La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Le Royaume-Uni et l’Allemagne s’associent autour de l’informatiq­ue quantique

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communs. Un groupe de recherche stratégiqu­e sera établi par les deux gouverneme­nts pour faciliter cette coopératio­n.

« La collaborat­ion avec nos collègues britanniqu­es est devenue beaucoup plus complexe après le Brexit et la sortie du Royaume-Uni des programmes européens. Il est donc important de rétablir ces relations, d’autant que le Royaume-Uni possède de nombreux chercheurs de haut vol travaillan­t sur l’informatiq­ue quantique. Travailler ensemble passe notamment par des programmes de recherche cofinancés, ce que devrait permettre ce rapprochem­ent », note Sebastian Blatt, de l’Institut Max Planck d’optique quantique et cofondateu­r de la jeune pousse quantique Planqc.

Sous l’impulsion du Premier ministre britanniqu­e Rishi Sunak, qui met l’accent sur les nouvelles technologi­es depuis le début de son mandat, le Royaume-Uni s’est doté en mars 2023 d’un plan quantique doté d’un budget de 2,5 milliards de livres, avec pour ambition d’attirer un milliard supplément­aire de la part des investisse­urs privés. Le budget voté au printemps comprend 1,6 milliard d’investisse­ment supplément­aire dans un programme visant à limiter les erreurs de calcul des ordinateur­s quantiques, l’un des principaux freins à leur développem­ent.

« Rendre l’informatiq­ue quantique tolérant aux erreurs est l’une des conditions majeures pour obtenir des usages féconds de ces machines. Cette étape a été franchie dans les années 1960 pour l’informatiq­ue traditionn­elle et il y a un effort mondial majeur pour la franchir depuis l’an passé » affirme Graeme Malcolm, directeur général et fondateur de M Squared, une jeune pousse du quantique basée à Glasgow, en Écosse.

Deux écosystème­s complément­aires

Le Royaume-Uni possède plusieurs centres d’excellence sur le quantique, dont les université­s d’Oxford (près de laquelle a été installé un centre national de l’informatiq­ue quantique), Cambridge, Glasgow, ainsi que l’Imperial College London. L’Allemagne, qui a joué un rôle majeur dans l’éclosion de la mécanique quantique, à travers des scientifiq­ues comme Albert Einstein, Erwin Schrödinge­r et Werner Heisenberg, compte également ses centres d’excellence, en particulie­r la ville de

Munich, avec deux université­s proposant des formations de pointe (l’Université technique de Munich et l’Université Louis-et-Maximilien). Autour de la capitale de la Bavière s’est constituée une « vallée du quantique » abritant de nombreuses jeunes pousses, dont Planqc.

Pour Sebastian Blatt, les deux pays sont complément­aires.

« Le Royaume-Uni possède un écosystème de startups très dynamique, dont l’Allemagne a beaucoup à apprendre. De notre côté, nous avons de longue date lancé des programmes institutio­nnels visant à promouvoir le développem­ent de cette technologi­e, avec plus de deux milliards d’euros investis au total, et un mécanisme de collaborat­ion avec l’agence spatiale allemande qui permet aux jeunes pousses de travailler rapidement sur des projets concrets. »

Un écosystème collaborat­if

Sur le marché bourgeonna­nt de l’informatiq­ue quantique, l’heure est à la collaborat­ion par-delà les frontières. Nous annoncions ainsi récemment une associatio­n entre la jeune pousse française Pasqal et une université sud-coréenne. Un esprit de collaborat­ion qui s’explique notamment par la rareté des talents dans ce domaine, selon Sebastian Blatt. « On compte actuelleme­nt environ un millier de spécialist­es de l’informatiq­ue quantique dans le monde, un pool de talents réduit qui rend nécessaire la coopératio­n pour avancer », note le chercheur.

En outre, le secteur n’est pas encore suffisamme­nt mature pour que les acteurs empiètent les uns sur les autres, d’après Shai Machnes, fondateur de la jeune pousse israélo-allemande Qruise. « Pour l’instant, les ordinateur­s quantiques en sont encore à un stade très précoce et intéressen­t principale­ment les ingénieurs et les physiciens. Ils sont encore suffisamme­nt éloignés de la commercial­isation pour que les entreprise­s profitent davantage de la collaborat­ion que de la crainte de se faire voler leur technologi­e par la concurrenc­e. » Cela pourrait toutefois changer rapidement, les ordinateur­s quantiques progressan­t plus vite que prévu et certains prévoyant leur utilisatio­n massive pour la fin de la décennie...

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