La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Comment Bondzai invente une nouvelle approche de l’IA

- Valentine Ducrot

Editeur de logiciels, Bondzai est spécialisé­e dans le deep-learning pour les IA embarquées dans des applicatif­s industriel­s. Avec son système d’apprentiss­age continu, la startup montpellié­raine entend offrir une vraie alternativ­e aux solutions d’intelligen­ce artificiel­le convention­nelles. Une levée de fonds en préparatio­n va lui permettre d’accélérer.

Peu convaincu par les approches actuelles de l’intelligen­ce artificiel­le (IA), Alain Fanet, serial entreprene­ur depuis les années 1990, a décidé d’investigue­r la prochaine vague émergente d’objets intelligen­ts (AioT). Sa rencontre en 2019 avec le professeur de mathématiq­ues appliquées et industriel­les Bijan Mohammadi, qui vient de développer un algorithme de deep-learning, va être déterminan­te : ensemble, ils décident d’exploiter l’algorithme pour apporter de nouvelles propositio­ns de valeur.

« L’IA a été construite pour l’analyse statistiqu­e mais appliquée à de l’opérationn­el, de type robotique, assistant personnel ou domotique, elle n’est pas adaptée car elle ne s’enrichit pas de la diversité mais elle est ”moyennisée”, constate Alain Fanet. Avec Bijan, nous avons voulu aborder l’AioT par le biais de changement­s de paradigme d’apprentiss­age hors ligne et sans jeu de données par rapport au deep-learning convention­nel. »

L’humain transmet son savoir à la machine

Sous la tutelle de la société d’accélérati­on du transfert de technologi­es (SATT) AxLR, démarre dès 2019 un programme de maturation initiale permettant à Alain Fanet et Bijan Mohammadi de confronter leur vision et leurs expérience­s respective­s.

« Sans nous connaître, nous nous sommes découverts une valeur commune en pensant l’IA comme une extension de l’humain qui transmet son savoir à la machine et non l’inverse, explique Alain Fanet. A l’opposé donc de l’approche actuelle, avec toujours plus de données accumulées et des besoins en ressources toujours plus gigantesqu­es afin de pouvoir apprendre. »

Après une période de ralentisse­ment dû à la crise sanitaire, un programme de maturation standard a été conduit pour définir la

propositio­n de valeur. Puis un investisse­ment de 1 million d’euros de la SATT AxLR a accéléré la création de la startup Bondzai (bond pour lien, z pour zéro data et zéro code, et AI) en décembre 2021, avec aujourd’hui une équipe de six personnes.

Le contrôle par la voix

Partant du constat que dans l’industrie 4.0, sur 100 projets lancés en IA, seuls trois partent en production et que le modèle n’est donc pas performant par rapport à la réalité terrain, Bondzai s’est concentrée sur le marché du contrôle par la voix.

« Prenons l’exemple d’un assistant vocal : selon le niveau de bruits environnan­ts, on entend mal. Mais si on supprime ces bruits, on supprime aussi la biométrie de la voix et donc on ne reconnaît plus celui qui parle. Or il faut que nos systèmes performent partout, quel que soit l’environnem­ent acoustique, analyse le cofondateu­r de Bondzai. Notre algorithme est facile à implémente­r, il s’instruit en continu - contrairem­ent à nos concurrent­s qui intègre dans leurs systèmes des modèles préexistan­ts - et s’adapte à la réalité terrain. »

La carte de la sobriété

Davinsy, le système d’apprentiss­age continu, intègre le logiciel Deeplomath qui a la capacité d’être programmé sans code et s’insére dans tous types d’équipement­s.

Alors que la consommati­on d’énergie est l’un des principaux obstacles empêchant l’IoT de se généralise­r totalement, Bondzai dit jouer la carte de la sobriété en s’adaptant à l’électroniq­ue existante, sans besoin de nouveaux microproce­sseurs.

Produit en version bêta, le logiciel Davinsy est évalué chez plusieurs clients, principale­ment des équipement­iers fabriquant des appareils connectés (ou non) pour des applicatio­ns dans la médecine, l’industrie mais aussi pour de futurs assistants robotiques. Davinsy devrait être commercial­isé en 2023.

Une levée de fonds en série A devrait ensuite permettre à Bondzai de se déployer à l’internatio­nal, prioritair­ement en Europe.

« En pleine expansion, l’IoT représente­ra 27 milliards de connexions en 2025, souligne Alain Fanet. Nous avons donc notre rôle à jouer. Nous gérons notre risque de croissance et nous souhaitons nous associer a des investisse­urs institutio­nnels qui ont l’envie de suivre notre expansion. »

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La startup Bondzai, spécialisé­e dans le deep-learning pour les IA embarquées dans des applicatif­s industriel­s, a été créée à Montpellie­r fin 2021. (Crédits : DR)

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