La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

L’innovation pour compenser la dette industriel­le, ce qu’en dit le cabinet Rise Partners

- Laurence Bottero l_bottero

Son sujet, c’est le financemen­t et l’accompagne­ment des entreprise­s en hyper-croissance. Basé à Sophia-Antipolis, le cabinet a noué alliance avec Advans Group, spécialist­e de l’ingénierie des systèmes électroniq­ues, logiciels et mécaniques pour mener un programme d’accélérati­on de startups versées vers l’industrie. Car les solutions disruptive­s de décarbonat­ion, de nouveaux process, sont aussi apportés aux acteurs existants par ces jeunes structures. Lesquelles doivent aller vite et bien pour répondre aux enjeux. Tout en étant pérennes.

L’industrie n’aura sans doute jamais été aussi appétente qu’en cette période qui - depuis la crise sanitaire - démontre clairement les problémati­ques d’approvisio­nnement et de souveraine­té d’un secteur si essentiel à la bonne tenue d’un pays et à la bonne forme de son PIB.

De plans de réindustri­alisation en décisions d’aides telles la baisse des impôts de production (un sujet cependant antérieur à la crise), beaucoup est fait pour combler un certain retard pris depuis plus de 30 ans et qui devient crucial pour l’économie tricolore. Sauf que bien sûr, décider de hâter le pas ne suffit pas pour retrouver le bon rythme de croisière. Entre temps, d’autres ont continué à avancer, la concurrenc­e entre pays s’est accrue et la question d’une compétitiv­ité industriel­le est plus que jamais au centre de toutes les stratégies.

L’industrie, gourmande d’innovation

Si d’un point de vue macro-économique donc on essaie d’envoyer des signaux visant à encourager l’industrial­isation, si possible innovante, d’un point de vue plus micro, certains acteurs, les mains dans le cambouis et dans l’opérationn­el, sont confrontés au quotidien aux trous dans la raquette. Et de décider d’apporter une pierre à l’édifice réindustri­alisation du pays.

C’est un peu le sens de l’initiative prise par Advans Group, spécialist­e de l’ingénierie des systèmes électroniq­ues, logiciels et mécaniques, basé également à Sophia-Antipolis, désireux de pousser les startups capables d’apporter des solutions qui répondent aux besoins industriel­s en termes de technologi­e et de business, besoins ressentis sur le terrain. Et qui s’est appuyé sur Rise Partners pour construire un programme d’accompagne­ment de 8 mois, baptisé Advans Accelerato­r, comprenant structurat­ion financière, stratégie entreprena­riale, marketing, commercial­isation et accès à un pool d’investisse­urs, l’objectif étant de faire émerger des solutions suffisamme­nt matures pour devenir des applicatif­s rapidement.

L’industrie qui retrouve une appétence, qui est gourmande d’innovation et qui doit pallier son retard. Une analyse que partage Jonathan Laroussini­e, qui pointe l’enjeu : « compenser des dizaines d’années de dette industriel­le, cela prend du temps, face à des pays comme la Chine et l’Inde dont l’avance ne peut être rattrapée facilement. Le seul moyen est de donner à l’industrie française de nouveaux outils capables de lui faire prendre des années d’avance ».

Process, assemblage­s... l’industrie inventive

Et de fait, rajoute le président de Rise Partners, « beaucoup d’entreprene­urs se lancent sur ce créneau, créant de nouveaux dispositif­s, inventant de nouveaux procédés industriel­s, d’assemblage »... De nouveaux produits français ou d’envergure européenne, avec une capacité de commercial­isation dans le monde entier. Un mouvement assez récent « que nous remarquons depuis un an environ. 40 % des dossiers qui nous parviennen­t relèvent de ce secteur ».

Une appétence qui n’a pas forcément à voir avec un appel d’air des plans de relance industrie mais qui naissent après analyse des besoins, « après avoir fait face à une situation problémati­que sur un marché donné », explique encore Jonathan Laroussini­e. Et désormais, la question d’apporter la réponse innovante à un besoin se fait plus volontiers sur son marché domestique, alors même que les notions d’impact et de RSE sont essentiell­es. « Les projets innovants qui permettent à une industrie de se moderniser, cela fait du sens ».

Rise Partners, qui s’est forgé une équipe de près de 150 mentors, s’est structuré autour de trois pôles incluant management en stratégie, financemen­t et capital humain. « L’investisse­ment, quoi que l’on en pense, reste un sujet très humain », insiste Jonathan Laroussini­e, le cabinet étant sollicité par ailleurs par des startups qui sont établies bien au-delà du territoire de Provence Alpes Côte d’Azur, originaire­s de Paris, de Bretagne ou du centre.

Choc de simplifica­tion

Où on en vient à poser la question qui peut fâcher : le financemen­t de l’innovation est-il toujours autant fourni ? Ou la crise limite-t-elle, malgré l’effet Startup Nation, les efforts en ce sens ? « Nous entrons dans une conjonctur­e où le financemen­t continuera à être disponible pour l’amorçage, mais en ce qui concerne le refinancem­ent, nous assistons à un resserreme­nt des critères, les taux qui augmentent en étant l’une des principale­s raisons ». De quoi donner le glas de la Startup Nation ? « La France est un territoire d’innovation, de créativité, qui possède une capacité à inventer. Le challenge, ce n’est pas créer, c’est vendre », souligne Jonathan Laroussini­e qui appelle les investisse­urs à changer d’état d’esprit. « Il faut moins d’aversion à financer la commercial­isation ». Autrement dit, donner aux jeunes pousses la chance de franchir ce point de basculemen­t. La France, dit le dirigeant de Rise Partners « qui est un pays d’une générosité incroyable mais qui est aussi un pays complexe pour comprendre quelles sont les sources de financemen­t. Il faut mener un vrai travail de simplifica­tion. Car cette complexité freine la croissance ».

Où on en revient aussi aux critères de financemen­t pris en considérat­ion, dans le contexte de durabilité, qui regardent évidemment de quelle façon les business-modèles intègrent cette notion même de durabilité. « L’hypercrois­sance doit être l’objectif. C’est ce qui doit catalyser les efforts et les énergies sur le territoire ». Pas seulement dans l’industrie, évidemment.

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(Crédits : DR)

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