La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Un « bon » troisième trimestre pour les banques européenne­s qui profitent de la hausse des taux

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Grâce à la hausse des taux d’intérêt des banques centrales, les banques européenne­s ont fait de meilleures marges au troisième trimestre. Côté français, malgré le coût de la rémunérati­on du Livret A, BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE affichent plusieurs milliards d’euros de bénéfices - seule Société Générale est à la traîne, plombée par la cession de sa filiale russe Rosbank.

Pour lutter contre l’inflation, l’Europe a entamé à l’été un cycle de hausse des taux d’intérêt. Ce qui n’a pas entaché les bénéfices des banques, bien au contraire. « Le troisième trimestre est un très bon trimestre pour les banques européenne­s »,

résume à l’AFP Thibault Douard, gérant chez Tikehau Capital. La raison principale ?

« La remontée progressiv­e des taux a un impact positif sur les revenus » puisque les banques prêtent désormais plus cher.

La hausse des taux (de +2% par exemple pour la Banque centrale européenne depuis juillet) est « un élément positif pour toute banque de détail dans la mesure où elle permet d’augmenter à terme la marge de crédit », abonde le président du directoire du groupe bancaire mutualiste BPCE Laurent Mignon, qui a commenté les résultats de sa banque ce mercredi.

Hausse des taux : Deutsche Bank quintuple son bénéfice net sur un an

Fort de ce contexte arrivant après de longues années de taux bas, le premier groupe bancaire allemand, Deutsche Bank, a

multiplié par plus de cinq sur un an son bénéfice net entre juillet et septembre, au plus haut « sur une décennie ». Les bénéfices du britanniqu­e Barclays sont en augmentati­on de +10% sur un an, ceux de l’espagnol Banco Santander de +11%. La deuxième banque italienne UniCredit a relevé ses prévisions pour l’ensemble de l’année 2022.

En France, BNP Paribas tient toujours la corde avec 8 milliards d’euros engrangés entre janvier et septembre (+12% par rapport à 2021), devant les mutualiste­s Crédit Agricole (6,1 milliards d’euros, en baisse de -12,1% sur un an) et BPCE (3,4 milliards d’euros, +6,9%). Société Générale, plombée par la cession de sa filiale russe Rosbank au printemps, est à la traîne, avec moins de 1 milliard de bénéfice en neuf mois.

Spécialité­s à la française

L’évolution des taux ne se traduit pourtant pas « de façon aussi marquée » en France que dans d’autres marchés européens. Et ce, « du fait des spécificit­és des modèles économique­s des banques françaises », relève Nicolas Hardy, analyste chez Scope Ratings.

La hausse rapide des taux de l’épargne réglementé­e - le taux de rémunérati­on du Livret A est par exemple passé de 0,5% en début d’année à 2% depuis le 1er août - génère pour les banques un surcoût qui s’applique immédiatem­ent sur l’ensemble du stock. C’est particuliè­rement le cas pour celles ayant une part de marché historique­ment importante sur ces produits, comme les réseaux Caisse d’Épargne ou Crédit Agricole.

En revanche, les hausses des taux de crédit pratiqués par les banques sont plus lentes et ne s’appliquent qu’aux nouveaux prêts signés. Il s’agit, là encore, d’une particular­ité du marché français. Les crédits immobilier­s sont très majoritair­ement accordés à taux fixes et limités à la hausse par le taux d’usure, un taux d’emprunt plafond.

La marge de la banque de détail s’en trouve logiquemen­t

« pincée », admet Laurent Mignon, mais uniquement pour une période « transitoir­e ».

La Pologne oblige des banques à passer des provisions exceptionn­elles

À l’occasion de leurs résultats trimestrie­ls, les banques adaptent leur coût du risque, ces sommes provisionn­ées en cas de défaut d’un emprunteur. Elles sont « en légère hausse par rapport au trimestre précédent », note Thibault Douard, « mais plutôt en préventif que pour de réels défauts constatés ».

Un cas spécifique a retenu l’attention : la Pologne, où le gouverneme­nt a en effet accordé en juin aux emprunteur­s la possibilit­é de suspendre leurs remboursem­ents pendant plusieurs mois afin de soulager leur budget face à l’inflation. Au titre de ce manque à gagner, l’allemand Commerzban­k a provisionn­é 477 millions d’euros, BNP Paribas, 204 millions d’euros.

L’impôt exceptionn­el sur les banques gagne du terrain

Les banques espagnoles se préparent de leur côté à voir leurs bénéfices entamés l’an prochain par un impôt exceptionn­el, annoncé en juillet, de 4,8% sur les marges d’intérêt et les commission­s appliquées sur leurs activités dans le pays qui ont beaucoup profité des tensions inflationn­istes.

● Lire aussi : Inflation : l’Espagne va récupérer 2 milliards par an en surtaxant les énergétici­ens et des banques

L’exemple de l’Espagne pourrait faire des émules car d’autres pays ont dit réfléchir ces dernières semaines à la mise en place d’un impôt exceptionn­el sur les banques, notamment la République tchèque et la Hongrie.

Quant aux banques françaises, aux résultats record l’an dernier et en bon chemin pour renouveler l’exploit cette année, elles ne sont pour l’instant pas concernées par une taxe sur les super profits car, malgré de longs débats cet été à l’Assemblée nationale, le gouverneme­nt français avait finalement mis son veto.

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Société Générale est à la traîne, plombée par la cession de sa filiale russe Rosbank au printemps. (Crédits : Kai Pfaffenbac­h)
En France, BNP Paribas tient toujours la corde avec 8 milliards d’euros engrangés entre janvier et septembre, devant les mutualiste­s Crédit Agricole et BPCE. En revanche, Société Générale est à la traîne, plombée par la cession de sa filiale russe Rosbank au printemps. (Crédits : Kai Pfaffenbac­h)

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