La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
IA : près d’un chef d’entreprise sur deux s’attend à réduire ses effectifs avec cette technologie
Or selon cette enquête, 61% des dirigeants interrogés pensent que l’IA va changer la donne pour leur secteur, la proportion grimpant à 82% dans le secteur de la technologie contre 51% dans l’automobile, le transport et la logistique. Mais 57% avouent manquer de confiance dans les compétences et connaissances sur l’IA de leur propre équipe dirigeante. Et « si les décideurs ne comprennent pas les opportunités d’affaires de l’IA, alors ils ne peuvent pas définir la stratégie d’investissement », mettent en garde les auteurs de l’enquête.
Un risque de pénurie de personnel formé à l’IA
Cette enquête révèle aussi que 41% des dirigeants interrogés s’attendent à ce que leurs effectifs diminuent d’ici cinq ans à cause de cette technologie.
Pour réussir à utiliser l’IA dans leur entreprise, 66% des patrons prévoient « d’acheter » des talents en recrutant à l’extérieur du personnel ayant les qualifications pour l’intelligence artificielle, contre seulement 34% qui prévoient de développer les compétences de leur personnel actuel.
Mais cette approche n’est pas tenable, d’après Adecco, car elle risque « d’exacerber la pénurie de compétences », au risque de créer « une main d’oeuvre à deux vitesses » et de faire grimper les salaires dans les qualifications les plus recherchées, avertit l’enquête.
« Les entreprises doivent en faire davantage pour former et redéployer leurs équipes afin d’obtenir le meilleur de ce bond technologique », prévient Denis Machuel, cité dans le communiqué accompagnant l’étude.
Vers une révolution du monde du travail?
Les conséquences de l’IA devraient être majeures. Et pour cause, « quasiment tous les emplois vont être impactés d’une façon ou d’une autre, même les postes de direction » a expliqué Denis Machuel, lors d’une conférence téléphonique, qui précise que l’IA va détruire mais aussi créer des nouveaux postes. En janvier, dans une interview accordée à l’AFP, ce dernier avait déjà affirmé que « C’est probablement la plus grande révolution à laquelle nous sommes en train d’assister depuis plusieurs décennies. Cela va être énorme. Et soyons clair, personne ne sait vraiment ce qui va se passer au cours des cinq prochaines années. » « Les cols blancs seront probablement plus impactés, au moins à court terme. Chez les cols blancs, ce qui est lié à la gestion de masses d’informations va être davantage perturbé que les compétences liées à la mise en place de relations, à la réflexion stratégique ou à la résolution de problèmes » avait ajouté Denis Machuel.
Et Adecco n’est pas le seul à alerter sur les conséquences de l’IA. Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), l’IA pourrait changer les contours de 40% des emplois dans le monde, les risques étant plus élevés dans les économies développées. Si certains postes vont être remplacés, l’IA va dans d’autres cas compléter le travail des humains. Mais elle risque d’accroître les inégalités de revenus entre les travailleurs qui pourront tirer parti de l’IA et ceux qui ne parviendront pas à s’adapter, d’après cette étude du FMI.
« L’IA ce n’est pas une révolution, c’est un changement de civilisation qui va impacter en profondeur tous les secteurs, tous les métiers, toutes les fonctions. Une étude de McKinsey estimait qu’à terme 50 % des tâches de 70 % des salariés pourraient être accomplies par de l’IA », a aussi affirmé Philippe Corrot, le patron de la startup Mirakl, dans une interview aux Echos ce vendredi. Pour ce dernier, « La robotisation des usines a “commoditisé” la force manuelle. On va “commoditiser” la puissance intellectuelle, et l’on sait que d’ici peu l’IA ne sera pas simplement plus intelligente qu’Einstein mais 1.000 fois plus puissante. L’impact économique, social, sociétal va être colossal. Voilà pourquoi tous les chefs d’entreprise, les économistes, les politiques doivent faire de l’IA une priorité. »