La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Bercy braque les projecteurs sur les métiers d’art au travers des régions
15 chantiers, 29 métiers
Les projets sélectionnés sont, pour les deux tiers d’entre eux, localisés dans des petites villes ou des villages. En tout, ils mobiliseront pas moins de 29 métiers d’art (sur les 183 spécialités répertoriées en France) : horloger, menuisier, fondeur, murailler, tapissier ou tailleur de pierre.
L’objectif est double : il s’agit de fournir du travail à ces femmes et hommes aux « mains d’or ». Mais aussi de ré-ancrer localement des savoir-faire d’excellence « que le monde entier nous envie », Olivia Grégoire dixit. Faut-il rappeler que l’artisanat d’art génère chaque année quelque 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 8 à l’export. Une donnée trop oubliée par les acteurs locaux, à entendre par le directeur de la Fondation du patrimoine, Alexandre Giuglaris. « Le patrimoine est souvent comme une charge, c’est pourtant un levier de développement économique et une source de notoriété et de rayonnement pour les territoires ».
Dans l’Eure, les métiers d’art ont leur fabrique
Message reçu 5 sur 5 dans le riant village du Vaudreuil où la ministre s’est transportée ce matin (pas exactement par hasard). Depuis un an, la municipalité a fait le choix d’ouvrir grand les bras aux artisans d’art. Sur plus de 2.000 m2, sa “Fabrique des métiers d’art” (en photo ci-dessus) regroupe, d’un côté un espace de création et un centre d’exposition aménagé dans une ancienne chapelle désacralisée. « C’est la pierre angulaire d’un écosystème d’un nouveau genre, respectueux des savoir-faire ancestraux mais ancré dans son temps », explique Bernard Leroy, maire et président de l’agglomération Seine Eure.
Tout dans cet ensemble est conçu pour encourager la création et la transmission. Le rez-de-chaussée abrite une grande salle de formation où l’association « L’outil en main » initie des enfants de 9 à 16 ans. Dans les étages, huit ateliers, de 50 m2 chacun, accueillent des professionnels en émergence ou confirmés (luthière, céramiste, tisseuse...). « Nous proposons aux artisans des loyers progressifs qui ne dépassent pas 4,50 euros par m2 et par mois pendant trois ans. A l’issue de quoi, nous les réimplantons sur le territoire », détaille Anne Levasseur, directrice des lieux.
S’ajoutent à cela des formations à la photographie et au marketing et des masters class associant des digital makers, des designers et des artisans d’art. La Fabrique s’est assurée du soutien de l’école nationale des arts appliquées et des métiers d’art plus communément appelée Olivier de Serres (ens aama Paris 15ème). L’établissement y voit un bon moyen d’inciter la jeune génération « en quête de sens » à se jeter à l’eau. « Même s’il s’agit de petits flux, il existe énormément de débouchés pour ces métiers auxquels font de plus en plus appel les architectes, les designers et les maisons de luxe », rappelle son directeur Eric Chenal. Pour mémoire, le secteur des métiers d’art crée chaque année 20.000 emplois selon le comité Colbert. A bon entendeur.
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*L’appel à projets pour la deuxième sélection du fonds est ouvert jusqu’à la mi-septembre 2024. Tous les projets de restauration faisant appel à des métiers d’art sont éligibles. Priorité est donnée aux communes de moins de 10.000 habitants. Les candidatures sont à adresser à la Fondation du patrimoine.