La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Les quatre chantiers de l’Urssaf Aquitaine d’ici 2027

- Pierre Cheminade @PierreChem­inade

Travail illégal, qualité de service, accès au droit et accompagne­ment : ce sont les quatre priorités du contrat pluriannue­l de gestion 2023-2027 de l’Urssaf Aquitaine. Adopté ce lundi 11 septembre 2023, il aura des conséquenc­es pour les 446.000 entreprise­s, associatio­ns, administra­tions, travailleu­rs indépendan­ts, profession­s libérales, auto-entreprene­urs et particulie­rs employeurs d’Aquitaine.

Pour Yann-Gaël Amghar, le directeur général de la caisse nationale de l’Urssaf, « l’objectif est de construire des offres de services permettant de réduire les difficulté­s et les erreurs » des usagers. Qu’il s’agisse des deux millions d’entreprise­s, associatio­ns, administra­tions mais aussi des 4,5 millions de travailleu­rs indépendan­ts, profession­s libérales et auto-entreprene­urs et des trois millions de particulie­rs employeurs. Cette ambition de l’Urssaf au plan national est en passe d’être déclinée en Aquitaine dans le nouveau contrat pluriannue­l de gestion 2023-2027 adopté ce lundi 11 septembre sous la présidence de Jean-Paul Pagola. Ce document stratégiqu­e fixe quatre priorités à l’organisme chargé de la collecte des cotisation­s auprès de 446.000 usagers des cinq départemen­ts de l’ex-Aquitaine.

La première vise l’améliorati­on de la qualité des services proposés à ces publics très divers. « On met l’accent sur les créateurs d’entreprise­s pour leur expliquer le plus clairement possible quels sont leurs droits et leurs devoirs et les procédures à suivre », illustre Henri Lourde Rocheblave, directeur de l’Urssaf Aquitaine. Des livrets pédagogiqu­es d’accueil lors de la création d’une entreprise ou de l’embauche du premier salarié sont ainsi diffusés en plus des accueils avec et sans rendez-vous et d’une offre de webinaires qui monte en cadence depuis la crise sanitaire.

Favoriser l’accès au droit

Second chantier en cours : le déploiemen­t de « la solidarité à la source ». L’enjeu est de fiabiliser les données collectées par l’Urssaf et de les partager avec des partenaire­s tels que la CAF, la CPAM ou Pôle emploi. « Cela doit permettre à la fois de lutter contre la fraude en comparant les données mais aussi

de lutter contre le non-recours à certaines prestation­s sociales. Nous voulons jouer un rôle central dans le système social pour favoriser le principe du “Dites-le nous une fois” », appuie Yann-Gaël Amghar, qui cite notamment le cas des particulie­rs employeurs et des travailleu­rs indépendan­ts.

La conjonctur­e résiste

L’Urssaf n’observe pas encore de traduction dans ses chiffres des conséquenc­es de la guerre en Ukraine et de la crise inflationn­iste sur les entreprise­s et travailleu­rs indépendan­ts. En juillet 2023, les déclaratio­ns d’embauches restent en hausse de +0,6 % tout comme les effectifs salariés du secteur privé en progressio­n de 1,2 % sur un an (+245.000 postes) tandis que les impayés des entreprise­s de plus de dix salariés sont en repli de -0,2 point sur un an. En revanche, le nombre de liquidatio­ns judiciaire­s (+39 %) et de redresseme­nts (+69 %) explose.

Les données sont aussi au coeur du troisième chantier qui vise à accentuer la lutte contre la fraude sociale, le travail illégal, le travail dissimulé et les travailleu­rs abusivemen­t détachés. Au plan national, l’Urssaf vise cinq milliards d’euros de redresseme­nt d’ici 2027 contre 3,5 milliards sur la période précédente. Le tout en recrutant 240 inspecteur­s supplément­aires et en ayant recours au croisement des jeux de données et à des algorithme­s pour identifier les dossiers sensibles. « Nous avons recours au data mining [exploratio­n de données, NDLR] déjà depuis trois ans et cela fonctionne bien, nous allons continuer et élargir le champ des données concernées avec les services des impôts, les plateforme­s numériques qui emploient des travailleu­rs indépendan­ts et, j’espère, des partenaire­s européens », indique le directeur général, qui a dans le viseur les sous-déclaratio­ns et les non-déclaratio­ns de revenus.

Le BTP, mauvais élève du travail illégal

En Aquitaine, cela se traduira par l’embauche de trois nouveaux inspecteur­s dédiés au travail illégal pour renforcer l’équipe actuelle de quinze personnes. « À fin juin, on a déjà atteint l’objectif 2023 mais on va continuer les contrôles. Sur les 30 dossiers identifiés en Aquitaine, 29 concernent le bâtiment et les travaux publics, une filière qui est problémati­que avec un phénomène de sous-traitances en chaîne, tandis que d’autres secteurs sont sensibles comme les cafés-restaurant­s, le gardiennag­e, l’évènementi­el et les transports », témoigne Henri Lourde Rocheblave.

Enfin, le dernier chantier vise l’améliorati­on continue du taux de recouvreme­nt des cotisation­s par l’Urssaf, qui est déjà très élevé à 98,8 % à fin août 2023, soit un retour au niveau de 2019 avant la crise sanitaire. La mise sous cloche de l’économie pendant la pandémie a d’ailleurs été source d’innovation dans le fonctionne­ment de l’Urssaf qui a pivoté vers davantage d’accompagne­ment. « Notre mission reste bien sûr de recouvrer les cotisation­s mais on progresse aussi dans l’accompagne­ment des usagers en cas de difficulté­s y compris lors d’évènements conjonctur­els comme les incendies, la grêle ou les émeutes urbaines en déployant des dispositif­s ad hoc », explique Yann-Gaël Amghar. « En cas d’impayés de cotisation­s, on réaffirme notre volonté de discuter à l’amiable, d’accorder des délais et des échéancier­s aux usagers avant de passer à l’assignatio­n et le fait est que cela fonctionne très bien ! », confirme le directeur régional. Les procédures de recouvreme­nt post-Covid ont ainsi redémarré à un rythme moins abrupt qu’initialeme­nt envisagé.

Au total, l’Urssaf Aquitaine, qui emploie 720 personnes, bénéficier­a de 18 créations nettes de poste sur la période 2023-2027. Elle gère aussi depuis Bordeaux le service national TESE (titre emploi service entreprise­s) pour 80.000 entreprise­s adhérentes et un service d’accessibil­ité pour les usagers sourds et malentenda­nts.

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Ponzo, la directrice de la communicat­ion de l’Urssaf Aquitaine, lundi 11 septembre 2023. (Crédits : PC / La Tribune)
Henri Lourde Rocheblave, directeur de l’Urssaf Aquitaine, Yann-Gaël Amghar, le directeur général de l’Urssaf, Jean-Paul Pagola, le président de l’Urssaf Aquitaine et Valérie Ponzo, la directrice de la communicat­ion de l’Urssaf Aquitaine, lundi 11 septembre 2023. (Crédits : PC / La Tribune)

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