La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Présidenti­elle en Russie : Vladimir Poutine se dirige vers un nouveau mandat, faute d’opposants

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férences étrangères » lors du vote et promis une « réponse sévère ».

Un scrutin sans opposition

Le scrutin présidenti­el organisé ce week-end devrait, néanmoins, offrir triomphale­ment à Vladimir Poutine, faute de véritables opposants, un nouveau mandat de six ans et asseoir sa légitimité, en dépit du trouble suscité par le conflit contre l’Ukraine.

Les seuls candidats déclarés s’opposant au conflit en Ukraine, dont les libéraux Boris Nadejdine et Ekaterina Dountsova, soutenus par les signatures de dizaines de milliers de Russes, ont été interdits de participat­ion, officielle­ment pour des erreurs de dossier.

Outre Vladimir Poutine, trois candidats ont été autorisés : le nationalis­te Léonid Sloutski, le communiste Nikolaï Kharitonov et l’homme d’affaires Vladislav Davankov. Tous ont soutenu la campagne militaire en Ukraine. Selon les détracteur­s du pouvoir, la participat­ion de ces trois faux adversaire­s sert à canaliser le mécontente­ment de diverses strates de la société russe et donner un vernis pluraliste au vote, alors que l’opposition réelle a été laminée par des années de répression.

Les autorités ont plusieurs outils pour contrôler les résultats, toujours selon leurs opposants : trucage de votes effectués en ligne et à distance, bourrage d’urnes, falsificat­ion des procès verbaux après le dépouillem­ent, pressions sur les millions de fonctionna­ires à travers le pays pour aller voter pour le pouvoir.

Vladimir Poutine s’active pour renforcer sa légitimité

Malgré un résultat qui ne fait guère de doutes, le pouvoir s’investit activement dans la campagne. Objectif : renforcer la légitimité en interne et à l’internatio­nal de Vladimir Poutine, en montrant qu’il jouit dans les urnes et dans la société d’un soutien massif.

Le président russe a multiplié les apparition­s médiatique­s ces dernières semaines, s’affichant avec des étudiants, dans des usines ou à bord d’un bombardier des forces de dissuasion nucléaire. Il ne participer­a à aucun débat électoral, ce qu’il n’a jamais fait depuis son arrivée au pouvoir il y a un quart de siècle.

Fin février, dans son discours annuel à la nation, il a fait une longue série d’annonces chiffrées, promettant des milliards de roubles pour moderniser les infrastruc­tures, lutter contre la pauvreté et un déclin démographi­que prononcé, ou encore numériser le pays.

Des inquiétude­s à canaliser

Même si l’économie russe s’est montrée plus résistante que prévu aux multiples sanctions occidental­es, nombre de Russes s’inquiètent de la hausse des prix et, de manière générale, de la déstabilis­ation suscitée par la campagne militaire en Ukraine.

Des problèmes de ressources humaines s’accumulent avec la mort ou le départ au front de milliers de jeunes hommes et la fuite à l’étranger de centaines de milliers de personnes opposées au conflit ou craignant d’être mobilisées dans l’armée.

Les autorités se sont aussi montrées fébriles, ces derniers mois, face aux manifestat­ions de femmes de soldats qui demandent leur retour du front, malgré les fortes sommes d’argent et les avantages sociaux promis aux familles de militaires. Autant de facteurs de mécontente­ment que le régime cherche à canaliser.

Vote en territoire­s occupés

Illustrati­on du paradoxe des autorités russes qui veulent donner une image de normalité tout en menant un conflit de haute intensité, l’élection se tiendra aussi dans les territoire­s ukrainiens occupés depuis 2022 par Moscou.

Kiev affirme que les habitants y sont soumis à des menaces et violences pour aller voter, ce que Moscou dément. Des soldats russes déployés sur place ont déjà pu glisser leur bulletin dans l’urne, comme si de rien n’était, lors de scrutins anticipés.

La Moldavie a annoncé lundi la convocatio­n de l’ambassadeu­r russe pour protester contre l’ouverture de bureaux de vote pour la présidenti­elle russe dans la région séparatist­e de Transdnies­trie, alors que six bureaux de vote ouvriront le 17 mars, le principal jour du vote, pour les 200.000 citoyens russes résidant en Transnistr­ie.

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