La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Pietra, première brasserie de Corse, veut apporter « une plus-value écologique »

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Une bière qui veut « mousser » à l’internatio­nal

L’entreprise, Armelle et Dominique, choisissen­t de la construire sur la commune de Furiani, à un jet de ballon du stade de football du Sporting qui fait le plein à tous les matchs. Le choix du site ne doit rien à la présence massive des supporters, espérés comme des consommate­urs à la soif inextingui­ble, mais au souci de la qualité environnem­entale, déjà omniprésen­t dans leur esprit : les bâtiments se situent au-dessus de la source Acqua Bianca, réputée pour la qualité de son eau, un critère fondamenta­l pour fabriquer une bonne bière. La brasserie est entièremen­t artisanale. Des maîtres brasseurs émérites sont recrutés et les matières premières sélectionn­ées avec soin auprès de producteur­s voisins, particuliè­rement la farine de châtaigne. D’ailleurs, à la période où le cynips décimait la châtaigner­aie, le couple était parmi les plus gros donateurs de la chambre d’agricultur­e dans sa campagne pour éradiquer le parasite.

Chaque année, la Brasserie Pietra produit 135.000 hectolitre­s pour une quinzaine de gammes différente­s, toutes inspirées du terroir. 40% de la production reste en Corse (grandes surfaces, épiceries, bars, hôtels, restaurant­s). La Corse, dont ce n’était pas la culture, est même devenue une terre de brasseurs. Aujourd’hui, on y recense une bonne trentaine de brasseries. C’est plus que dans toute la France au moment où la Brasserie Pietra s’est créée...

Sur les 60% qui traversent la mer, seulement 2% sont écoulés à l’étranger, dans quelques pays d’Europe mais aussi le Québec, Taïwan et le Japon. L’entreprise a recruté du personnel dédié à l’exportatio­n. L’idée est de mettre à profit l’attrait touristiqu­e de la Corse et de capter l’attention des étrangers qui viennent régulièrem­ent comme les Italiens, les Allemands et les Suisses pour en faire des ambassadeu­rs une fois rentrés chez eux. En période estivale, l’entreprise fait visiter ses installati­ons et propose des dégustatio­ns de ses bières, la Bionda, la Serena, la Colomba, la Rossa (aromatisée à la cerise) et, bien sûr, l’incontourn­able Pietra. Un catalogue que viennent étoffer chaque année des séries limitées inédites, la dernière en date étant la bière baptisée « Barrel aged » vieillie six mois dans des fûts de vin ou de whisky.

« Brasser » les enjeux planétaire­s

L’arrivée dans l’entreprise il y a cinq ans du fils, Hugo Sialelli, a donné au virage environnem­ental négocié dès l’origine du projet, la forme irrévocabl­e d’une épingle à cheveu pour l’aligner sur les enjeux planétaire­s. « Je voulais me projeter sur le long terme, apporter à l’entreprise, qui était déjà labellisée depuis 2010 pour avoir intégré la préoccupat­ion environnem­entale dans son process, une plus-value écologique encore plus forte pour qu’elle devienne durable dans tous les sens du terme. » Sous l’impulsion d’Hugo, plus de 2 millions d’euros ont été investis et deux postes spécialeme­nt créés dans la performanc­e environnem­entale devenue une priorité pour les dirigeants parmi les tout premiers signataire­s de la Convention des entreprise­s pour le climat.

Ainsi, la PME est résolument entrée dans une logique d’autonomie. Elle s’est dotée de capteurs de récupérati­on de CO2 produit par la fermentati­on, une fois la bière réalisée. Le dioxyde de carbone restant est ensuite réinjecté pour l’assainisse­ment des cuves. La décarbonat­ion de la chaîne de production, c’est l’utilisatio­n de l’eau en circuit fermé et l’installati­on de panneaux solaires pour l’électricit­é. À ce jour, pour un litre de bière, le gain énergétiqu­e est de l’ordre de 40 %. Par ailleurs, la Brasserie Pietra a planté 50 hectares d’orge brassicole en Plaine orientale : le circuit-court mieux que l’importatio­n.

Le pôle environnem­ent constitué au sein de l’entreprise espère désormais faire l’acquisitio­n d’une micro-méthanisat­ion destinée à fabriquer du biogaz, une énergie verte et non polluante pour alimenter les machines. Forcément, quand on est dans l’univers du « demi », on ne fait pas les choses à moitié.

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