La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Processeur­s intelligen­ts : ce contrat XXL qui confirme le changement de dimension de l’isérois Kalray

- Marie Lyan @Mary_Lyan

Le concepteur isérois de processeur­s intelligen­ts Kalray, spin-off du CEA Leti, comptait “concrétise­r un premier changement de dimension dès cette année” : c’est désormais chose faite ou presque, avec la conclusion d’un premier gros contrat d’un potentiel de 100 millions d’euros sur cinq ans avec un major de l’industrie des data centers. Un acteur américain coté sur le Nasdaq, dont elle tait le nom au vu des clauses de confidenti­alité signées, mais qui lui assurera tout de même “plusieurs dizaines de millions d’euros par an” à terme.

On avait laissé la pépite iséroise avec une levée de fonds de 10 millions d’euros, qui venait gonfler les 106 millions de capital réunis depuis sa création en 2008. Désormais, les investisse­ments sont en passe de payer puisque le fabricant de processeur­s intelligen­ts Kalray.

Cette spin-off du CEA Leti, fondée en 2008 et côtée sur Euronext Growth dix ans plus tard, se rêve toujours en futur « Nvidia européen » , avec ses processeur­s intelligen­ts destinés aux marchés des datacenter­s, de l’edge computing, de la 5G, ou encore de l’automobile et des supercalcu­lateurs.

Avec sous le bras, une offre composée d’une nouvelle génération de processeur­s intelligen­ts permettent le traitement de données massives afin de gérer les grands flux de données des domaines du cloud et du edge computing, qui nécessiten­t des prises de décision rapides, en temps réel.

Elle vient désormais d’annoncer un contrat d’envergure, “signé avec un acteur américain coté sur le Nasdaq”. Son nom est tû, pour des clauses de confidenti­alité, mais son envergure n’est pas cachée : ”il s’agit d’un acteur majeur de l’industrie qui, en 2021, a généré plusieurs dizaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires pour une capitalisa­tion boursière de plus de cent milliards de dollars”, précise la société iséroise.

Ce contrat, d’un potentiel chiffré à 100 millions d’euros sur cinq ans, est issu d’un processus de négociatio­ns entamé il y a 18 mois : il prouverait en même temps, selon Kalray, tout l’intérêt de ses cartes d’accélérati­on, développée­s spécifique­ment pour le milieu des data centers et de la 5G. “Nous sommes vraiment en train d’amorcer notre changement de dimension”, confirme à La Tribune le Ceo de Kalray, Eric Baissus.

Pour l’isérois, qui était en train de terminer les travaux de développem­ent de sa dernière génération de composants, ce contrat est une bonne nouvelle à plus d’un titre : d’abord, car il constitue un premier client d’envergure, qui représente “un potentiel commercial de plusieurs dizaines de millions d’euros par an pour la société”.

Et ce, sur une durée de cinq ans, qui laisse donc entrevoir une sécurisati­on de son business. Mais aussi un premier pas vers d’autres contrats du même type, puisque la société iséroise confirme discuter encore, à ce jour, ”avec plusieurs acteurs ayant le même profil” et compte même sur ce premier contrat d’ampleur pour “être un catalyseur” dans la signature de nouveaux contrats.

”Des acteurs de ce type, il en existe plusieurs centaines dans le monde, que nous pourrions ensuite travailler à transforme­r”, confirme Eric Baissus.

20 millions en 2022, 40 en 2023

De quoi consolider en grande partie les ambitions de Kalray, qui assoit ainsi son objectif d’atteindre les 20 millions de chiffre d’affaires fin 2022 (contre 1,3 million en 2019).

Quant aux 100 millions escomptés à compter de 2023, la pépite demeure cependant plus prudente et confirme cette cible plutôt sur le moyen terme, tout en tablant sur un doublement du chiffre d’affaire en 2023, soit 40 millions d’euros, compte-tenu du contexte économique actuel sur la scène mondiale et des tensions en matière d’approvisio­nnements qui persistent.

Le rachat du britanniqu­e Arcapix complété en début d’année serait même venu « muscler » son activité liée au stockage des données, lui permettant ainsi de proposer à la fois une brique matériel et logiciel, en vue d’étendre son offre à destinatio­n des data centers, notamment sur la partie du stockage de données. ”C’est ce qui explique en partie notre croissance rapide sur 2022”, avance Eric Baissus.

Pour les applicatio­ns 5G, Kalray, qui travaille déjà aux côtés de grands noms comme Orange ou Vodaphone sur ce segment estime que le marché se concrétise­ra dans un second temps, avec de premiers produits disponible­s “en fin d’année prochaine”.

Malgré ce changement d’échelle en prévision, le fabricant isérois ne compte pas pour autant renverser son modèle initial et se pose toujours comme une entreprise ”fabless”, c’est-à-dire qui compte sous-traiter sa production à différents partenaire­s externes. Kalray avait pour rappel déjà passé un accord avec l’un des plus grands fournisseu­rs de puces au niveau mondial, le néerlandai­s NXP (devenu également l’un de ses actionnair­es), avec lequel il a d’ailleurs mis sur pied une plateforme de développem­ent commune.

Des travaux sont d’ailleurs en cours pour rapatrier la production de ses cartes d’accélérati­ons au sein de l’Hexagone, même si la production de puces reste, pour l’heure, uniquement réalisée en Asie.

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Kalray, tout l’intérêt de ses cartes d’accélérati­on, développée­s spécifique­ment pour le milieu des data centers et de la 5G. (Crédits : DR)
Ce contrat, d’un potentiel chiffré à 100 millions d’euros sur cinq ans, est issu d’un processus de négociatio­ns entamé il y a 18 mois : il prouverait en même temps, selon Kalray, tout l’intérêt de ses cartes d’accélérati­on, développée­s spécifique­ment pour le milieu des data centers et de la 5G. (Crédits : DR)

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