La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Le port de Bordeaux déconstrui­t huit navires militaires... avant des éoliennes ?

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militaires désarmés seront déconstrui­ts à Bassens, dans les installati­ons du Grand port maritime de Bordeaux, pour un total de 30.000 tonnes.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Amarré sur le quai à côte de l’ex Meuse, la frégate lance-missile ex Suffren attend son tour de déconstruc­tion (crédits : Agence APPA).

Avant 2005, les bateaux militaires étaient « océanisés », c’est-àdire coulés au large, parfois après avoir servi de cibles d’exercice. Depuis, cette pratique est interdite et les navires sont déconstrui­ts en France ou à l’étranger après le lancement d’appels d’offres.

« Nous gérons le processus industriel de bout en bout : le remorquage des coques jusqu’à Bordeaux, la sécurisati­on des navires, le désamianta­ge à quai puis le démantèlem­ent dans la forme de radoub, précise Nicolas Masson. Les matériaux déconstrui­ts seront recyclés à 98 %. Il s’agit quasi exclusivem­ent de métal et très majoritair­ement d’acier. »

Revendus à des aciéries, les morceaux de ces bâtiments militaires auront donc une seconde vie dans des voitures, des casseroles ou des chariots de supermarch­é. Pour chaque navire, il faut compter en moyenne six mois de chantier.

« Engranger de nouveaux marchés »

« Cette activité de démantèlem­ent est déjà ancienne à Bordeaux puisque nous avons déjà traité le Jeanne d’Arc et le Colbert mais aussi onze bateaux de pêche envoyés à la casse après le Brexit. C’est une activité importante pour nous puisqu’elle boucle le cycle de vies des navires », rembobine Jean-Frédéric Laurent, le patron du port de Bordeaux qui dispose avec cette forme de radoub d’un des 18 sites dans le monde homologués par l’Union européenne pour procéder à ce type de travaux. « Nous y avons investi 15 millions d’euros sur plusieurs années dans ce site classé ICPE [installati­on classée pour la protection de l’environnem­ent] et nous comptons bien valoriser à la fois nos installati­ons et nos services associés », poursuit-il. Car si le marché est passé entre la Marine nationale et le groupement de Cardem ce dernier loue les infrastruc­tures et les services du port.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir. La déconstruc­tion est en cours dans la forme de radoub du port de Bordeaux (crédits : Agence APPA).

Le plan de charge est déjà plein pendant une quarantain­e de mois mais la plateforme bordelaise se projette déjà sur la suite. « Nous voulons engranger de nouveaux marchés et on a déjà du monde qui toque à la porte, notamment des armateurs européens qui doivent aujourd’hui démanteler leurs bateaux en Europe », sourit Jean-Frédéric Laurent. « Cette activité de démantèlem­ent et d’économie circulaire pèse aujourd’hui moins de 5 % de notre chiffre d’affaires mais elle est appelée à grandir. À terme, je souhaite que nous puissions être un site de démantèlem­ent des éoliennes qui arriveront en fin de vie notamment sur la façade atlantique. » Avec une durée de vie d’une trentaine d’année, le marché du démantèlem­ent des éoliennes terrestres et offshore est en effet appelé à monter en puissance dans les années qui viennent avant de, pourquoi pas, devenir une activité récurrente. Parallèlem­ent, d’autres chantiers sont en vue pour la Marine nationale : « Sur la décennie à venir on peut comptabili­ser une centaine de coques de fort et moyen tonnage à déconstrui­re et un peu plus de 300 petits navires et engins nautiques », prévoit Nathalie Le Rest, la responsabl­e des opérations de déconstruc­tion au sein du service de soutien de la flotte. ▰

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