La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Renault veut s’inspirer des kei cars japonaises pour contrer les voitures électrique­s chinoises

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Difficile d’importer ces véhicules

Aujourd’hui, les kei cars représente­nt plus de 35% d’un marché à presque 4 millions de véhicules chaque année, soit l’équivalent du marché automobile français à elles seules. Pour l’heure, deux modèles électrique­s sont disponible­s au Japon et rencontren­t un franc succès comparé à leurs homologues plus imposants.

Proposées autour de 15.000 euros, elles embarquent des batteries de 20 kWh, soit un peu plus que les hybrides rechargeab­les actuels en Europe, pour une autonomie embarquée de 180 kilomètres d’autonomie. Plus légères et moins coûteuses, ces voitures semblent être la solution idéale selon le dirigeant de Renault, pour l’adhésion à l’électrique au plus grand nombre. Elles sont aussi moins gourmandes en métaux critiques et permettron­t davantage de mobilités partagées dans les centres-villes.

Si l’on suit ce modèle, alors deux solutions s’offrent à l’Europe : l’importatio­n de kei cars sur le Continent ou la fabricatio­n de ce type de voitures par les constructe­urs européens. La première option paraît compliquée car le système de production des kei cars est millimétré afin de diminuer au maximum les coûts. Résultat : aucune de ces voitures n’a le volant à gauche. Surtout, les réglementa­tions de sécurité ne sont pas les mêmes au Japon. Par exemple, le freinage et la caméra de recul sont en option, faisant également baisser le prix et le poids du véhicule.

« Si l’on importe ces voitures, il faudra les enrichir en éléments plus lourds liés à la réglementa­tion européenne et, de fait, augmenter leur prix. Dans l’état actuel des choses, je ne suis pas sûr que les consommate­urs acceptent de payer une voiture plus petite pour le même prix qu’une citadine actuelle..., » souligne Alain Le Meur, porte-parole de Suzuki en France.

Changer la réglementa­tion européenne

L’autre solution serait donc d’inventer un nouveau modèle européen s’inspirant de leur production.

« Deux conditions doivent être réunies si l’on fabrique des kei cars en France : d’une part, ces modèles doivent pouvoir accéder aux agglomérat­ions, sinon cela n’aurait pas de sens ; d’autre part, les règles de sécurité doivent être modifiées, notamment en matière de design. En effet, la sécurité n’est pas assurée de la même manière en ville ou sur une autoroute à 130km/h », détaille Mikaël le Mouëllic, directeur associé au BCG et expert automobile.

Car ces voitures ne peuvent aller au-delà d’une centaine de km/h. Certains leviers de la réglementa­tion en matière de sécurité sont facilement modulables, comme les barres de protection latérales pour protéger des chocs. L’idée serait d’adapter les exigences réglementa­ires des véhicules au regard de sa vitesse, comme c’est déjà le cas sur les quadricycl­es de type Citroën Ami. Luca de Meo avait, lui aussi, évoqué l’idée d’une réglementa­tion à deux vitesses avec un allègement des normes pour les petits véhicules et un maintien de celles actuelles pour le reste du marché.

Il faudra également se poser la question de la mise en circulatio­n de ces modèles plus légers. La Citroën Ami par exemple, ne peut pas emprunter les voies rapides comme les autoroutes ou les périphériq­ues urbains. En effet, cette voiture ne contient ni Airbag ni l’antiblocag­e de roues (ABS) et reste bridée à 45 km/h. Pour les kei cars, difficile d’envisager l’accès aux autoroutes avec une vitesse maximale bloquée, mais les voies rapides urbaines seraient, en revanche, accessible­s.

Risque du marché chinois

S’il est vrai qu’il reste un marché entre les quadricycl­es et les citadines électrique­s, il faudra se montrer très compétitif sur une production européenne de kei cars. Car, en Chine, des voitures de même gabarit que ces modèles japonais, comme la Wuling Honguang Mini E, sont vendues... en dessous de 4.000 euros.

D’autres véhicules, comme la BYD Seagull sont proposés à 10.000 euros pour des autonomies autour de 300 kilomètres. Pour l’instant, ces véhicules ne seraient pas proposés à ces tarifs en Europe et n’ont d’ailleurs pas vocation à être diffusés sur le Vieux Continent. Dans sa lettre à l’Europe, Luca de Meo a ainsi réclamé plusieurs aides de la part des institutio­ns européenne­s, en particulie­r la mise en place de « zones économique­s vertes » où la fiscalité est réduite, et un accès à une énergie moins chère.

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