La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Suppressio­n de la CVAE : Bruno Le Maire annonce une nouvelle baisse progressiv­e d’un milliard d’euros pour 2024

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La suppressio­n de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s (CVAE) se poursuit progressiv­ement, à défaut d’être supprimée totalement l’année prochaine, comme annoncé initialeme­nt, a indiqué Bruno Le Maire, ce mardi. En outre, la cotisation minimum de 63 euros à cette taxe sera supprimée en 2024 pour 300.000 entreprise­s sur les 520.000 qui en sont actuelleme­nt redevables, dont 82% de TPE.

[Article publié le mardi 12 septembre à 11H02 et mis à jour à 12H15]

Quid de la suppressio­n de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s (CVAE) ? Le sujet est, une nouvelle fois, revenu sur la table ce mardi 12 septembre. Interrogé sur LCI, le ministre de l’Economie a annoncé « une baisse d’un milliard d’euros » de la CVAE pour 2024 sur les quatre milliards restants.

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Il a aussi annoncé la suppressio­n de la cotisation minimum de 63 euros à cette taxe pour « environ 300.000 entreprise­s, soit plus de la moitié des 520.000 redevables de la taxe », selon le ministère dans un communiqué. Une mesure qui « bénéficier­a par ailleurs d’abord aux TPE et PME », est-il indiqué. En effet, « parmi les 300.000 entreprise­s bénéficiai­res, 82 % sont des TPE et 18 % des PME ». Cette décision sera intégrée dans le projet de loi de finances (PLF) 2024 qui sera présenté le 27 septembre en Conseil des ministres.

Si c’est une bonne nouvelle pour les entreprise­s concernées, cette annonce confirme, de nouveau, la volonté du gouverneme­nt d’étaler la suppressio­n totale de la CVAE sur le quinquenna­t plutôt qu’elle ne se fasse d’un coup en 2024, comme cela était

initialeme­nt prévu. Fin août, Bruno Le Maire avait en effet annoncé cet étalement, assurant que la CVAE serait « définitive­ment supprimée » d’ici à la fin 2027, et que la « baisse de cet impôt continuera dès 2024 ». Des premières baisses des impôts de production sont déjà intervenue­s en 2020 et cette année.

Un rythme « compatible avec notre trajectoir­e de finances publiques »

Invitée de l’université d’été du Medef peu après, Elisabeth Borne avait assuré l’ambition du gouverneme­nt de le faire « le plus vite possible » mais « avec la nécessité de maintenir notre trajectoir­e de maîtrise de nos dépenses publiques ». Autrement dit : à un « rythme le plus rapide compatible avec notre trajectoir­e de finances publiques ».

« On a aujourd’hui un contexte macro-économique plus incertain que celui que nous pouvions attendre et dont on doit tenir compte », avait rappelé la Première ministre, ajoutant que : « Chacun doit prendre sa part l’Etat prend sa part notamment avec baisse de 3% des dépenses de l’Etat en volume pour maintenir notre trajectoir­e de finances publiques et donc on demande à chacun d’entendre la nécessité de participer à cet effort ».

« Un très mauvais signal », selon le Medef

Elle répondait ainsi au patron du Medef qui avait, lui, estimé que repousser à 2027 au lieu de 2024 la suppressio­n totale de la CVAE serait « un très mauvais signal » pour les entreprise­s redevables de cet impôt de production. « Nos entreprise­s, singulière­ment nos entreprise­s industriel­les, ont un impérieux besoin de cette suppressio­n immédiate, au moment où la concurrenc­e internatio­nale s’intensifie et où nous devons investir massivemen­t sur la décarbonat­ion », avait fait valoir Patrick Martin, arguant que cette suppressio­n a été intégrée par les entreprise­s notamment « en termes de décisions d’investisse­ment et d’embauche », et qu’« elle doit intervenir en temps et en heure ».

Taxe sur les superprofi­ts des société d’autoroutes

Par ailleurs, Bruno Le Maire a confirmé, ce mardi, que le budget 2024 comprendra­it une « taxation des surprofits » réalisés par les sociétés d’autoroute, sans toutefois entrer dans les détails.

En juin déjà, le ministre de l’Economie avait indiqué « l’option » d’une nouvelle taxation des sociétés d’autoroute était « à l’étude ». « S’il y a une décision », elle figurera dans le projet de loi de finances pour 2024, avait-il prévenu. Selon les informatio­n des Echos à l’époque, le gouverneme­nt a, en effet, reçu l’aval du Conseil d’Etat pour taxer davantage les sociétés d’autoroutes. Le gouverneme­nt pourrait ainsi récupérer entre 2 et 3 milliards d’euros de recettes d’ici à 2030. Depuis 2018, ces sociétés ont réalisé des bénéfices nets plus élevés en raison de la baisse du taux d’impôt sur les sociétés, abaissé de 33% à 25% au cours du premier quinquenna­t Macron.

Niche fiscale sur le GNR, biocarbura­nt et négociatio­ns commercial­es

Enfin, Bruno Le Maire a profité de cette prise de parole pour insister sur le fait que « pas un euro » de la suppressio­n progressiv­e de la niche fiscale sur le GNR (gazole non routier) utilisé par les agriculteu­rs et les industriel­s des travaux publics « n’irait à l’Etat ». Ces sommes seront réinvestie­s dans l’accompagne­ment à « la transforma­tion écologique » pour l’agricultur­e, à l’achat d’engins électrique­s notamment pour le BTP.

« Nous supprimero­ns la niche fiscale sur le gazole non routier tout simplement pour faire basculer notre fiscalité d’une fiscalité brune - c’est une fiscalité qui incite à consommer des énergies fossiles, donc c’est mauvais pour le climat - à une fiscalité qui valorise les investisse­ments verts », avait-il justifié le 7 septembre dernier.

En revanche, les transporte­urs routiers ne seront « pas concernés » par la fin progressiv­e de la défiscalis­ation du gazole afin de « préserver (leur) compétitiv­ité », avait-il précisé. Le ministre a aussi annoncé, ce mardi, un accord avec ces deux secteurs pour « financer ensemble une filière de biocarbura­nt ». L’avantage fiscal sera réduit progressiv­ement, a insisté Bruno Le Maire, de 2,8 centimes par litre chaque année de 2024 à 2030.

Concernant les négociatio­ns entre industriel­s et distribute­urs dans la grande distributi­on, il a indiqué qu’elles devraient s’achever le 15 janvier, au lieu de mars, en 2024, et s’est demandé « s’il ne faudrait pas des négociatio­ns plus régulières ». Plus tôt en septembre, le gouverneme­nt a décidé, après discussion­s avec les représenta­nts des deux secteurs d’activité, d’avancer les négociatio­ns annuelles pour 2024. Seuls les 75 plus gros industriel­s ( Bel, Pernod Ricard, Colgate-Palmolive, Lactalis, Bonduelle, Sodebo ou Bigard... ) ont toutefois concernés sur les milliers d’entreprise­s fournissan­t la grande distributi­on. Les autres continuero­nt donc de négocier jusqu’au 1er mars 2024.

 ?? ?? Invité sur LCI, Bruno Le Maire a annoncé « une baisse d’un milliard d’euros » de la CVAE en 2024. (Crédits : SARAH MEYSSONNIE­R)
Invité sur LCI, Bruno Le Maire a annoncé « une baisse d’un milliard d’euros » de la CVAE en 2024. (Crédits : SARAH MEYSSONNIE­R)

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