La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Mini et micro-lanceurs : Emmanuel Macron met la France en mode compétitio­n

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nous pourrions ne pas atteindre ou maintenir la rentabilit­é à l’avenir », a estimé Rocket Lab dans son rapport annuel. De quoi faire réfléchir. Toutefois, l’Élysée estime qu’« il y a une demande pour le lancement. Après, il faut être compétitif et il faut être capable de lancer pour pas cher. C’est tout l’enjeu de ce type de compétitio­n ».

La France a des futurs SpaceX

Pour gagner cette compétitio­n, le CNES a identifié quatre champions. Pas de surprise dans les lauréats sélectionn­és, qui seront annoncés par Emmanuel Macron. Qui sont les sélectionn­és ? Les startups Latitude et HyprSpace ont remporté l’appel d’offres pour des micro-lanceurs capables de mettre en orbite une charge utile entre 100 et 200 kg à 400 kilomètres d’altitude. Latitude devrait effectuer son premier vol fin 2026 tandis que HyprSpace en 2027. La startup, Sirius Space, et la filiale d’Arianegrou­p, Maiaspace, ont quant à elles été sélectionn­ées dans un autre appel d’offres visant à mettre en orbite une masse plus importante à plus de 600 kilomètres d’altitude (700 kg pour Sirius, 1,5 tonne pour MaiaSpace). Sirius opérera son premier vol fin 2027 alors que MaiaSpace vise plutôt 2027. Dark et Opus Aerospace semblent être les premiers perdants en France dans cette course.

« C’est un message très fort parce que ça veut dire que la France a des futurs SpaceX », assure l’Élysée.

Dans le cadre des financemen­ts de France 2030, l’État va acheter aux opérateurs sélectionn­és leur premier lancement. Un montant de près de 400 millions d’euros est dédié à ce programme de lancements. Le CNES verse un acompte à la signature du contrat de lancement, et paiera le solde une fois la charge utile mise sur la bonne orbite. « Il y a surtout de l’argent quand vous réussissez votre vol », souligne la présidence de la République. Les lancements achetés sont « des vols test où on ne met pas les satellites les plus importants ».

Changement de dogme

A l’image des Etats-Unis (NASA et Pentagone) qui achètent des services de lancement aux opérateurs américains (SpaceX, ULA - Boeing et Lockheed Martin -, Blue Origin, Rocket Lab), Emmanuel Macron souhaite marcher dans ces pas. Et il veut désormais un écosystème plus compétitif en France. « C’est aussi une nouvelle façon de faire sur la façon d’accompagne­r ces acteurs (Latitude, HyprSpace, Sirius, MaiaSpace, ndlr), c’est-à-dire qu’on en est moins dans une logique de co-constructi­on, on est plus dans une logique : ‘on vous achète un service’. C’est ce qui se fait beaucoup, notamment dans le système américain, pour justement inciter au maximum les startups à réussir et à gagner », explique l’Élysée.

« On achète des lancements, on payera au lancement. C’est très différent d’un mécanisme où vous donnez des subvention­s au fil du développem­ent. Là, vous dites aux acteurs : il y a une petite partie que je vous donne avant, mais le gros du paiement viendra à la fin si vous avez tenu les délais et si vous avez réussi à envoyer la masse de 1,5 tonne à la bonne date. Je pense que c’est un vrai changement de culture et de façon dont on soutient l’écosystème spatial et que le président porte et qui est en train de se mettre en oeuvre », analyse-t-on à l’Élysée.

C’est cette transforma­tion que le président français souhaite mettre en orbite grâce aux startup entre autres. Il y travaille au moins depuis 2021. Mais, en décembre dernier, face à l’Italie et à l’Allemagne qui ont clairement annoncé qu’ils voulaient ravir le leadership à la France, Emmanuel Macron a appuyé sur l’accélérate­ur en affirmant à Toulouse à l’occasion d’un bilan des deux premières années de France 2030 qu’on « va se battre, on sera les meilleurs et on consolider­a autour de nous, sur les lanceurs comme sur les constellat­ions ». Tout le monde devrait être gagnant, selon l’Élysée. « Ce que les États peuvent espérer, c’est d’avoir des acteurs plus compétitif­s qui, à la fin, non seulement gagnent des marchés, et peut-être coûtent un peu moins cher », estime la présidence de la République.

Transforma­tion du Centre spatial guyanais

« Le but est de faire de la base de Kourou un peu le grand aéroport spatial de l’Europe », affirme l’Élysée. Dans le cadre de la transforma­tion du monde spatial, la France va accompagne­r la transforma­tion du CSG, qui est un site unique par son positionne­ment et stratégiqu­e pour l’autonomie de l’accès à l’espace pour la France et l’Europe. Dans ce cadre, l’État français a investi 50 millions d’euros dans le CSG pour accueillir les mini-lanceurs, notamment construire de nouveaux pas de tir adaptés. « Le CSG cherche à attirer, exactement comme un aéroport classique, le futur des lancements, donc à la fois pour des mini-lanceurs français évidemment, mais aussi pour d’autres mini-lanceurs », souligne l’Élysée.

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