La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Union européenne : les trois pistes pour financer l’effort de guerre ukrainien

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Quelles nouvelles pistes de financemen­ts ?

La piste des avoirs russes gelés, dont la partie la plus importante est en Europe (200 milliards d’euros sur les 300 milliards recensés dans le monde), est une réflexion qui progresse même si elle est juridiquem­ent compliquée. Certains pays estiment qu’il est important qu’il y ait une redevabili­té à la fois financière sur l’impact et la reconstruc­tion compte tenu de l’agression russe sur l’Ukraine. Cette piste a déjà été évoquée à plusieurs reprises par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, notamment dans son discours sur l’état de l’Union. L’idée est d’avancer sur la question des intérêts (environ 2,7 milliards d’euros par an environ) qui sont générés par ces avoirs gelés et de le réaffecter vers le soutien à l’Ukraine. C’est une idée qui se renforce dans l’UE.

La Banque européenne d’investisse­ment (BEI) va-t-elle enfin financer l’industrie de la défense ? Les discussion­s sont engagées et les lignes ont déjà bougé au niveau des discours. Le sujet doit d’abord être traité par la BEI elle-même, et notamment son conseil d’administra­tion où la Commission européenne siège. Mais il serait logique dès lors que la Commission investit dans le domaine de la défense et de la sécurité que la BEI avec ses moyens financiers vienne en appui de cette politique. La BEI a toujours été présente pour soutenir les politiques de la Commission européenne. Et la nouvelle présidente de la BEI, Nadia Calviño, semble prête à examiner ce dossier brûlant au regard de ces premières déclaratio­ns. Pour autant, ce dossier prendra un certain temps à se décanter et à lever certains verrous idéologiqu­es, notamment par rapport à la lettre de mission initiale de la BEI. Quatorze pays européens, dont la France et l’Allemagne, veulent que la BEI puisse aussi financer l’industrie de défense dans l’UE. Ce qui n’est toujours pas le cas plus de soixante ans après sa création.

Le financemen­t du soutien à l’Ukraine. La France et d’autres pays comme l’Estonie sont favorables au lancement d’un grand emprunt européen afin de répondre, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid, à la menace russe pesant sur l’Europe. Mais l’Allemagne s’y oppose, et les Vingt-Sept se limiteront à un examen de toutes les options en matière de financemen­ts en vue d’un rapport attendu en juin. C’est une discussion qui va être lancée dans les prochaines semaines, voire prochains mois mais pas nécessaire­ment lors de ce Conseil européen de printemps. Dans le cadre de la campagne européenne, certains partis en parlent déjà. C’est un sujet pour la prochaine Commission à l’horizon de 2026. La Commission dispose d’une étude révélant l’impact positif d’avoir un endettemen­t commun pour pérenniser la croissance dans des périodes de crise. Autre point positif, la capacité que l’Union a eue de se financer sur les marchés. Ces éléments feront très clairement partie des débats.

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