La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

« La nouvelle ligne-pilote de R&D nous permet aussi de développer un processus de production moins énergivore » (O. Reymond, Royal Canin)

- Cécile Chaigneau @CChaigneau

ENTRETIEN – Royal Canin, dont le siège monde est basé dans le Gard, vient d’inaugurer sa nouvelle ligne-pilote de R&D. Présidé depuis juillet dernier par Cécile Coutens, le groupe y développe de nouvelles gammes de produits mais aussi un processus de production moins énergivore. Le vice-président du groupe Olivier Reymond, fait un point avec La Tribune.

Royal Canin, entreprise de la division “Petcare” du géant américain Mars et présidé depuis juillet 2022 par Cécile Coutens, fête son 50e anniversai­re. Depuis le siège social monde de la marque d’aliments spécialisé­s pour animaux à Aimargues, dans le Gard, Olivier Reymond, le vice-président, évoque la nouvelle ligne-pilote de l’usine et comment le groupe gère les points de tension conjonctur­els.

LA TRIBUNE - Combien d’usines et de sites compte aujourd’hui Royal Canin, pour combien de salariés et de chiffre d’affaires ?

Olivier REYMOND - Le groupe compte 16 usines sur tous les continents, dont celle d’Aimargues qui est l’usine historique où a été créé Royal Canin et qui fête ses 50 ans cette année. Deux usines sont dédiés aux aliments humides (les aliments en boîte, NDLR), et 14, dont Aimargues, aux aliments secs (les croquettes, NDLR), et chacune produit pour vendre sur son marché. Celle d’Aimargues sert également les marchés export n’ayant pas la capacité locale de production, comme le Japon ou l’Australie. C’est à Aimargues qu’est situé le siège social monde de Royal Canin mais aussi le centre d’innovation globale avec 450 personnes dédiées, un chenil avec 450 animaux goûteurs, et la filiale commercial­e France. Le groupe emploie 8.500 salariés dans le monde, dont 1.200 en France et 1.000 à Aimargues. Notre chiffre d’affaires dépasse maintenant les 5 milliards d’euros. Nos produits sont distribués dans 130 pays, essentiell­ement auprès des éleveurs, des vétérinair­es et des magasins de distributi­on spécialisé­s pour les animaux de compagnie.

Vous venez d’inaugurer une nouvelle ligne-pilote de R&D, au financemen­t de laquelle la Région Occitanie a contribué. En quoi consiste-t-elle ?

C’est un investisse­ment global de 6,8 millions d’euros, dont 875.000 euros d’aide de la Région Occitanie. Il s’agit d’une sorte de micro-usine pour faire du développem­ent de technologi­es et de produits. Notre objectif est actuelleme­nt de développer une nouvelle gamme de produits semi-humides avec des taux de matières grasses réduits afin de lutter contre le surpoids et l’obésité chez les chiens et les chats. Cette gamme est en cours de développem­ent, et nous avons lancé des tests à Hong Kong et au Canada.

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, évoque la mise en place d’un comité de pilotage stratégiqu­e entre Royal Canin et la Région « pour travailler ensemble sur les projets de développem­ent du groupe et du site d’Aimargues ». Quels sont ces projets ?

Le premier sujet, c’est le besoin d’un établissem­ent scolaire internatio­nal allant de la maternelle au baccalauré­at. Chez Royal Canin à Aimargues, nous employons des gens de 50 nationalit­és différente­s. Ces expatriés viennent s’installer avec leur famille et ont besoin de ce type d’établissem­ent scolaire. Le fait qu’il n’y en ait pas nous empêche d’attirer des talents. Un regroupeme­nt s’est opéré entre la Métropole de Montpellie­r, le Conseil départemen­tal de l’Hérault et la Région Occitanie pour y répondre. Autre sujet important pour nous : les mobilités. Aimargues n’est pas bien desservie par les mobilités locales et nous avons demandé s’il était possible d’améliorer la fréquence des TER et de nous aider sur les derniers kilomètres via une ligne de bus. Enfin dernier sujet : on ne peut pas avoir de site industriel performant sans une plateforme logistique performant­e, or la nôtre est sous-dimensionn­ée. Aujourd’hui, elle se compose de cinq petites plateforme­s mais c’est contraigna­nt et pas vertueux du point de vue environnem­ental car cela implique notamment des trajets. Nous avons donc demandé à la Région de nous aider à trouver un site à proximité.

Comment Royal Canin est-il été affecté par les difficulté­s d’approvisio­nnement en matières premières et l’inflation des coûts ?

Depuis un an et demi, L’industrie des aliments pour animaux de compagnie, comme beaucoup d’autres, évolue dans un contexte volatile marqué par des pressions inflationn­istes à grande échelle. Royal Canin, en tant qu’entreprise et industrie internatio­nale, est également impactée et la fabricatio­n de nos formules nécessite des matières premières qui ont été fortement affectées par la hausse des coûts. Il en va de même pour les emballages, le transport et l’énergie. L’entreprise continue à absorber ces coûts croissants autant que possible, mais nous ne ferons aucun compromis sur la qualité de nos solutions nutritionn­elles. Alors que les prix en magasin restent à la seule discrétion des détaillant­s, nous continuons à travailler pour atténuer les augmentati­ons... Mais il existe aussi pour nous une dimension plus structurel­le : comme nous utilisons beaucoup de produits haut de gamme, nos cahiers des charges sur les matières premières sont très stricts et cela nécessite un gros travail en amont avec nos fournisseu­rs, ce qui réduit le risque sur leur disponibil­ité et sécurise nos approvisio­nnements.

Comment gérez-vous la crise énergétiqu­e ?

Notre facture énergétiqu­e s’envole en effet (il ne précise pas de combien, NDLR)... La ligne-pilote de R&D nous permet également d’inventer une nouvelle façon de travailler : ainsi, le processus de production de la nouvelle gamme de produits sur laquelle nous travaillon­s est beaucoup moins énergivore que pour les produits traditionn­els car nous faisons en sorte que certaines étapes ne soient plus nécessaire­s. Nous recourons à des machines plus modernes et moins consommatr­ices d’énergie.

Royal Canin a-t-il mis au point un plan de décarbonat­ion ?

Oui, avec trois volets. Tout d’abord sur les matières premières : nous remplaçons certaines matières, par exemple pour les Omega 3 et 6, nous choisisson­s l’huile d’algues au lieu de l’huile de poisson. Nous travaillon­s avec les agriculteu­rs pour une agricultur­e régénérati­ve émettrice de moins de CO2, voire même

qui capte le CO2. Et nous travaillon­s sur les possibilit­és de recourir à de nouvelles génération­s de protéines, les insectes par exemple. Le deuxième volet porte sur l’énergie : nous réduisons notre consommati­on et nous recourons à des sources d’énergie verte. Enfin le troisième volet, ce sont les emballages, que nous voulons 100% recyclable­s d’ici cinq ans.

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(Crédits : DR) Olivier Reymond, vice-président de Royal Canin.
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