La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

A Sandouvill­e, Renault achève sa phase de réindustri­alisation et confronte Stellantis

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Après avoir fabriqué les véhicules haut de gamme de Renault, comme la Laguna et la Safrane, le site de Sandouvill­e avait pris un nouveau tournant en 2014 avec la production d’utilitaire­s, comme le Renault Trafic, l’un des grands succès du groupe. Près de 600 véhicules sortent de l’usine chaque jour.

Le bras de fer avec Stellantis

A l’issue de déambulati­on entre les lignes de production, Bruno Le Maire et Edouard Philippe ont pu voir les maquettes de ces nouveaux fourgons électrique­s, mais sans la presse. Une seule informatio­n : cette nouvelle gamme de véhicules utilitaire­s embarquera le tout nouveau logiciel développé par Renault, en partenaria­t avec Google et Qualcomm.

Il s’agira de la première gamme de véhicules Renault à utiliser cette nouvelle architectu­re de véhicule. Elle permettra la mise à jour à distance de nombreuses fonctionna­lités de la voiture, comme le freinage, la direction, l’éclairage ou encore le multimédia, tout au long de la vie du véhicule. Le pionnier de ce système est Tesla, mais de nombreux constructe­urs comptent le challenger sur ce terrain.

Avec 379.208 immatricul­ations de janvier à décembre 2023, le marché français des véhicules utilitaire­s légers neufs a connu une hausse de presque 9% cette année, en dessous des véhicules particulie­rs en croissance de 16%. Sur cette branche de véhicules, Renault a vendu 114.372 utilitaire­s légers et 147.437 pour son concurrent direct, Stellantis. À eux deux, les constructe­urs français détiennent 70% de ce marché. « En Europe, un utilitaire sur 6 est fabriqué par Renault », s’est réjoui son directeur général.

Les marges générées par les utilitaire­s, elles, sont généraleme­nt plus élevées que celles sur les véhicules aux particulie­rs. Un business juteux que ne veut pas perdre le constructe­ur français. Car l’électrique ne représente que 8% des ventes en 2023, deux fois moins que pour les voitures aux particulie­rs.

Une aubaine que Stellantis a su saisir le premier. En octobre dernier, le constructe­ur a annoncé pas moins de 12 fourgons électrique­s sur ses 6 marques : Peugeot, Opel, Fiat, Citroën, Vauxhall ou encore Ram. Renault doit donc passer à l’offensive rapidement s’il ne veut pas se laisser distancer sur ce terrain. D’autant que, là aussi, Stellantis a misé sur le “Software defined vehicle” et les mises à jour à distances à partir de 2026.

Achèvement de la phase de réindustri­alisation

Pour se différenci­er de son concurrent, Renault joue la carte du Made in France. Après la production de la R5 et du Scenic à Douai, de la future Renault 4 à Maubeuge et du recyclage à Flins, il ne manquait plus que cette usine française à reconverti­r pour achever cette phase de réindustri­alisation.

« Quand on achète une voiture italienne, on achète une partie de la culture italienne. Même chose pour les voitures allemandes. C’est donc pareil pour la France », s’était défendu Luca de Meo dans un entretien à La Tribune en mai, affirmant que ce choix du Made in France n’était pas directemen­t lié à la part de l’Etat français dans le groupe. L’objectif du groupe est de produire 480.000 voitures électrique­s en France d’ici à la fin 2025.

Edouard Philippe et Bruno le Maire ont salué le courage de Luca de Meo, soulignant tout de même les difficulté­s restantes sur le plan de la réindustri­alisation : le coût de l’énergie, l’accès au foncier ou encore la formation. Des mesures de quotas de femmes dans les écoles d’ingénieurs et d’aménagemen­ts fonciers des principaux ports français que sont Marseille, le Havre et Dunkerque ont été annoncées.

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