La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Sobriété foncière : la surélévati­on, une solution durable pour la ville de Rennes ?

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À Rennes et dans son agglomérat­ion, la crise du logement, accrue par la croissance démographi­que et l’arrivée de 70.000 nouveaux habitants d’ici à 2040, se caractéris­e en trois chiffres : 5.000 nouveaux logements par an vont être créés dans le cadre du Programme local de l’habitat 2023-2028, voté en décembre dernier (4.000 dans le précédent PLH) tandis que 26.000 demandeurs sont en attente d’un logement social. C’est 62% de plus qu’en 2016 malgré l’augmentati­on du parc social.

10% de recyclage bâti d’ici à 2028

Dans ce contexte, Rennes Métropole veut identifier le gisement d’immeubles et de bâtiments offrant des opportunit­és de surélévati­on, sur un ou deux étages. La collectivi­té a ainsi donné mission au cabinet Upfactor. Le spécialist­e du développem­ent de nouveaux mètres carrés en zones urbaines denses est désormais chargé de réaliser une cartograph­ie en 3D et à une analyse approfondi­e du bâti du territoire.

Ce marché à 170.000 euros se concrétise­ra d’ici à l’été, par une première restitutio­n. Elle portera sur le périmètre constitué du coeur de ville de Rennes et des communes limitrophe­s de Saint-Grégoire, Cesson-Sévigné, Chantepie et Saint-Jacques-dela-Lande.

« L’économie du foncier agricole a toujours guidé la collectivi­té, car Rennes est une ville archipel entourée d’une ceinture verte agricole utile, qui représente 55% de la surface de la métropole. La crise du logement et l’objectif zéro artificial­isation nette en 2050 créent des impératifs sociaux et environnem­entaux » rappelle Marc Hervé.

« Grâce aux données issues du PLUi [plan local d’urbanisme intercommu­nal, ndlr] et du tissu bâti, disponible­s dans le jumeau numérique de Rennes, Upfactor va scanner le patrimoine immobilier du territoire pour identifier un gisement potentiel d’espaces de constructi­on », détaille le conseiller métropolit­ain délégué aux formes urbaines et 1er adjoint délégué à l’Urbanisme de la Ville de Rennes, auprès de La Tribune.

« Après une première étape cet été, les périmètres des communes hors coeur de métropole concernées par la loi SRU (renouvelle­ment urbain) et de celles non directemen­t concernées par la loi SRU, feront l’objet d’une étude des gisements fonciers d’ici à l’automne », poursuit-il.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre du Programme Local de l’Habitat (PLH) de Rennes Métropole. Celui-ci prévoit 10% de recyclage bâti d’ici à 2028 sur les 5.000 nouveaux logements crées par an. Outre la conversion d’anciens bureaux, la Métropole travaille, notamment, sur la transforma­tion de certaines franges du campus universita­ire de Beaulieu.

Opportunit­é de rénovation, création d’une filière bois

Avant d’être par la suite soumis pour informatio­n aux bailleurs sociaux et aux gérants de copropriét­és, le gisement potentiel qui ressortira de l’étude d’Upfactor va tenir compte des contrainte­s architectu­rales et de celles du Plan local d’urbanisme intercommu­nal (PLUi).

« En cas de création de logement par surélévati­on, il va falloir, par exemple, revoir les règles de stationnem­ent. La modificati­on du PLUi est en cours, une enquête publique aura lieu à l’automne en vue d’une entrée en vigueur fin mars 2025 », précise Marc Hervé.

Pour les élus, la surélévati­on peut servir de déclencheu­r en répondant à un modèle de « constructi­bilité vertueux » , voire en préservant ou en augmentant la valeur globale d’un patrimoine, alors que les habitation­s dont le DPE sera classé E, F ou G seront interdites à la location en 2034. A titre indicatif, la métropole rennaise compte 30% de passoires thermiques.

« La surélévati­on présente l’avantage d’accélérer la transition énergétiqu­e des bâtiments et la requalific­ation du patrimoine construit, par des travaux de réhabilita­tion, notamment en matière d’énergie et de performanc­es thermiques ( toiture, habillage des façades) », fait valoir Laurence Besserve, vice-présidente de Rennes Métropole déléguée à l’Aménagemen­t.

Dans ce cas-là, la Métropole accompagne­ra les syndics de copropriét­és et les bailleurs sociaux sur des études de faisabilit­é pré-opérationn­elle et, pour les particulie­rs, dans le cadre du programme EcoTravo, pendant métropolit­ain du dispositif national Ma Prime Rénov’.

Suivant sa logique bas-carbone, la collectivi­té avance aussi que le développem­ent du foncier aérien pourrait contribuer à consolider à terme les nouvelles filières bois ou utilisant des éco-matériaux. Plus lourd, le béton risquerait de faire travailler la structure d’un immeuble.

Démarches comparable­s à Strasbourg et Nice

En termes d’acceptabil­ité, la densificat­ion douce par surélévati­on est moins propice aux critiques de la population que le remplaceme­nt d’une maison de ville par un immeuble.

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