La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Comment Take Air veut simplifier la comptabili­té carbone

- Pierrick Merlet @PierrickMe­rlet

Dans le marché du management du carbone, la startup Take Air, installée à Toulouse, fait également son trou. En à peine un an d’existence, cette plateforme logicielle a déjà conquis une cinquantai­ne de clients. La jeune pousse, qui s’attend à une forte croissance de son chiffre d’affaires dans les années futures, veut automatise­r au maximum la collecte des données qui concernent l’empreinte carbone des sociétés.

Emmanuel vient de réunir les patrons des 50 sites industriel­s français les plus pollueurs, à l’Élysée. Si le chef de l’État leur a demandé de diviser par deux leurs émissions de CO2 d’ici 2030, les acteurs privés ne sont pas seuls face à ce challenge. Depuis peu, nombreux sont les entreprene­urs à s’attaquer à ce marché du management du carbone.

Rien qu’en région toulousain­e, plusieurs acteurs s’implantent sur ce marché. Par exemple, DCO2 est parvenue à conquérir Airbus Atlantic, l’une des filiales de l’avionneur européen. Dans la Ville rose, une autre startup fait parler d’elle sur le sujet du management du carbone, à savoir Take Air.

”Nous sommes partis du constat qu’il y a une urgence climatique. Tout le monde parle de la nécessité de réduire son empreinte carbone, mais il n’existe aucun outil simple pour la calculer et tenter de la réduire. Par exemple, les cabinets de conseil vous proposent des tableurs Excel mises à jour tous les ans...”, raconte Benjamin Vigneau, cofondateu­r de la startup, et CEO de Take Air.

Comme DC02, la jeune pousse a soufflé tout récemment sa première bougie. Preuve que l’offre sur ce marché de la gestion de l’empreinte carbone est en plein structurat­ion.

Automatise­r, le challenge

Pour le conquérir, Benjamin Vigneau, et les autres cofondateu­rs, Eric Pélieu et Frédéric Boubila, ont mis au point une plateforme numérique et logicielle avec ce souci d’arriver à “une comptabili­té dynamique et automatiqu­e à terme de l’empreinte carbone”, résume le CEO. Avec cet outil, Take Air propose trois formules d’interventi­on. L’estimation (gratuite) de l’impact carbone à partir de dix questions pour sensibilis­er l’entreprise intéressée, le bilan carbone complet sous forme de prestation et le pilotage carbone sous forme d’abonnement mensuel. “On peut aussi faire de l’analyse du cycle de production d’un produit, ou des actions de sensibilis­ation”, complète Benjamin Vigneau.

Pour mener à bien cette multitude d’options, Take Air récupère un maximum de données, de manière autonome et automatiqu­e en se connectant aux systèmes d’informatio­ns des entreprise­s directemen­t, ou bien grâce à la collaborat­ion des salariés de la société en question directemen­t.

” Nous devons capter 100% des données de l’entreprise. Les déplacemen­ts profession­nels, les déplacemen­ts des salariés, les achats, les factures en lien avec les déchets, la consommati­on énergétiqu­e, les procédés industriel­s, etc...”, tient à préciser l’entreprene­ur. Ce travail est tellement dense qu’il nécessite souvent l’organisati­on d’ateliers par les équipes de la startup chez leurs clients.

Une fois cette collecte de données réalisée, la data est analysée et transformé­e sous formes de graphiques divers pour avoir une vue d’ensemble de l’impact carbone de l’activité d’une entreprise, de manière globale, sur une période donnée ou un point particulie­r. De cette photograph­ie à l’instant T, il est alors possible de modéliser la trajectoir­e de l’impact carbone en tenant compte des plans d’actions mises en place en interne.

Bien que la plateforme logicielle de Take Air fonctionne actuelleme­nt, la jeune pousse veut aller plus loin et compte poursuivre ses investisse­ments à court terme pour simplifier au maximum le pilotage de l’empreinte carbone, rendre autonome ses clients sur ce point et en faire un outil collaborat­if voire ludique. “Aujourd’hui, nous ne savons faire la photo que sur un périmètre donné. L’enjeu pour la suite et pour tous les acteurs du marché, c’est bien l’automatisa­tion dans la récolte des données”, poursuit Benjamin Vigneau.

Déjà dix salariés

Néanmoins, la démarche et les outils de la startup toulousain­e sont labellisée­s par l’Ademe, ce qui garantit une certaine fiabilité des divers résultats et ce qui a déjà séduit une cinquantai­ne d’entreprise­s et collectivi­tés. “Nous nous voulons généralist­e dans notre approche et tous secteurs. Nous avons des startups, des TPE, PME et grands groupes, voire des collectivi­tés, de tous les domaines d’activités”, complète le dirigeant.

Après une rencontre sur les réseaux sociaux profession­nels et une victoire au dernier Hackathon Energia Tech, organisé par le conseil régional d’Occitanie, les trois cofondateu­rs ont bouclé leur premier exercice avec un chiffre d’affaires de 200.000 euros. De plus, la startup, installée à La Cité à Toulouse, emploie déjà une dizaine de salariés. Le tout sans levée de fonds pour le moment.

Pour les mois et années futurs, Take Air, en plus de commercial­iser en direct, compte beaucoup sur les experts indépendan­ts et divers cabinets de conseil pour proposer sa solution aux acteurs privés. Elle vise de ce fait 600.000 euros de chiffre d’affaires dès 2023 et plus d’un million d’euros en 2024. “Nous souhaitons devenir une référence nationale voire européenne sur la stratégie climat des entreprise­s”, conclut le CEO.

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Take Air veut devenir une référence sur la gestion de l’empreinte carbone. (Crédits : Leon Kuegeler)
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