La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Atos déplore une perte nette de 3,4 milliards d’euros
de sauvetage comprenant sa scission en deux entités : Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d’infogérance, et Eviden, qui comprend notamment les activités « big data » et sécurité (BDS), la pépite du groupe.
Malgré le retrait d’Airbus des discussions pour l’acquisition de BDS la semaine passée, quelques semaines seulement après celui des négociations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour la vente de Tech Foundations, « Atos continuera de gérer Tech Foundations et Eviden comme deux activités séparées, tirant parti des forces de leurs offres respectives, avec une stratégie commerciale coordonnée », a affirmé mardi l’entreprise.
Alors qu’Atos possède des supercalculateurs, notamment utilisés dans la défense et le nucléaire, le ministère français de l’Economie s’est engagé mardi dernier « à construire dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques » du groupe.
Si elle s’échangeait aux alentours de 15 euros fin juillet 2023, l’action du groupe a perdu plus de 80% de sa valeur, pour chuter sous les 2 euros, ramenant la valorisation de l’entreprise à moins de 200 millions d’euros.
Dimanche dernier, David Layani, le patron de Onepoint, premier actionnaire d’Atos, avait appelé à « mettre fin immédiatement à tout projet de cession », dans un entretien accordé au Figaro.
« Ce n’est pas au moment où l’on doit se réinventer et repartir qu’il faut vendre ses bijoux de famille », plaide le dirigeant du cabinet qui détient plus de 11% du capital d’Atos, évoquant notamment les activités « big data » et sécurité du groupe, la « pépite » BDS, dont la vente à Airbus a échoué.
« Il faut mettre fin immédiatement à tout projet de cession en préservant l’intégrité des actifs pour bâtir un New One Atos qui reparte sur des bonnes bases », avait fait valoir David Layani, nommé fin février au conseil d’administration du groupe et soucieux de rompre avec la stratégie menée depuis deux ans.
Atos, pilier de l’organisation des JO
Dans les prochains mois, Atos doit aussi être un des piliers de l’organisation des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) et paralympiques (du 28 août au 8 septembre), notamment en hébergeant les données personnelles des participants et en fournissant ses services en matière de cybersécurité.
Interrogé la semaine passée par Le Figaro pour savoir si la situation actuelle du groupe pourrait avoir des répercussions sur ces événements sportifs planétaires, le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), gendarme français de la sécurité informatique, s’est voulu rassurant.
« Evidemment, nous avons une vigilance particulière compte tenu des difficultés que la société a pu rencontrer mais je n’ai aujourd’hui aucun signe d’alerte lié à la situation du groupe qui se répercuterait sur la sécurité de ce qu’ils font pour les Jeux. Nous les suivons de près pour s’assurer qu’il n’y a pas de dérives. Mais il n’y en a pas aujourd’hui », a affirmé Vincent Strubel.
Malgré les difficultés financières d’Atos, il n’y aura « aucun souci sur les Jeux olympiques », a assuré ce mardi son directeur général Paul Saleh.
« Il n’y a aucun souci sur les Jeux olympiques. On vient de terminer une phase de tests sur le plan opérationnel qui a été extraordinairement bien reçue par tout le monde », a-t-il affirmé, lors d’une conférence téléphonique en marge de la publication des résultats annuels du groupe français.
Pour répondre aux interrogations, une visite ouverte à la presse du centre des opérations technologiques (Technology Operations Center), qui héberge les équipes d’Atos, du CIO, du comité d’organisation et des autres partenaires des Jeux dans le domaine technologique, doit être organisée jeudi. Partenaire informatique mondial du CIO depuis les Jeux de Salt Lake City en 2002, Atos est chargé d’orchestrer et d’assurer l’intégration de l’ensemble des partenaires et intervenants technologiques impliqués dans les Jeux de Paris, comme Orange, Intel, Cisco, Omega ou Panasonic.