La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Fluvial : avec son bateau 100% électrique, Evoli s’attaque au marché de la logistique lyonnaise
savoir le développement du transport logistique fluvial et la décarbonation des flottes et des activités. Et répond également à une stratégie plus globale qui devait s’incarner par la création d’un Hôtel de la Logistique Urbaine, qui prendra très prochainement ses fonctions après quatre longues années d’attente.
Un renforcement de l’offre logistique sur le territoire
Avec ce bateau, Ecofluv vient surtout agrandir l’offre déjà présente sur le territoire, se réjouissent Cécile Avezard et Pierre Athanaze, 11e vice-président de la métropole de Lyon en charge de l’aménagement et de l’usage des fleuves.
« Avec Evoli, trois entreprises sont déployées sur de la logistique fluviale et urbaine à Lyon », cite la directrice territoire de VNF, faisant ainsi référence à la société ULS qui a remporté deux accès aux quais en 2021 et la barge Zulu 05, du groupe Sogestran Logistics. Avec une volonté forte d’associer cette activité à une empreinte environnementale limitée. « Evoli est entièrement décarboné et les autres bateaux sont aux meilleures normes motorisation EMNR de type 6 donc des moteurs basses émissions. »
Chaque flotte dispose de ses propres caractéristiques et s’attaque à des marchés qui se croisent ou se complètent. ULS travaillerait particulièrement avec des artisans dans le centre pour la distribution des boissons et le Zulu serait très actif sur le marché des déchets volumineux comme les cartons selon les sources présentes.
De son côté, Dario Malcuit estime que les premiers clients intéressés seront « les bateaux à passagers, pour la récupération des eaux usées et la valorisation des biodéchets mais aussi les paysagistes ainsi qu’une société de transport de colis et de matériel. » La société mènera une expérimentation d’un an pour vérifier l’intérêt de cette typologie d’acteurs mais aussi l’usage et la demande autour des 35 quais d’ancrage (de Villefranche à Pierre-Bénite) auxquels VNF leur a donné accès.
« Nous verrons ceux qui sont les plus pertinents », reconnaît Turkun Malcuit. « Petit à petit, ce service de transport massifié en hyper centre-ville trouve son marché. On n’est sans doute pas au bout des capacités » , conclut la directrice régionale des VNF.
« Lorsque je suis arrivée à mon poste, j’ai été estomaquée du peu de bateaux qui traversaient et rendaient des services à Lyon. En l’espace de quatre ans, on a de la logistique urbaine qui fonctionne, et on aura d’ici fin 2025 des transports en commun en bateau. L’innovation d’Evoli montre que nous avons franchi une nouvelle marche », confie Pierre Athanaze.
Si l’entreprise n’a pas encore planifié sa première livraison, confie sa directrice générale, d’autres villes se montrent déjà intéressées par Evoli, notamment Avignon et Marseille. Ce qui demandera encore un peu d’ingénierie pour répondre aux spécificités de ces territoires et leurs eaux. « Notre ambition est d’étendre le déploiement d’Evoli en construisant des bateaux adaptés à l’architecture de toute ville desservie pour une voie d’eau afin de favoriser l’émergence d’une logistique fluviale décarbonée et performante.»
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Evacuer les boues et les liquides, premier marché visé
La plus-value d’Evoli porte également sur un point bien particulier : une cuve de 86m3 dans laquelle seront récupérées et stockées les boues issues des unités de traitement des paquebots ou encore les eaux noires des bateaux de ville, ainsi qu’une pompe déchargeant jusqu’à 45m3 d’eaux usées par heure.
Car, comme le rappelle Turkun Malcuit, « les bateaux ont l’interdiction de rejeter leurs boues dans les voies d’eau depuis 2009. Or, rares sont les solutions de tout-à-l’égout disponibles sur les quais. »
Evoli pourra récupérer ces fameuses boues en accostant près d’un bateau et en branchant un flexible aux eaux usées, qui seront ensuite déchargées à quai et emmenées dans des usines de méthanisation. « Nous travaillons avec le Grand Lyon et la VNF sur cet acheminement car tout ceci est nouveau », explique Dario Malcuit, qui reconnaît cependant que son action s’arrêtera au quai.
Charge ensuite aux entreprises de récupérer leur marchandises, ou aux usines de méthanisation d’acheminer les camions pour récupérer ce dont elles ont besoin. « Nous sommes actuellement en train de développer un partenariat car ces acteurs se retrouvent aujourd’hui en détresse par rapport à leur approvisionnement », confie Dario Malcuit. D’autres déchets verts, liés à la restauration ou à l’agriculture, pourraient également faire l’objet d’une revalorisation.
Les bateaux de croisière disposant de cuves de 25 m2, il sera même possible de récupérer les boues de plusieurs bateaux au cours d’un même trajet ou d’une journée et de réaliser un seul et unique pompage.
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