La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Brosse à dents made in France : ces grands noms lyonnais qui viennent d’investir 6 millions dans Y-Brush
La startup industrielle lyonnaise Y-Brush vient de lever 6 millions d’euros auprès de Bpifrance et de plusieurs acteurs économiques lyonnais notoires. Une bonne nouvelle pour la jeune pousse, qui remarque cependant la frilosité actuelle des fonds d’investissements traditionnels à financer des projets hardware. Elle persiste et signe quant à ses objectifs de produire annuellement jusqu’à un million de brosses à dents d’ici cinq ans, avec à la clé, une technologie innovante (et made in France) qui permet un brossage en seulement 10 secondes.
Benjamin Cohen est fier. Et soulagé. Le dirigeant d’Y-Brush, la startup lyonnaise qu’il avait co-fondée en 2017 avec Christophe Cadot, annonce le closing d’une nouvelle levée de fonds de six millions d’euros pour porter le développement des ventes de sa brosse à dents électrique en forme de Y, après une première phase amorcée début 2022 de 5 millions d’euros.
Une brosse à dents tapissée de 35.000 petits poils de nylon permettant un brossage efficace en 10 secondes, seulement grâce à une action simultanée sur l’ensemble de la dentition.
Y-Brush s’affiche comme la seule brosse à dents électrique fabriquée en France. Et pourtant... Mener la levée de fonds jusqu’à son terme, a relevé du parcours du combattant. La faute, selon Benjamin Cohen, à un désintérêt des fonds d’investissement, en France, pour le hardware.
« Les fonds d’investissement ne sont pas très friands des sujets hardware. Ils les jugent trop risqués, peu rentables. En France, il est quasiment impossible de lever des fonds pour le hardware dans les phases d’amorçage et de passage à l’échelle. Les choses ont un peu évolué ces dernières années, avec des fonds spécifiques de Bpi par exemple ou des fonds régionaux, mais globalement, c’est toujours beaucoup plus complexe que pour le soft, il faut souvent aller à l’international pour se financer » , analyse l’entrepreneur.
Face à ce constat, Y-Brush a emprunté une autre voie pour son tour de table de 6 millions d’euros. Avec la remise au pot de ses investisseurs historiques mais aussi le soutien de Bpifrance via le fonds French Tech Seed (leader de ce tour de table) et de plusieurs banques (CIC, BNP, BP AURA).
« Nous sommes également allés chercher des investisseurs privés dont les compétences et les réseaux seront précieux »
Dans l’Hexagone, la brosse à dents lyonnaise est aujourd’hui disponible en ligne (site e-commerce Y-Brush, Amazon, Fnac. fr etc) et dans une centaine de magasins (notamment les réseaux Darty et Boulanger).
Objectif : accélérer sur les deux canaux et atteindre le cap des 300 points de vente l’année prochaine. A l’international, où Y-Brush exporte déjà 30% de son chiffre d’affaires uniquement grâce à son site de vente en ligne, l’ambition est d’ouvrir deux nouveaux pays par an (en ligne et en points de vente physiques). L’entreprise a déjà signé un partenariat avec un distributeur en Italie.
Y-Brush avait vendu 20.000 unités en 2020, 60.000 en 2021 et annonçait à La Tribune (en mars dernier) 200.000 brosses à dents pour 2022. Un objectif que Benjamin Cohen n’a pas souhaité commenter de nouveau à l’occasion de cette levée de fonds, en raison d’une forte activité attendue cette fin d’année, notamment à l’occasion du Black Friday.
En parallèle de sa brosse à dent, Y-Brush a développé une gamme complémentaire avec un second modèle moins onéreux, lancé en septembre dernier - et qui devrait permettre de contrecarrer l’impact de la baisse de pouvoir d’achat liée à l’inflation - ainsi que des produits annexes (dentifrice à croquer, fil dentaire) fabriqués par des partenaires français.