La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Retombées, visibilité et bientôt tourisme ? « Anatomie d’une Chute », le ticket gagnant d’Auvergne Rhône-Alpes Cinéma

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300.000 euros et 10% des recettes sur toute la durée de vie du film ».

L’histoire d’une écrivaine allemande soupçonnée du meurtre de son compagnon français, retrouvé mort au pied de leur chalet a en effet séduit aussi bien le public que les critiques. Depuis sa sortie le 23 août dernier, « Anatomie d’une Chute » a été vu au cinéma par près de 1,8 million de français et plus de 3,5 millions de cinéphiles dans une soixantain­e de pays. Et ce n’est pas fini, puisque le film a déjà été vendu à 155 pays.

Côté récompense­s, le palmarès est presque unique : Palme d’or 2023 du Festival de Cannes, 11 nomination­s aux Cesar 2024 (dont six remportés), deux Golden Globes, sept nomination­s au Bafta 2024, et, bien sûr ce fameux Oscar 2024 du Meilleur scénario original remporté il y a quelques jours.

« Nous connaissio­ns bien les producteur­s, nous avions déjà travaillé avec eux. Ils nous ont proposé le scenario, nous ont présenté le casting. Notre comité de sélection a été séduit et a validé un investisse­ment de 270.000 euros dans la coproducti­on de ce film, ce qui est plutôt dans notre fourchette haute », explique Grégory Faes, racontant comment ses équipes s’étaient mises au travail pour identifier le fameux chalet dont chute le mari de l’héroïne et lieu central de l’intrigue.

40 jours de tournage dans la Maurienne

Après de nombreuses recherches, un grand chalet a finalement été validé par l’équipe du film dans la Maurienne (Savoie), sur les hauteurs du village de Villarembe­rt situé à une centaine de kilomètres de Grenoble. Ville où d’ailleurs est censée se tenir l’autre moitié de l’histoire, celle concernant le procès du personnage principal. Mais si dans le film, le Tribunal est identifié comme celui de Grenoble, c’est en réalité celui de Saintes, en Charentes Maritimes, dans lequel les scènes ont été tournées.

« Cela se passe fréquemmen­t de cette manière, et permet aux producteur­s d’avoir plusieurs régions qui viennent abonder leur budget. En l’occurrence, pour Anatomie d’une chute, Auvergne Rhône-Alpes Cinéma est coproducte­ur, tout comme la région Nouvelle Aquitaine », précise le directeur général de la structure régionale.

En effet, le budget XXL du film, d’un total de 6,2 millions d’euros, était allé chercher à la fois des contributi­ons privées (Canal +, Sofica, MK2, Le Pacte, etc) ainsi des aides publiques issues du le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), mais également 150.000 euros d’aide accordée par la Région

Nouvelle-Aquitaine, et 90.000 euros du départemen­t de Charente-Maritime.

Au printemps 2022, c’est finalement la Maurienne qui aura ainsi accueilli pendant quarante jours de tournage une équipe d’une soixantain­e de personnes. Avec les retombées économique­s associées pour les commerces et hébergemen­ts environnan­ts, notamment.

33,3 millions d’euros de retombées économique­s en 2023

Créé en 1991 par la Région (alors Rhône-Alpes, désormais Auvergne Rhône-Alpes) pour soutenir la création de longs métrages et de séries, Auvergne Rhône-Alpes Cinéma se présente sous la forme d’une société anonyme (SA) avec trois actionnair­es principaux : la Région, la BPI et la Caisse d’Épargne Auvergne Rhône-Alpes.

Un format original en France : ailleurs le sujet est plutôt traité directemen­t par les services culturels des Régions ou par des associatio­ns à qui elles délèguent la gestion de fonds. AURA Cinéma disposait jusqu’ici d’un budget annuel de trois millions d’euros pour la coproducti­on de longs métrages pour le cinéma, auxquels se sont ajoutés depuis l’année dernière, deux millions d’euros pour les diffusions à la télévision et sur les plateforme­s.

Chaque année, la structure accompagne en coproducti­on entre douze et quinze films, avec un chiffre d’affaires associé de 400.000 euros à un million d’euros qui lui permet de financer ses frais de fonctionne­ment (équipe de dix permanents). 15% de son chiffre d’affaires est reversé au budget de la Région.

Depuis 1991, 360 long métrages ont été coproduits, avec une part notable de films d’animation en raison de la présence de deux pôles importants à Lyon et Valence.

« Pour être coproduits, les projets doivent avoir un lien significat­if avec le territoire. C’est-à-dire notamment être tournés ici », précise Grégory Faes. En plus de la coproducti­on, AURA Cinéma a aussi pour mission d’accueillir les tournages (y compris donc ceux qu’il ne coproduit pas) et d’assurer la promotion des coproducti­ons.

En 2023, le Bureau d’accueil des tournages a ainsi comptabili­sé près de 1.000 jours de tournage dans la région, tous formats confondus. Cela représente 15 longs métrages pour le cinéma qui ont généré, selon Auvergne Rhône-Alpes Cinéma, 8,7 millions de retombées touristiqu­es sur le territoire. Ainsi

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