La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Influence : la France entre enfin en guerre
Emmanuel Macron souhaite la mise en place d’une stratégie nationale d’influence pour mieux protéger le pays contre les attaques hybrides, et notamment les attaques informationnelles.
Au moment où la France va honorer le soldat inconnu le 11 novembre, Emmanuel Macron a souhaité mercredi plus d’un siècle plus tard la mise en place d’une stratégie nationale d’influence pour mieux protéger le pays contre les attaques hybrides, notamment les attaques informationnelles, qui pourraient être tout aussi dévastatrices qu’un champ de bataille à l’ancienne. La période actuelle avec ses nombreuses crises internationales « marque un saut sans précédent dans l’univers hybride, qui est certes aussi vieux que la guerre, mais dont certaines puissances ont su intégrer et décupler les pratiques néfastes à l’ère digitale » , a averti mercredi le Chef de l’État lors de son discours de Toulon, où il a présenté la Revue nationale stratégique.
« Aussi, l’influence sera-t-elle désormais une fonction stratégique dotée de moyens substantiels et coordonnée au plan interministériel, avec, pour sa déclinaison internationale, un rôle central du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères », a promis Emmanuel Macron.
Dans toutes ses dimensions - diplomatique, militaire, économique, culturelle, sportive, linguistique, informationnelle -, l’influence est un domaine de contestation, qui impose désormais une réponse beaucoup mieux coordonnée de la part de la France. Cette stratégie d’influence s’inscrit d’abord dans un temps long. Par exemple, il faut reprendre de façon plus stratégique et systématique la formation de militaires étrangers et des élites étrangères, l’animation de réseaux, la contribution à
la recherche universitaire, l’aide au développement économique, etc... comme le suggère la Revue nationale stratégique. Ce qui est juste une question de bon sens. Cette stratégie induit également la connaissance des leviers d’influence déployés par nos partenaires, compétiteurs et adversaires.
Le Quai d’Orsay au centre du dispositif
et de contrainte de la part de certains régimes.
contrer. Aujourd’hui, elle est beaucoup mieux armée. Ainsi, dans l’affaire de Gossi, qui est devenu aujourd’hui un cas d’école : les mercenaires de Wagner ont voulu imputer aux soldats français des charniers proches d’un camp que la France avait restitué au Mali. « Nous avons pu exposer extrêmement rapidement cette manipulation d’informations. Donc, on était organisé pour le faire » , rappelle-t-on à l’Élysée.
Emmanuel Macron souhaite une prise en compte de cette situation partout où les armées peuvent être amenées à se déployer. « Les formes traditionnelles sur lesquelles cette fonction (prévention des conflits dans des zones où la France se éploie, ndlr) se déclinait, avec des présences de nos forces à l’étranger, parfois vécues comme des contestations de souveraineté par certains ou utilisées par des puissances ennemies dans le champ de la lutte informationnelle, nous devons les réinventer radicalement dans l’espace et dans le temps » ,a clairement expliqué le Chef de l’État. L’armée va devoir « profondément changer de méthode » , a-t-il insisté. A la France de se montrer innovante et sioux.
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