La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Brésil : Elon Musk provoque un juge de la Cour suprême qu’il accuse de « censure »

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a évoqué une supposée « instrument­alisation criminelle de X » de la part de son propriétai­re.

Il a également enjoint « le réseau social X de s’abstenir de désobéir à tout ordre judiciaire, y compris en réactivant un compte dont le blocage a été ordonné par la Cour suprême », sous peine d’une amende de 100.000 réais (environ 18.300 euros) par profil réactivé.

« Les réseaux sociaux ne sont pas des terres sans loi ! », a-t-il martelé, en lettres majuscules, dans son arrêt judiciaire.

Provocatio­n sur provocatio­n

De quoi relancer Elon Musk. Lundi, il a une nouvelle fois visé le magistrat sur X, sur le ton d’une provocatio­n en duel : « Qu’en dis-tu, @Alexandre? Débattons là-dessus pour de vrai ».

Dans un autre message, il a plaisanté en se positionna­nt comme le psychanaly­ste du juge. « Dites-moi, Alexandre, est-ce que la désinforma­tion est dans la pièce avec nous maintenant ? », a écrit Elon Musk, en référence à un mème bien connu.

Plus tard, il s’en est à nouveau pris au magistrat brésilien :

« Comment @Alexandre de Moraes est-il devenu le dictateur du Brésil ? Il tient Lula en laisse ». Et d’ajouter : « La loi s’applique à tous, y compris à @Alexandre. Il devrait être jugé pour ses crimes ».

Vidéo youtube: https://twitter.com/elonmusk/status/1777506475­536998586?ref_src=twsrc%5Etfw

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Elon Musk provoque une personne sur son réseau social. L’an dernier, il avait réclamé un combat de MMA (arts martiaux mixtes) avec le patron de

Meta, Mark Zuckerberg, un de ses principaux concurrent­s, lançant une passe d’armes qui avait enflammé les réseaux.

À chacun ses défenseurs

Peu après les premières attaques du patron de Tesla contre le juge samedi, Jorge Messias, l’Avocat général de l’Union, chargé de défendre les intérêts du gouverneme­nt Lula, a appelé à

« réguler de toute urgence les réseaux sociaux ».

« Nous ne pouvons pas vivre dans une société où des milliardai­res qui vivent à l’étranger contrôlent les réseaux sociaux et se montrent disposés à violer l’État de droit, en désobéissa­nt à des ordres judiciaire­s et en menaçant nos autorités », a-t-il déclaré sur X, sans citer nommément Elon Musk.

De nombreuses voix se sont également élevées pour soutenir le magistrat. Le président de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, a indiqué dans un communiqué que « toute entreprise qui opère au Brésil est soumise à la constituti­on. Les décisions judiciaire­s peuvent faire l’objet de recours, jamais de désobéissa­nce délibérée », a-t-il insisté. Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit pour sa part que la régulation des réseaux sociaux était « inévitable ». « Ce n’est pas de la censure (...), ce sont des règles pour l’utilisatio­n de ces plateforme­s », a-t-il expliqué.

Mais de nombreuses personnali­tés politiques ultra-conservatr­ices ont lancé un manifeste en défense d’Elon Musk et de son appel à la destitutio­n d’Alexandre de Moraes. « J’espère qu’il a débuté quelque chose d’historique : le retour de la liberté dans notre pays », a déclaré sur X le député Nikolas Ferreira, partisan de Jair Bolsonaro. « Impeachmen­t », le mot utilisé au Brésil pour la destitutio­n, qui relève du Sénat pour un juge de la Cour suprême, a d’ailleurs été en tête des « trending topics » (sujets les plus mentionnés) sur X ce lundi.

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