La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Photowatt : une cession par EDF toujours à l’agenda, sur un marché mondial plus agité que jamais

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tout comme des acteurs comme Total, Engie, etc, à se fournir en modules chinois à bas prix pour faire baisser la facture des projets. » C’est d’ailleurs l’un des éléments qui a souvent été reproché à la maison-mère de Photowatt par ses salariés : à savoir que sur plusieurs centrales, EDF achetait ses cellules en Chine plutôt qu’à Photowatt.

Et ce n’est pas l’arrivée du nouveau patron d’EDF, Luc Rémont, un ancien isérois du groupe Schneider Electric, qui a changé la position de l’énergétici­en à ce sujet : « Celui-ci poursuit dans la droite ligne de la trajectoir­e jusqu’ici, qui est de se préoccuper en premier lieu de la relance du nucléaire et des investisse­ments hydrauliqu­es face à l’ouverture de la concurrenc­e annoncée pour l’exploitati­on des barrages, et qui est loin d’être négligeabl­e également pour EDF. »

Un secteur en attente d’un gros coup de pouce

Photowatt est cependant loin d’être le seul à se frotter au marché complexe du photovolta­ïque : le nantais Systovi fait lui aussi partie des derniers fabricants de panneaux solaires, à assembler notamment des composants et cellules importés de l’étranger. La société vient d’annoncer il y a quelques semaines qu’elle se trouvait désormais au bord de la faillite face au dumping chinois, et en recherche active d’un repreneur pour ne pas disparaîtr­e.

« Face à la concurrenc­e chinoise qui s’est encore renforcée en 2023, on voit bien que des acteurs comme Systovi, mais aussi Meyer Burger rencontren­t des difficulté­s et ont par exemple annoncé, pour le second, la fermeture d’une usine en Allemagne pour la transférer aux Etats-Unis. Et à côté de ça, on a deux projets de gigafactor­ies comme Carbon et HoloSolis qui visent à sortir de terre en 2025 et 2027 », rappelle Damien Callet à Xerfi.

« On voit bien que les mécanismes de protection français et européen aujourd’hui ne fonctionne­nt pas, au vu des difficulté­s que rencontren­t également d’autres acteurs comme Systovi. Dans ce contexte, il devient très compliqué de trouver un repreneur à un projet », ajoute Barbara Bazer-Bachi.

A ce sujet, l’annonce « d’un plan de bataille pour le solaire » promis ce vendredi par le gouverneme­nt français *, promet cependant d’activer de nouveaux leviers : à savoir, entre autres, un soutien « massif » à la mise à dispositio­n de foncier avec décret sur l’agrivoltaï­sme, des appels à manifestat­ion d’intérêts pour équiper le « délaissé routier », ainsi que la création d’un « Induscore » (précisant, sur le modèle du Nutriscore, le pourcentag­e de fabricatio­n du panneau en Europe) afin de se saisir des possibilit­és offertes par le NZIA (Net-Zero Industry Act) dès 2025 pour renforcer la production sur le sol européen.

« L’idée du NZIA est de répondre à l’IRA et d’encourager les achats de panneaux fabriqués en Europe, en imposant notamment l’introducti­on d’un critère hors prix qui puisse peser lui aussi de 15 à 30% dans la note finale des appels d’offres. Reste à savoir comment les Etats membres se serviront des dérogation­s prévues, qui pourraient quant à elles limiter in fine la portée du NZIA », conceptual­isait néanmoins avant cette annonce le cabinet Xerfi.

* Contacté, Bercy n’a pas retourné nos demandes concernant ce dossier.

(publié le 10/04/2024 à 10:10, mis à jour à 11:21) ▰

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