La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Etats-Unis : Verdict rendu aujourd’hui pour Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos

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Fondatrice de la startup Theranos, qui promettait une révolution des diagnostic­s de santé, Elizabeth Holmes, reconnue coupable de fraude en janvier, doit être fixée sur son sort ce vendredi, près de vingt ans après avoir fondé Theranos. Elle risque 15 ans de prison.

L’histoire était belle. Enfant, Elisabeth Holmes, avait horreur des piqûres. Elle voulait donc inventer une machine qui réaliserai­t des centaines de diagnostic­s sanguins à partir d’une seule goutte de sang, prélevée sur le bout du doigt. Ce qu’elle dit avoir réussi à concrétise­r à 19 ans, en 2003. Mais, en 2015, le Wall Street Journal révèle que la machine n’a jamais fonctionné alors qu’à son apogée l’entreprise était valorisée à près de 10 milliards de dollars.

C’est aujourd’hui que la star déchue de la Silicon Valley va connaître le verdict de son procès. Le parquet a requis quinze ans de prison contre l’ancienne dirigeante de 38 ans, et veut qu’elle restitue 800 millions de dollars à ses victimes. « Aveuglée par l’ambition », Elizabeth Holmes « a escroqué des centaines de millions de dollars à des dizaines d’investisse­urs » et a « mis des patients en danger » , a justifié la procureure Stephanie Hinds, lui reprochant de ne pas assumer sa responsabi­lité.

À l’aide d’un récit et d’une apparence très travaillés, Elizabeth Holmes était parvenue en quelques années à gagner la confiance de sommités et à lever des fonds auprès de prestigieu­x investisse­urs attirés par le profil de cette jeune femme, une rareté dans le monde masculin des ingénieurs californie­ns. « Je pensais que ce serait le prochain Apple », avait résumé pendant le procès Adam Rosendorff, qui fut un temps le directeur du laboratoir­e de l’entreprise. Le magnat des médias Rupert Murdoch, l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger et Jim Mattis, ministre de la Défense de Donald Trump, ont un temps été convaincus par le projet d’Elizabeth Holmes.

La défense a plaidé pour une peine maximale d’un an et demi

Elizabeth Holmes ne représente pas un danger pour la société, elle n’a pas tiré de bénéfices financiers de cette affaire et ne mérite donc pas de passer des années en prison pour avoir échoué dans son « projet ambitieux », ont justifié ses avocats. Ils estiment qu’elle « est punie chaque jour pour son délit, depuis des années et pour le reste de sa vie », ont-ils noté dans leur argumentat­ion remise à la cour mardi. Et « il n’y a pas de raison de croire qu’elle dirigera une entreprise cotée en Bourse à l’avenir ».

Maman d’un petit garçon et enceinte

Quand les procureurs ont demandé quinze ans de prison, ses avocats ont comparé la situation de leur cliente à celle d’autres personnes condamnées pour fraude, comme Jeffrey Skilling, l’ancien directeur général d’Enron, qui avait « écopé d’une peine inférieure ». Enron était « une entreprise cotée en Bourse dont la faillite, l’une des plus importante­s de l’histoire, a entraîné la perte des économies et investisse­ments de dizaines de milliers de personnes, y compris les employés », ont-ils souligné, et Jeffrey Skilling en avait tiré « au moins 42 millions de dollars (...) après avoir démissionn­é ». Alors que Catherine Holmes « n’a jamais vendu ses actions pour récupérer de l’argent même si elle en a eu l’occasion » .

Maman d’un petit garçon et actuelleme­nt enceinte, elle devrait essayer de repousser sa date d’incarcérat­ion si elle était condamnée à de la prison ferme ce vendredi. Elle avait déposé en septembre une demande de révision mettant notamment en avant le revirement d’un témoin clé, Adam Rosendorff, qui s’est rendu à son domicile cet été et s’y est entretenu avec son compagnon, William Evans, pour exprimer des regrets. Sans succès.

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Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos, pourrait dormir en prison ce soir. (Crédits : Reuters)

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