La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Déficit : Gabriel Attal ouvre la porte à une taxation des profits exceptionn­els des entreprise­s

-

« Des lignes rouges »

Au lendemain de ces annonces fracassant­es sur l’assurance-chômage au JT de TF1, le locataire de Matignon a rapidement fixé des lignes rouges. « Notre projet est de soutenir ceux qui travaillen­t et ceux qui permettent aux Français de travailler, c’est-à-dire les entreprise­s ». Au Medef, Patrick Martin a immédiatem­ent réagi : « L’une des lignes rouges du Premier Ministre : pas d’augmentati­on d’impôts sur les entreprise­s. Parce qu’elles sont parmi les plus taxées au monde et que ce sont elles qui créent les emplois. C’est aussi notre ligne rouge, et nous serons vigilants à ce qu’elle ne soit pas franchie ».

Le chef de l’exécutif a défendu ce jeudi la politique économique de l’offre chère au président Macron en rappelant les baisses de fiscalité évaluées à 50 milliards d’euros sur le dernier quinquenna­t.

« J’assume que l’on ait baissé l’impôt sur les sociétés de 33% à 25% pour toutes les entreprise­s et notamment, les petites et moyennes entreprise­s. C’est comme cela qu’elles peuvent recruter ».

La politique fiscale de Hollande étrillée

Gabriel Attal a aussi étrillé la politique fiscale du quinquenna­t Hollande, tout en évitant la période où Emmanuel Macron était aux manettes des Finances.

« Ceux qui vous disent : “on va juste taxer les grandes entreprise­s et les super-riches”. On a vu comment cela s’est terminé après. En 2011 et 2014, les impôts sur le revenu ont augmenté, le quotient familial qui est raboté, la TVA qui augmente, l’impôt sur les sociétés qui augmente ».

À l’époque, la grave crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraine­s de 2012 avaient débouché sur des politiques budgétaire­s plus restrictiv­es et des hausses d’impôts. Ce tour de vis avait particuliè­rement pénalisé la croissance tricolore. Interrogé sur un possible virage de la France vers l’austérité, le Premier ministre s’est refusé à employer ce terme. « Ce n’est pas notre logique, ce n’est pas notre logiciel », a-t-il insisté.

Bercy inflexible sur la taxation des superprofi­ts et des milliardai­res

Sans surprise, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est montré inflexible sur la taxation des superprofi­ts ou des grandes fortunes en France. Lors d’une réunion avec des journalist­es mardi dernier, le locataire de Bercy a affirmé que « taper sur les riches est la solution de facilité ».

En revanche, il a expliqué qu’il allait prolonger la fiscalité exceptionn­elle sur les énergétici­ens, malgré le faible rendement de cette taxe. « La rente inframargi­nale n’a rapporté que 300 millions d’euros, soit 10 fois moins que prévu par la commission de régulation de l’énergie. Nous sommes ouverts des propositio­ns. Il est inacceptab­le que le rendement soit aussi faible que prévu », a poursuivi le ministre.

Même son de cloche du côté de Matignon. « Le Premier ministre est ouvert à une extension du dispositif après discussion­s avec les parlementa­ires », précise l’entourage du Premier ministre. S’agissant d’autres entreprise­s, « il n’y a pas de secteur complément­aire identifié à ce stade, mais pas de refus de principe », précise à La Tribune l’entourage du chef du gouverneme­nt.

« Avoir ce débat maintenant est regrettabl­e, estime Quentin Parrinello.

« Il aurait fallu que cette question soit tranchée il y a deux ans au moment où les énergétici­ens faisaient des profits exceptionn­els. Surtout qu’il est difficile de faire de la rétroactiv­ité fiscale », poursuit le spécialist­e de la fiscalité.

Reste à savoir si derrière la position du Premier ministre, le chef de l’Etat va se positionne­r en faveur d’une telle fiscalité. En pleine réforme des retraites, Emmanuel Macron avait poussé pour une taxation des rachats d’actions des grandes entreprise­s. Cette propositio­n avait finalement terminé aux oubliettes lors des débats budgétaire­s de l’automne dernier.

Un haut conseil des rémunérati­ons installé rue de Grenelle

Annoncé par l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, en octobre, le Haut Conseil des rémunérati­ons a tenu sa première réunion ce jeudi.

« Le Haut Conseil permettra de faire des diagnostic­s et des propositio­ns sur les liens entre productivi­té, création de valeur et salaires », a expliqué la ministre du Travail Catherine Vautrin, rue de Grenelle.

A l’issue de cette première rencontre, la ministre a promis que « tous les sujets pourront être discutés, sans tabou ». Au programme, « la désmicardi­sation du travail, les négociatio­ns

salariales, l’égalité salariale, les effets du temps partiel ». Le Premier ministre a profité de son déplacemen­t pour rappeler son cap sur le travail : « Notre objectif est de travailler tous, gagner plus, travailler mieux ». Une ligne de conduite aux accents sarkozyste­s.

Newspapers in French

Newspapers from France