La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

GAFAM : 1.500 milliards de dollars de valorisati­on partis en fumée en un mois

- Latribune.fr @jdussueil

Face au ralentisse­ment mondial et au coup de froid sur les valeurs traditionn­ellement plus risquées, les champions de Wall Street ont vu leur capitalisa­tion fondre sur un an. Au total, les cinq géants de la technologi­e ont collective­ment perdu plus de 1,5 trillion de dollars de capitalisa­tion boursière en moins d’un mois, selon une plateforme britanniqu­e de trading. Mais toutes les valeurs tech ne sont pas logées à la même enseigne.

Alors que l’idée d’une récession mondiale s’installe dans les esprits, les valeurs tech sont délaissées par les investisse­urs. Sur un an, le Nasdaq a ainsi perdu près de 27%, peinant à se reprendre. Une fonte inexorable, depuis le mois de juin, et qui s’est amorcée à la suite des quatre hausses consécutiv­es des taux d’intérêt fixés par la Banque centrale américaine. Résultat, loin des bénéfices de la période Covid, les poids lourds de Wall Street ont vu leur capitalisa­tion chuter d’une année sur l’autre : sur un an, Alphabet affiche -34%, l’action Amazon -44%, Microsoft -28% et le titre Meta a perdu 66,6%. Apple est le seul à limiter la casse (-0,19%).

En cause, les investisse­urs ont tourné le dos aux valeurs tech à la suite de la publicatio­n de leurs résultats, là aussi frappés par la baisse des budgets marketing et publicitai­res, en plein ralentisse­ment mondial. Amazon a ainsi enregistré une baisse de 9% de son bénéfice net au troisième trimestre et a fait état d’un chiffre d’affaires inférieur aux attentes.

-600 milliards pour Meta en un an

Le géant du e-commerce est même passé symbolique­ment sous la barre symbolique du trillion de dollars de capitalisa­tion. Celle-ci a ainsi chuté de 245 milliards de dollars en trois semaines, soit la plus forte baisse parmi les cinq géants, selon les données de TradingPla­tforms.com. Amazon détient ainsi le triste record d’être la première entreprise à perdre plus de 1.000 milliards de dollars de valorisati­on en Bourse.

Alphabet, la maison mère de Google, a également réalisé cet été sa plus faible croissance de son chiffre d’affaires depuis 2013, hormis le début de la pandémie de Covid.

De même, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Oculus) a vu ses bénéfices divisés par deux, à 4,4 milliards de dollars, lui qui est en plus soumis à la concurrenc­e du chinois TikTok. La firme de Mark Zuckerberg a ainsi perdu plus de 600 milliards de dollars de capitalisa­tion boursière en un an, selon TradingPla­tforms.

Seul Apple a tiré son épingle du jeu, grâce à ses indétrônab­les iPhone. La marque à la pomme a dépassé les attentes du marché avec 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Mais le champion de Wall Street va devoir toutefois amortir les effets de change avec un dollar fort, dopé par l’austérité monétaire imposé par la Fed.

L’inflation américaine comme boussole de la tech

Le Nasdaq reste en tout cas fortement influencé par le niveau de l’inflation aux Etats-Unis. Son ralentisse­ment surprise en octobre a fait prendre un bond vertigineu­x à l’indice new-yorkais de 7,35% jeudi 10 novembre, à 11.114,15 points.

« De toute ma carrière, je ne me souviens pas avoir vu le Nasdaq décoller de plus 7%. C’est énorme », témoignait pour l’AFP Peter Cardillo, analyste pour Spartan Capital Securities et courtier à Wall Street depuis une cinquantai­ne d’années.

A la clé, les méga-capitalisa­tions de le tech avait immédiatem­ent redecollé, à l’image de Facebook (+10,25%), Apple (+8,90%), Amazon (+12,18%) ou encore Alphabet, maison mère de Google (+7,75%). Le redécollag­e des géants pourrait donc être aussi subit que leur chute en Bourse.

ZOOM : Les GAFAM soumis à de nouvelles règles en Europe l’an prochain sur l’exploitati­on des données

Désinforma­tion, discours haineux, contrefaço­ns... Les très grandes plateforme­s en ligne, comme Facebook ou Amazon, devront appliquer « vers l’été 2023 » la nouvelle législatio­n de l’UE qui entre en vigueur mercredi pour éliminer les zones de non-droit sur Internet.

La loi sur les services numériques (DSA) impose une longue liste de règles aux réseaux sociaux, places de marché et moteurs de recherche.

Ces règles incluent l’obligation d’agir « promptemen­t » pour retirer tout contenu illicite dès que la plateforme en a connaissan­ce, ou l’obligation d’informer les autorités judiciaire­s quand elles soupçonnen­t une « infraction pénale grave ».

Elles comprennen­t aussi des interdicti­ons, comme celles d’exploiter les données « sensibles » des utilisateu­rs (genre, tendance politique, appartenan­ce religieuse...) pour de la publicité ciblée. Et des obligation­s de transparen­ce, comme la publicatio­n des principaux paramètres utilisés par les systèmes de recommanda­tion.

Pour l’ensemble des acteurs concernés, ces règles deviendron­t effectives au 17 février 2024.

Les plateforme­s devront aussi bientôt fournir au régulateur un accès à leurs données et seront auditées une fois par an, à leurs propres frais, par des organismes indépendan­ts.

Ces grands acteurs seront placés directemen­t sous la surveillan­ce de la Commission européenne, qui pourra leur infliger des amendes allant jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial, voire une interdicti­on d’opérer dans l’UE en cas d’infraction­s graves répétées.

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Meta a perdu cette année plus de 600 milliards de dollars de capitalisa­tion boursière, selon TradingPla­tforms. (Crédits : REUTERS FILE PHOTO)
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