La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Climat : 2023 clôture une décennie de records, de chaleur mais pas seulement
Records pulvérisés
Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est que ce n’est pas qu’au niveau des températures que 2023 s’est (malheureusement) révélée extraordinaire. Le rapport montre que des records ont été battus, voire dans certains cas « pulvérisés », s’agissant aussi des niveaux de gaz à effet de serre, du contenu thermique et de l’acidification des océans, de l’élévation du niveau de la mer, de l’étendue de la banquise antarctique et du recul des glaciers.
La planète est « au bord du gouffre » alors que « la pollution par les combustibles fossiles provoque un chaos climatique sans précédent », a alerté le chef de l’ONU.
Ainsi, près d’un tiers de l’ensemble des océans dans le monde étaient sous l’emprise d’une vague de chaleur marine. À la fin de 2023, plus de 90% des océans de la planète avaient connu des vagues de chaleur à un moment ou à un autre de l’année, selon l’OMM. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur marines entraîne de profondes répercussions négatives sur les écosystèmes marins et les récifs coralliens.
Par ailleurs, le niveau moyen de la mer à l’échelle du globe a atteint un niveau record en 2023, ce qui traduit la poursuite du réchauffement des océans (expansion thermique) ainsi que la fonte des glaciers et des nappes glaciaires. Signe inquiétant, le taux d’élévation de ce niveau moyen au cours de la dernière décennie (2014-2023) est plus de deux fois supérieur à celui de la première décennie de l’ère satellitaire (1993-2002).
Les glaciers de référence à travers la planète ont subi le recul le plus important jamais enregistré depuis 1950, après une fonte extrême dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Europe, selon des données préliminaires.
2024 déjà sur la même lancée
Il y a en effet urgence lorsque l’on voit les prévisions pour l’année 2024. Celle-ci a à peine commencé que les prévisions tablent sur de nouveaux records.
« Nous ne pouvons pas le dire avec certitude » mais « je dirais qu’il y a une probabilité élevée que 2024 batte à nouveau le record de 2023 », a déclaré Omar Baddour, de l’OMM, en conférence de presse.
Si bien que, pour Celeste Saulo, « la crise climatique est LE défi déterminant auquel l’humanité est confrontée et elle est inextricablement mêlée à la crise des inégalités, comme en témoignent l’insécurité alimentaire croissante, les déplacements de population et la perte de biodiversité ». Les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux incontrôlés et l’intensification rapide des cyclones tropicaux sèment « la misère et le chaos », bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars, alerte l’OMM.
Il y a cependant « une lueur d’espoir » selon l’OMM : les capacités de production d’énergie renouvelable en 2023 ont augmenté de près de 50% sur un an, le taux le plus élevé observé au cours des deux dernières décennies. Pour le chef de l’ONU, « il est encore temps de lancer une bouée de sauvetage aux populations et à la planète », mais il faut agir « maintenant ». L’appel est, une fois de plus, lancé.