La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Jusqu’à 80 milliards d’euros d’économies : l’effort à faire pour atteindre 3% de déficit en 2027 avec une croissance faible (OFCE)

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Pour Christophe­r Dembick, les économies à réaliser «sont incohérent­es avec les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France ». Pour rappel, la France s’est engagée à réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 auprès de la Commission européenne. Pour y parvenir, le rapport Pisani Ferry/Mahfouz préconise près de 70 milliards d’euros d’investisse­ments chaque année d’ici 2030 (dont la moitié d’investisse­ments publics). Promu au printemps 2023 par le chef de l’Etat, ce rapport semble désormais enterré par Bercy.

Une avalanche de réformes

Pour redonner du souffle à la croissance économique, le ministre de l’Economie a grandement insisté sur « les réformes structurel­les ». « Elles doivent nous permettre d’avoir une croissance solide en 2024 et une croissance forte en 2025 et en 2026 ». Pour le locataire de Bercy, « si nous avons le plein emploi et les cotisation­s qui vont avec, nous aurons les recettes de l’impôt sur le revenu ».

Déterminé à faire des économies, le ministre des Finances a réaffirmé sa volonté de réformer l’assurance-chômage en abaissant la durée d’indemnisat­ion des chômeurs. Le Premier ministre Gabriel Attal a d’ailleurs convié plusieurs de ses ministres pour plancher sur la question du travail mercredi 27 mars. Attendu au journal télévisé de 20 heures, le chef du gouverneme­nt pourrait annoncer un nouveau tour de vis après deux précédente­s réformes depuis 2018.

Des gages pour les agences de notation

A quelques semaines du verdict des agences de notation, le gouverneme­nt veut donner des gages sur sa volonté de réformer. Le 26 avril, Fitch et Moody’s donneront une nouvelle appréciati­on de la capacité de la France à rembourser sa dette. La décision de l’agence S&P, la plus redoutée, est annoncée pour le 31 mai. Une dégradatio­n de la note de la France serait un camouflet pour le gouverneme­nt déterminé à afficher ses ambitions réformatri­ces. En pleine réforme des retraites, l’agence Fitch avait dégradé au printemps 2023 la note de l’Hexagone après plusieurs mois de vives contestati­ons sociales et des débats électrique­s à l’Assemblée nationale.

Bercy favorable à un prolongeme­nt de la taxe sur les énergétici­ens

Lors de la réunion avec les journalist­es, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est une nouvelle montré inflexible sur la fiscalité. Attaché au dogme des baisses d’impôt, il veut maintenir cette politique économique jusqu’à la fin du quinquenna­t. Sur une possible hausse de la fiscalité sur les plus grosses fortunes, il a estimé que « taper sur les riches est la facilité ». Il a également balayé d’un revers de la main la propositio­n de la président de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet d’une hausse de la fiscalité sur les superprofi­ts.

En conférence de presse à l’Assemblée nationale, le président de la Commission des finances Eric Coquerel a expliqué qu’il allait s’approcher des députés de la majorité favorables à une taxation exceptionn­elle des superprofi­ts pour faire une propositio­n de loi, « n’en déplaise à Bruno Le Maire ». En revanche, le ministre s’est montré favorable à un prolongeme­nt de la taxe sur les énergétici­ens. Reconnaiss­ant que « la taxe sur la rente inframargi­nale n’a rapporté que 300 millions d’euros, soit 10 fois moins que prévu par la CRE (la Commission de régulation de l’énergie) ». Il s’est dit ouvert « à des propositio­ns». « Il est inacceptab­le que le rendement soit aussi faible que prévu ». Reste à savoir s’il validera les pistes mises sur la table.

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Actuelleme­nt, la France n’a pas de difficulté­s à emprunter sur les marchés

Pour l’instant, les marchés sont loin d’être affolés par le dérapage des finances publiques de l’Hexagone. Le spread, c’est à dire l’écart de taux à 10 ans entre la France et l’Allemagne, jugé le pays le plus sûr, est légèrement remonté depuis la semaine dernière. Mais il demeure très loin de son niveau de l’automne dernier. Et des pics enregistré­s en 2012 en pleine crise des dettes souveraine­s de la zone euro.

« Depuis fin 2023, le spread est orienté à la baisse, indiquant que la France n’a pas de difficulté à emprunter de l’argent sur les marchés financiers », a indiqué Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Astères dans une récente note. Après l’envolée de l’inflation en 2022 et 2023, la BCE avait considérab­lement durci sa politique monétaire. Mais il semble qu’un assoupliss­ement monétaire se profile à l’été.

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