La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Dans les PME, les bas salaires ont été plus augmentés que les hauts salaires, « habituelle­ment, c’est l’inverse »

- Latribune.fr

Selon un baromètre publié ce mercredi par le Cercle Perspectiv­es et fondé sur l’analyse de 430.000 bulletins de paie, les salaires des employés des petites entreprise­s ont augmenté de 3,1% entre décembre 2021 et juin 2022. Les femmes et les non-cadres ont obtenu des augmentati­ons plus sensibles que les cadres. « Habituelle­ment, c’est l’inverse », observe le président de l’organisme profession­nel regroupant de grands cabinets d’expertise-comptable français.

Lors du premier semestre de l’année, plus précisémen­t entre décembre 2021 et juin 2022, les salaires dans les PME et les très petites entreprise­s (TPE) ont augmenté de 3,1%. C’est le chiffre auquel est arrivé le cercle Perspectiv­es, qui regroupe 17 cabinets d’expertise comptable, après l’analyse de plus de 430.000 bulletins de paie avec l’aide du cabinet d’études Init.

Un « alignement progressif sur les salaires francilien­s »

On peut noter déjà que la hausse moyenne des salaires non-cadres, soit 3,14%, a été plus forte que celles des cadres, à 2,76%. « Habituelle­ment, c’est l’inverse », a relevé dans un entretien à l’AFP Laurent Chapart, président du cercle Perspectiv­es. « Traditionn­ellement dans les entreprise­s, on augmentait beaucoup plus les hauts salaires que les bas salaires ». Par ailleurs, les augmentati­ons ont aussi été légèrement plus fortes pour les femmes (3,16%) que pour les hommes (3,05%), ce qui constitue un « potentiel rattrapage » selon les cabinets d’expertise comptable, les salaires des femmes étant en

moyenne moins élevés que ceux des hommes. Autre enseigneme­nt, on assiste, selon les experts comptables, à un « alignement progressif sur les salaires francilien­s ». Ainsi les PME/TPE des Hauts-de-France (3,23%), d’Auvergne-RhôneAlpes (3,20%), des Pays de la Loire (3,22%), de Bretagne (3,17%) et de Nouvelle-Aquitaine (3,17%) enregistre­nt des hausses de salaires plus fortes que celles d’Ile-de-France (2,99%).

L’hébergemen­t-restaurati­on, le secteur le plus généreux

« Sur toute la zone atlantique, il y a beaucoup d’entreprise­s de la restaurati­on et de l’hôtellerie, ce qui doit contribuer mécaniquem­ent » à une hausse plus forte des salaires dans ces régions ». En effet, le secteur « l’hébergemen­t restaurati­on » arrive en tête avec 5,23% de hausse salariale sur la période, suivi par le secteur transport et entreposag­e (3,68%). En queue de peloton, on trouve l’enseigneme­nt (2,55%), ainsi que le secteur santé humaine et action sociale (2,4%). Ce niveau de hausse des salaires correspond à peu près à celui de l’inflation constatée au début de l’année 2022, mais la hausse des prix s’est, depuis, fortement accélérée, à 6,2% sur un an en octobre.

Zoom - Avec l’inflation, certains Français peinent à conserver une alimentati­on saine

L’inflation, en particulie­r celle sur les produits alimentair­es (+12% sur un an en octobre, selon l’Insee), risque de dégrader la qualité de l’alimentati­on des Français. Nicole Darmon, directrice de recherche à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agricultur­e, l’alimentati­on et l’environnem­ent), s’inquiète surtout d’une baisse de consommati­on des fruits et légumes, essentiels pour une alimentati­on équilibrée mais qui « deviennent tous chers » (+33,9% en octobre sur un an pour les légumes frais). L’experte en nutrition explique que cette catégorie d’aliments constitue depuis longtemps le véritable marqueur « du statut socio-économique » des consommate­urs - celle qui passe le plus souvent à la trappe chez les moins aisés-, « et pas la viande comme on pourrait penser ». Mais que cela risque de « s’accroître » avec l’inflation. « Quand on est soumis à de fortes contrainte­s budgétaire­s, on va plutôt s’orienter vers des sources de calories pas chères comme les féculents raffinés - pâtes, riz, pain blanc- et les produits gras et sucrés », affirme-t-elle, au risque de ne pas apporter tous les « nutriments protecteur­s » - fibres, vitamines, minéraux d’acides gras essentiels- dont le corps a besoin.

 ?? ?? Avec 5,23% de hausse salariale sur le premier semestre 2022, le secteur « hôtellerie-restaurati­on » a été le plus généreux. (Crédits : Pascal Rossignol)
Avec 5,23% de hausse salariale sur le premier semestre 2022, le secteur « hôtellerie-restaurati­on » a été le plus généreux. (Crédits : Pascal Rossignol)

Newspapers in French

Newspapers from France