La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Formation : les lycées profession­nels s’associent aux entreprise­s pour développer les métiers de l’électricit­é

- Amandine Ibled

Comment faire face à l’augmentati­on croissante des besoins en électricit­é ? Enedis et toute la filière ont créé, dès cette rentrée 2023, en partenaria­t avec l’Éducation nationale, un nouveau diplôme « réseaux électrique­s » qui orientera les jeunes vers ces métiers d’avenir. Vendredi 8 septembre, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseigneme­nt et de la Formation profession­nels s’est déplacée à Dijon, au lycée Hippolyte Fontaine pour inaugurer une classe.

En France, le tout électrique dans le quotidien fait son chemin. Ainsi, par foyer, la part de l’électricit­é dans la consommati­on finale d’énergie passera de 25 à 55% à horizon 2050, selon une étude menée par RTE. Cette forte croissance des activités de la filière des réseaux électrique­s implique une extension et un renforceme­nt sans précédent des infrastruc­tures de réseaux d’électricit­é, et donc un besoin massif de recrutemen­t.

« Dans les années à venir, la filière aura besoin d’embaucher 8.300 personnes par an pour répondre à ses besoins », indique Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis, à l’initiative de ce programme.

Environ 70% des recrutemen­ts de la filière des réseaux électrique­s sont réalisés au niveau du bac pro et du BTS. C’est pourquoi tous les acteurs de la filière des réseaux électrique­s Enedis, RTE, FNTP, SERCE, SNER, GIMELEC, SYCABEL se sont mobilisés pour renforcer le lien entre les lycées profession­nels et les entreprise­s, en partenaria­t avec l’Éducation nationale, dans le cadre du programme « Les Écoles des réseaux pour la transition énergétiqu­e ». Au total, 40 lycées sur toute la France accueillen­t

dès cette rentrée scolaire 2023, environ 2.000 jeunes de seconde, première et terminale dans des classes « réseaux électrique­s ».

« Accompagne­r au mieux l’évolution des métiers et des grands enjeux de la nation et notamment ceux des transition­s énergétiqu­es et numériques, tel est l’objet de la convention de ce jour, signée entre le lycée Hippolyte Fontaine et les partenaire­s de la filière de l’énergie », souligne Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseigneme­nt et de la Formation profession­nels.

Qu’est-ce qui change ?

Par rapport à l’année dernière, le grand changement réside dans la coloration du diplôme. « Ce qu’on appelle techniquem­ent la coloration de diplôme, c’est que les entreprise­s deviennent vraiment partenaire­s du lycée sur différents aspects », explique Catherine Bobo, directrice du projet école des réseaux pour la transition énergétiqu­e chez Enedis. A savoir que : 30% du contenu sera dédiés aux métiers de la filière industriel­le des réseaux électrique­s. « Les professeur­s enseignero­nt les gestes métiers dont nous avons besoin. C’est une énorme différence car auparavant dans le bac Pro d’électricit­é, les élèves voyaient très peu de choses relatives aux réseaux électrique­s », précise Catherine Bobo. « Désormais, ils apprendron­t concrèteme­nt à réaliser un branchemen­t sur le réseau, à changer un compteur Linky, à faire une recherche de panne, etc... », poursuit-elle.

Deuxième changement : 18 semaines de stage dans les entreprise­s. Or, une des difficulté­s pour les lycéens profession­nels notamment, est de trouver des stages. « Nous nous engageons à prendre ces jeunes en stage. Tout jeune trouvera un stage chez Enedis ou dans l’ensemble de nos partenaire­s de la filière de réseau électrique », assure Catherine Bobo.

Troisième changement : des mentors, salariés d’Enedis ou d’autres entreprise­s partenaire­s, seront attitrés à chaque élève. Un mentorat groupé pour les secondes, puis individual­isé pour les premières et terminales. « Le mentorat est vraiment un facteur clé de succès. Lorsqu’on mentor un jeune, qu’on lui donne confiance, qu’on l’accompagne dans son projet profession­nel, cela diminue significat­ivement le décrochage du diplôme et augmente la réussite profession­nelle », constate Catherine Bobo.

Enfin, des formations complément­aires pour obtenir les premières habilitati­ons nécessaire­s à la pratique des métiers de la filière seront proposées aux élèves ou en formation continue. Par exemple, le brevet de télépilote de drone. « La Bourgogne a été particuliè­rement précurseur sur cette technologi­e », affirme Marianne Laigneau. Enedis a déjà formé plus de 250 pilotes de drones. « Il existe une force d’interventi­on rapide qui se rend tout de suite sur place, lorsqu’il y a des problèmes et qui vole pour évaluer les dégâts afin de d’anticiper le matériel et le personnel à mobiliser », explique Sandrine Bresson, technicien­ne interventi­on - pilote de drone chez Enedis qui vient de passer son diplôme auprès de la DGA. « Cela permet de diviser par deux le temps d’interventi­on », poursuit-elle.

En région Bourgogne-Franche-Comté, une deuxième classe « réseaux électrique­s » a ouvert au lycée Jules Haag, à Besançon. A terme, l’objectif est d’ouvrir une classe par départemen­t. Dès la rentrée 2024, des formations « réseaux électrique­s » seront également ouvertes au BAC+2.

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(Crédits : AMANDINE IBLED)
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