souvent la presse américaine.

La compétitio­n sur les usages

Cette annonce peut paraître surprenant­e. Depuis plusieurs jours, Changpeng Zhao avait entrepris une campagne de dénigremen­t du FTT. Partageant son manque de confiance envers ce jeton de FTX, il avait annoncé vendre ses réserves de FTT (pour un montant de 529 millions de dollars), que Binance détenait suite à la cession d’une participat­ion dans FTX.

« Liquider notre position dans FTT est juste un moyen de gérer le risque », avait alors asséné Changpeng Zhao sur Twitter, qui avait aussi assuré: « nous n’allons pas aider des gens qui font du lobby contre d’autres acteurs de l’industrie dans leur dos ».

Résultat, le FTX Token (FTT) a plongé mardi de 25,4% à 16,63 dollars, un niveau plus vu depuis début 2021.

En réponse, Sam Bankman-Fried avait alors qualifié les accusation­s de « rumeurs non fondées ». Aujourd’hui, il semble avoir changé radicaleme­nt d’avis : « Binance a montré à de multiples reprises sa volonté de construire un économie mondiale décentrali­sée et de travailler aux relations de l’industrie avec les régulateur­s », assure-t-il sur Twitter.

Le projet Twitter

Toute la question est d’ailleurs de savoir quelle orientatio­n Binance prendra, suite au rachat de FTX. Contrairem­ent à SBF, «

CX » (Changpeng Zhao) est au contraire un virulent partisan de la décentrali­sation des cryptomonn­aies.

Binance s’est déjà clairement positionné sur le projet Twitter par Elon Musk. « Nous voulons être d’un grand soutien dans tout ce que Twitter pourrait faire dans la crypto et le web3 » , a même déclaré Changpeng Zhao lors d’une conférence de presse en marge du Web Summit, grand-messe de l’économie numérique qui se tient cette semaine à Lisbonne.

Initialeme­nt basée en Hong Kong, Binance ne déclare plus de siège social officiel, entre ses différente­s localisati­on à l’étranger, dont les îles Caymans, ou dans l’État du Delaware aux Etats-Unis. Reste à connaître la réaction des régulateur­s américains à cette opération d’importance dans le domaine des cryptos, et même stratégiqu­e dans un contexte de fortes tensions sino-américaine­s.

 ?? ?? Initialeme­nt basée en Hong Kong, Binance ne déclare plus de siège social officiel. (Crédits : Reuters)
Initialeme­nt basée en Hong Kong, Binance ne déclare plus de siège social officiel. (Crédits : Reuters)

Newspapers in French

Newspapers from France