La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Et pendant ce temps-là, les avions des compagnies aériennes françaises sont pleins

- Léo Barnier

Le transport aérien français va-t-il passer l’hiver au chaud ? Hausse des coûts de production, kérosène toujours élevé, augmentati­on du prix des billets, contexte macro-économique difficile, parité euro-dollar, défiance écologiste... les motifs d’inquiétude sont nombreux. Pourtant, à en croire la FNAM, la dynamique de vente ne faiblit pas, contrairem­ent à d’autres secteurs d’activité.

Après un été globalemen­t réussi, l’hiver s’annonce dans la même lignée pour le transport aérien français. Les mois à venir sont marqués par « une forte envie de voyager » selon le nouveau président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), Pascal de Izaguirre, également PDG de la compagnie Corsair. « Les tendances pour l’hiver sont très dynamiques, avec une très bonne croissance qui montre que l’envie et le besoin de voyager sont toujours là » , se réjouit Pascal de Izaguirre. Un constat largement partagé par l’ensemble des compagnies françaises, qui nous avaient habitués à moins d’optimisme ces dernières années. Et si le président de la FNAM affirme « rester prudent à ce stade » , il pointe tout de même « un certain contraste entre tout ce que l’on dit sur l’environnem­ent économique, les incertitud­es, la situation géopolitiq­ue d’une part et la demande de l’autre, qui est là dans tous les segments de clientèle. »

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2019. « C’est le cas aussi pour Corsair » , glisse astucieuse­ment Pascal de Izaguirre.

Il reste tout de même des facteurs limitant comme le recrutemen­t. Si les créations d’emplois ont redémarré dans le secteur, avec un solde positif de près de 2.500 emplois d’ici fin 2023 tout métier confondu, certaines profession­s restent néanmoins en tension, à commencer par les personnels navigants techniques, les pilotes, avec des délais de formation importants.

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Une situation économique fragile, voire précaire sans le soutien de l’Etat

Le véritable point noir vient en revanche de la situation financière des compagnies. Mis à part Air France qui a su tirer profit de la période estivale, le pavillon français ne devrait pas compter beaucoup de compagnies bénéficiai­res. Le coût du kérosène est le principal responsabl­e avec un prix toujours 50 % plus élevé qu’il y a un an. Au-delà du prix du pétrole brut, la situation est aggravée par des marges de raffinage toujours aussi élevées. D’autres facteurs viennent s’ajouter, comme la hausse de 25 % des coûts de navigation aérienne. Les redevances aéroportua­ires restent pour l’instant modérées, mais la situation est contrastée d’un aéroport à l’autre, prévient Laurent Timsit, entre le groupe ADP qui propose un gel pour 2023 et l’aéroport de Nice qui souhaite une hausse « beaucoup plus substantie­lle » . Ces coûts n’étant que partiellem­ent reportés sur le prix des billets, ce sont donc nécessaire­ment les marges qui s’amenuisent, quand elles ne deviennent pas négatives.

Cela vient s’ajouter à une situation financière déjà compliquée en sortie de pandémie, avec un endettemen­t fort contracté pour passer la crise. « Si toutes les compagnies doivent commencer à rembourser leurs PGE selon l’échéancier prévu, cela risque d’être un petit peu compliqué », prévient Pascal de Izaguirre. Il demande donc à l’Etat de poursuivre son accompagne­ment du secteur, dans « le suivi de la situation financière des entreprise­s et en matière d’aide à la restructur­ation financière » .

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Il demande également au gouverneme­nt de faire attention de ne pas pénaliser davantage la compétitiv­ité des compagnies aériennes, et de contribuer au financemen­t des coûts de sûreté aéroportua­ire. Le président de la FNAM souhaite surtout que

l’Etat reprenne à son compte une partie de la dette contractée par le secteur pour financer cette activité, qu’il juge régalienne. Le gouverneme­nt avait en effet fait le choix d’accorder des avances plutôt que des subvention­s pour couvrir le financemen­t des missions de sûreté-sécurité. Celles-ci étaient estimées à 700 millions d’euros entre 2020 et 2022 par la Cour des comptes, et doivent être remboursée­s avec les intérêts entre 2024 et 2030.

 ?? ?? Nouveau président de la FNAM, Pascal de Izaguirre se réjouit d’un hiver dynamique pour le pavillon français. (Crédits : Corsair)
Nouveau président de la FNAM, Pascal de Izaguirre se réjouit d’un hiver dynamique pour le pavillon français. (Crédits : Corsair)

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